Missions de liaison : 1815 Waterloo, 1854 la charge de la brigade légère, 1870 Sedan, 1914 la Marne, 1938 Espagne, 1937-1940 Belgique, 1940 Sedan
Ce nouvel ouvrage de Pierre Le Goyet (après Le Mystère Gamelin dont la Revue Défense Nationale a rendu compte dans son numéro de novembre 1976), se présente comme une suite d’études portant sur un certain nombre d’épisodes ou de « moments » marquants de l’histoire militaire contemporaine. Dans l’esprit de l’auteur, le lien entre ces épisodes est constitué par le rôle qu’ont joué dans leur déroulement les problèmes de liaison, que ce soit sur le plan de l’organisation ou sur celui des relations humaines entre chefs et exécutants.
À vrai dire, l’intérêt de cette « construction de l’esprit » nous échappe. L’importance des liaisons est un fait reconnu depuis toujours, et leurs défectuosités ou défaillances n’ont pas besoin d’être illustrées par des exemples car elles ont leurs racines dans la nature même des opérations de guerre et en constituent, en quelque sorte, une donnée permanente.
Quoi qu’il en soit, cette remarque n’enlève rien à l’intérêt intrinsèque des récits de Pierre Le Goyet, dont l’information, puisée aux meilleures sources puisqu’il a longtemps travaillé au Service historique de l’armée, est très étendue.
Ses réflexions sur Waterloo, sa description de la célèbre charge de la Brigade légère britannique à Balaklava, ses recherches sur les circonstances dans lesquelles, du côté franco-anglais comme du côté allemand, s’est engagée la bataille de la Marne, n’apportent certes pas d’éléments bien nouveaux. Par contre, certains détails qu’il nous donne sur la « non-intervention » de la France en Espagne en 1938, ou sur les missions des colonels Laurent et Hautcœur en Belgique de 1937 à 1940, ou encore sur les responsabilités encourues du côté français dans la surprise de Sedan en 1940, s’ils ne sont pas toujours inédits, intéresseront certainement, en dehors des spécialistes, un assez large éventail de lecteurs.
L’histoire militaire ne se « vend » plus très bien depuis quelques années. L’ouvrage de Pierre Le Goyet montre qu’elle est cependant accessible au grand public à condition que l’auteur sache allier un réel talent de conteur à une érudition objective et sans faille. ♦