Les questions de défense et de politique extérieure ont joué cette fois plus que d'habitude dans les récentes élections présidentielles américaines. De la façon dont ces thèmes ont été abordés lors de la campagne électorale, on peut augurer des solutions que le président Richard Nixon, disposant de liberté d'action accrue grâce à sa brillante réélection, recherchera pour les problèmes que posent aux États-Unis l'évolution de la conjoncture en Asie, les relations avec l'Europe et les conversations SALT.
La victoire du président Nixon : le triomphe d'une politique étrangère ?
Saluée par les alliés comme par les adversaires de l’Amérique, la réélection triomphale du Président Nixon n’est pas exempte de paradoxes. L’homme politique qui fit carrière sur l’anticommunisme est le premier président des États-Unis à se rendre en voyage officiel à Pékin et à Moscou ; le président qui ordonne la reprise des bombardements sur le Nord-Vietnam n’en passe pas moins pour le véritable « candidat de la paix » aux yeux de la majorité des Américains et réussit, semble-t-il, à faire partager ce point de vue à ses interlocuteurs chinois et soviétiques.
Aussi l’élection du 7 novembre dernier soulève-t-elle une double série de questions. Tout d’abord, quel rôle les considérations de politique extérieure vont-elles jouer dans la réélection triomphale du président Nixon : les électeurs américains ont-ils, comme le suggère M. Leonid Brejnev, approuvé le cours « réaliste » de la nouvelle politique étrangère américaine ? En second lieu, dans quelle mesure ces élections vont-elles affecter révolution de la politique étrangère américaine ? Comment la Maison-Blanche envisage-t-elle les grands problèmes de l’heure : Vietnam, Moyen-Orient, course aux armements, et quelles possibilités de règlement paraissent-elles actuellement se dégager ? Ce bref article ne saurait bien entendu prétendre trancher une série de questions aussi complexes. L’étude de la campagne permet néanmoins d’apporter quelques éléments de réponse.
La campagne électorale : Richard Nixon « candidat de la paix »
Contrairement à une opinion fort répandue, les problèmes de politique étrangère tiennent depuis vingt ans une place importante dans les campagnes électorales américaines, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elles décident de l’issue des élections. En 1956 ou en 1964, c’est avant tout la personnalité des candidats, le président Eisenhower ou le président Johnson, qui assure leur réélection. Mais en 1952, comme en 1968, les questions de politique étrangère, la guerre de Corée ou la guerre du Vietnam, incitent l’électeur à voter pour le changement (1). Pour mettre fin à la guerre et mener dans le monde une politique raisonnable, mieux vaut voter pour le parti républicain. En 1968, le candidat Nixon fait campagne sur ce thème : le parti qui, en l’espace de quatre ans, n’a pas été capable de mettre fin à la guerre, ne mérite plus la confiance du pays.
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