Armée de terre - L'Enseignement militaire supérieur : poursuite des adaptations - La formation initiale des cadres : vers plus de réalisme - Notation des sous-officiers : un nouveau système est adopté - Réorganisation territoriale en région parisienne
L’enseignement militaire supérieur : poursuite des adaptations
Adaptation des structures
Dans notre chronique de novembre 1976, nous avons indiqué dans quelle voie s’orientait la formation d’état-major des capitaines. Cette réforme de l’enseignement militaire supérieur du premier degré sera prolongée par une réforme de l’enseignement militaire du deuxième degré dont les premières mesures viennent d’être prises.
En l’état actuel, deux cycles distincts conduisent soit au Brevet d’études militaires supérieures (BEMS) soit au Brevet technique d’études militaires supérieures (BTEMS). Ils relèvent de la responsabilité de deux officiers généraux respectivement commandant de l’école supérieure de guerre et directeur de l’enseignement militaire supérieur scientifique et technique.
La réforme qui s’amorce tend à fondre ces deux voies afin de mieux adapter l’enseignement aux besoins de l’armée de terre réorganisée et de prendre en compte les nouveaux statuts.
Dès la rentrée de septembre 1977, les mesures suivantes seront appliquées :
– l’ensemble des écoles relevant de l’enseignement militaire supérieur sera placé sous l’autorité d’un seul général, directeur de l’Enseignement militaire supérieur de l’Armée de terre (EMSAT) et commandant de l’École supérieure de guerre (ESG) ;
– le troisième cycle d’étude de l’EMSST (CEMS, Centre d’enseignement militaire supérieur) sera fusionné avec la première année d’étude de l’ESG ;
– le volume des officiers à admettre dans les deux voies sera réduit de dix pour cent.
D’autres mesures sont en cours d’étude. Susceptibles de faire l’objet de décisions dès cette année ou en 1978, elles pourraient prendre effet en 1980. Signalons en particulier :
– l’uniformisation de la sélection et des systèmes de scolarité débouchant sur un seul brevet ;
– la création d’un brevet de spécialité au profit d’officiers destinés à une spécialisation de haut niveau.
Adaptation de l’enseignement
Le centenaire que vient de fêter l’École supérieure de guerre et la permanence de sa mission : préparer les officiers d’état-major et les chefs de demain n’a conduit en aucune manière à une sclérose de son enseignement.
Les évolutions profondes et rapides tant des problèmes de défense que des mentalités l’ont tout naturellement amenée à se transformer. Elle a porté son effort sur le réalisme, le dynamisme et l’ouverture.
Le réalisme est développé en priorité dans les études opérationnelles par :
– l’étude des grandes unités de demain ;
– l’examen de leur engagement dans le cadre de toutes les hypothèses susceptibles de se présenter ;
– l’exécution d’exercices tactiques comportant notamment une phase de conduite sur le terrain et l’emploi de moyens modernes des transmissions et de l’informatique ;
– la participation d’officiers de réserve du service d’état-major.
Le dynamisme résulte du développement de la pédagogie active dans toutes les formes de l’enseignement :
– des officiers spécialisés en sciences humaines en sont responsables ;
– les professeurs militaires sont recyclés dès leur arrivée pour en faire des conseillers ;
– des études approfondies sont menées en cours de seconde année au sein de grandes commissions sur des sujets civils et militaires.
Bien que largement ouverte vers l’extérieur depuis longtemps, l’École cherche constamment à étendre son champ d’action :
– en actualisant les études générales, notamment dans son cours d’histoire, et par un appel croissant à des personnalités ou des organismes civils ;
– en introduisant l’étude des disciplines relatives à la communication menée avec des représentants de la presse écrite, parlée et télévisée ;
– en établissant des liens avec l’école nationale d’administration et l’institut d’études politiques de Paris.
La formation initiale des cadres : vers plus de réalisme
Former des instructeurs et des chefs en mesure d’exécuter le mieux possible les missions qui leur incomberont en temps de paix comme en temps de guerre implique de sensibiliser les futurs cadres à des comportements différenciés.
Dans cet esprit, des aménagements ont été apportés dans les programmes des écoles de formation des officiers et des sous-officiers.
La réforme du premier cycle de formation des officiers répond notamment au souci de développer la connaissance des réalités du corps de troupe. C’est pourquoi, au cours de la première année à Coetquidan, les élèves séjournent deux mois dans un régiment. Ils y assument les fonctions de sergent moniteur à l’instruction. Cette durée passera de 2 à 3 mois à partir de la promotion 1977-1979.
En outre, durant tes deux années, l’enseignement pratique est désormais privilégié par rapport à l’enseignement spécialisé.
De même qu’en école d’application, l’accent est placé sur la participation, l’autoformation et les méthodes actives.
Quant aux sous-officiers, une première décision remonte à 1976. Elle a porté la durée du stage à l’École nationale des sous-officiers d’active (Ensoa) de 8 à 9 mois. La seconde est relative aux séjours en corps de troupe. Une partie des élèves sous-officiers de l’école de Saint-Maixent et des écoles d’arme ont effectué à titre expérimental un stage régimentaire. Les résultats ont été probants, si bien que la généralisation est envisagée à compter du mois de septembre 1977.
Notation des sous-officiers : un nouveau système est adopté
Dans le cadre des directives du chef d’état-major de l’Armée de terre relatives à la valorisation professionnelle du corps des sous-officiers, une réforme importante vient d’être décidée. Elle concerne la notation des sous-officiers.
Le nouveau système mis au point vise à offrir des garanties d’équité encore supérieures à celle du système précédent, à faciliter une sélection plus rigoureuse des meilleurs tout en orientant les sous-officiers au mieux de leurs possibilités.
La réforme se traduit notamment par la création d’une commission consultative de notation et par la mise en service d’une nouvelle feuille de notes.
La commission, créée à l’échelon du corps de troupe, a pour but d’aider le chef de corps à mieux connaître les sous-officiers avant de porter un jugement global. Son rôle est consultatif. Elle n’a aucune compétence en matière d’avancement. Présidée par le chef de corps, elle regroupe le commandant en second, le président des sous-officiers et un second sous-officier supérieur désigné par le colonel sur proposition du président des sous-officiers. Elle peut être élargie à des officiers chefs de service ou commandants d’unités ayant sous leurs ordres des sous-officiers dont le cas est examiné.
La feuille de notes comporte un niveau « exceptionnel ». Elle accorde une large place à l’appréciation des possibilités d’emploi et aux propositions d’orientation. Elle distingue nettement le comportement général du noté de son rendement dans sa spécialité. Une case est réservée à la mention de la communication des notes par le commandant d’unité.
La mise au point de ce nouveau système s’est effectuée au cours d’expérimentations diverses et après une large concertation.
La feuille de notes a été testée en 1976 sur la totalité des sous-officiers de l’infanterie et du génie.
Les consultations ont porté sur tous les directeurs centraux et inspecteurs d’armes, sur plusieurs chefs de corps et sur treize présidents de sous-officiers, masculins et féminins, des armes et services.
Réorganisation territoriale en région parisienne
La 12e Division militaire territoriale de Versailles et la place de Paris, dont le commandant est directement rattaché à la 1re Région militaire, seront fusionnées en une seule division militaire territoriale. Le siège en sera fixé à Paris.
Le général désigné pour exercer ce nouveau commandement sera à la fois commandant de cette division et adjoint au général gouverneur militaire de Paris.
La mise en place de cette organisation sera menée à terme le 1er septembre. La 12e Division militaire comprendra les départements de Paris, de l’Essonne, des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne, du Val-d’Oise, de la Seine-et-Marne et des Yvelines.
Ces mesures, qui harmonisent les organisations civiles et militaires en région parisienne, auront pour effet de simplifier cette réorganisation, d’alléger la hiérarchie du commandement et d’en faciliter l’exercice. ♦