Dictionnaire encyclopédique de l’Histoire en 8 volumes
Aucun ouvrage de référence récent sur l’histoire universelle n’a été publié en français pendant plus d’un siècle. Le dictionnaire universel d’histoire et de géographie de Bouillet et le dictionnaire général de biographie et d’histoire de Dezobry et Bachelet, publiés en 1842 et 1857, n’ont plus été mis à jour après le début du XXe siècle ou le lendemain de la Première Guerre mondiale respectivement.
L’utilité d’un ensemble de références aisément utilisables n’en persiste pas moins aujourd’hui. Il est en vérité amplifié par le foisonnement des études historiques spécialisées par périodes, par région ou par matière, et des biographies aussi bien que par la multiplication des émissions historiques audiovisuelles et le regain de goût du public pour l’histoire, y compris sous forme d’histoire romancée ou de roman historique. Chacun éprouve le besoin de rapporter ce qu’il lit ou entend à une échelle commune.
La tâche est pourtant redoutable, même ou surtout avec les moyens modernes de documentation, l’ampleur des connaissances actuellement disponibles, et les méthodes d’analyse et de reconstitution des phénomènes.
En vérité, jamais l’humanité n’a disposé de tant de connaissances sur son passé qu’aujourd’hui. Dans ces conditions la méthode et le contenu d’un dictionnaire historique devraient correspondre aux curiosités et au savoir de notre temps, à l’égard du passé, c’est-à-dire être d’une ampleur sans égale dans maintes sciences.
L’ouvrage de Michel Mourre constitue une somme considérable mais maniable à la fois pour les spécialistes et pour les lecteurs curieux donc cultivés. La méthode suivie et l’ampleur du contenu du dictionnaire encyclopédique d’histoire doivent contribuer à ce résultat.
En ce qui concerne la méthode, il s’agissait de faciliter l’accès aux connaissances par le classement alphabétique des rubriques. L’ordre alphabétique du dictionnaire reste pour tous la clef la plus aisée de recherche de l’information. C’est au demeurant le révélateur impitoyable des lacunes, donc le test majeur pour un ouvrage encyclopédique.
C’est d’ailleurs une encyclopédie que devient ce dictionnaire lorsque l’auteur s’assure systématiquement, comme Michel Mourre l’a fait, que les thèmes, circonstances, personnages ou événements se retrouvent à la fois par la rubrique alphabétique et par les articles de synthèse. Un tel ouvrage encyclopédique permet ainsi, par une recherche croisée, de reconstituer aisément et rapidement des circonstances historiques complexes.
Quant au contenu, le dictionnaire encyclopédique de Michel Mourre est également remarquable. Son ampleur est à la mesure de l’universalité actuelle de l’histoire. C’est au XXe siècle que la vision des historiens a vraiment tenté de devenir universelle, non seulement dans le choix des documents et des faits à retenir, mais par l’attitude intellectuelle de l’observateur. Il s’agit de ne plus appréhender l’histoire du monde dans ses rapports avec la civilisation ou le pays de l’historien – pour nous à partir du point de vue occidental et notamment européen – mais au contraire de représenter chaque civilisation, chaque continent, chaque pays, chaque époque, et même les régions, les groupes sociaux, à partir d’eux-mêmes, tels qu’en eux-mêmes peut-être ils se sont vus : moins qu’à une absence de point de vue privilégié, c’est à l’adoption d’un point de vue propre à chaque groupe ou personnage de l’histoire, que tient l’objectivité de la reconstitution historique.
La richesse du dictionnaire tient par ailleurs à l’inclusion de références à l’ensemble de ce qui apparaît aujourd’hui comme constitutif de l’histoire : non seulement les États et leur histoire, mais les régions et les villes : à côté des princes et des gouvernements, les institutions, les législations, les idéologies, les partis et puis les personnages historiques à quelque titre que ce soit : outre les politiques et les doctrines économiques, les matières premières, les monnaies… Une large place a été faite aux religions, aux sectes ainsi qu’aux mœurs par le biais du droit des métiers, des outils, des techniques, y compris de celles qui sous-tendent la vie et le travail quotidien des hommes d’une époque ou d’un pays. Incidemment, une place enfin raisonnable est faite aux armées, aux matériels, aux tactiques…
Dans ces domaines, la structure de l’ouvrage et la rigueur de l’auteur ont écarté un travers courant qui justifie, par la fluidité des phénomènes, le flou de la connaissance ou de la présentation.
Enfin, la curiosité légitime des utilisateurs amène les limites de l’histoire jusqu’à l’actualité, Michel Mourre a retenu la date du 1er janvier 1977, se réservant dans un supplément général à la fin du dernier volume, de pousser le dictionnaire au plus près de la date de parution de ce volume.
Au total, ce dictionnaire encyclopédique de l’histoire constitue un instrument de vérification et d’approfondissement des lectures et un moyen aisé de constituer rapidement des synthèses significatives. L’iconographie riche et abondante – 6 500 documents en noir et en couleur pour 1 800 entrées – rend attirant ce monument du savoir. ♦