Institutions internationales - Impulsion politique à l'élargissement de la Communauté économique européenne (CEE) - Une stratégie de « sortie de crise » pour les « Neuf » ? - L'Otan et la Méditerranée
L’observateur retiendra sans doute de l’été 1978 qu’il fut dominé par une offensive diplomatique du successeur de Mao Tsé-Toung. En se rendant à Belgrade et à Bucarest, puis à Téhéran, M. Hua Kuo-Feng a montré que la Chine entendait entretenir de bonnes relations d’une part avec ceux des États communistes qui rejettent les prétentions de Moscou à définir la doctrine et à imposer la politique, d’autre part avec un État qui, par sa situation géographique, joue un rôle important dans l’opposition à la stratégie soviétique.
Tel fut bien, en effet, mis à part les troubles en Iran, le fait majeur de ces dernières semaines, et il s’impose d’autant plus à l’attention que, dans le même temps, malgré les réactions défavorables de Moscou, la Chine signait un traité de paix avec le Japon. Les nouvelles épreuves subies par les Libanais et la relance, sous l’égide des États-Unis, des négociations israélo-égyptiennes n’ont été que de nouveaux épisodes d’un drame déjà ancien. Le coup d’État intervenu en Mauritanie a, une nouvelle fois, mis en lumière la fragilité de beaucoup de gouvernements africains. La crise politique portugaise a illustré les difficultés auxquelles se heurte une démocratie jeune lorsque la situation économique et financière aggrave les tensions politiques. L’anniversaire de l’intervention des troupes du Pacte de Varsovie à Prague a permis de rappeler les aspirations nationales des pays communistes, qui s’accommodent malaisément de la « souveraineté limitée ». Fin août, il semblait que le Secrétaire général des Nations unies souhaitait prendre une initiative en Afrique australe. Mais d’autres problèmes ont vu se modifier certaines de leurs données, et à la veille des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Assemblée générale des Nations unies, il y avait là des faits qui prenaient une coloration particulière.
Impulsion politique à l’élargissement de la CEE
Au premier soir de son séjour à Madrid, le 28 juin, M. Giscard d’Estaing a prononcé les mots qu’il fallait pour atteindre les Espagnols au point sensible. Affirmant, « afin que nul doute ne subsiste », que l’entrée de l’Espagne dans la Communauté est « conforme à la nature des choses », le président de la République a répondu à l’attente de ses hôtes. Mais une nuance a été immédiatement précisée du côté français. « La position française consiste à distinguer politique et économie », a déclaré M. Hunt, porte-parole de l’Élysée. La candidature espagnole présente en effet pour la France deux aspects. D’une part, la volonté politique d’accueillir l’Espagne dans l’Europe est indiscutable : la France tient à accueillir l’Espagne parce que la Communauté est déséquilibrée vers le Nord, parce que le poids anglo-germanique est excessif, parce que les intérêts des Européens du Sud en Méditerranée et en Afrique sont sous-estimés, sans parler des intérêts culturels des peuples latins. Mais la candidature espagnole soulève des problèmes économiques, qui tiennent notamment au fait que la Communauté, septentrionale par nature, a négligé de réglementer précisément les cultures méditerranéennes. Sur ce point, une révision de la politique agricole est en cours. Mais ces problèmes résultent aussi de la disparité des conditions sociales des deux côtés des Pyrénées, dans le secteur agricole et dans le secteur industriel : devant cette situation, les négociateurs de la Communauté disposent comme arme de l’article 117 du Traité de Rome, qui impose l’égalisation des conditions sociales « dans le progrès ». « Problèmes sérieux et concrets », a dit M. Giscard d’Estaing, qu’il faut d’abord « reconnaître ».
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