Défense à travers la presse
Cette fin d’année a été marquée par la révélation que des Mig-23 avaient été livrés à Cuba et qu’en conséquence les États-Unis se trouvaient immédiatement menacés par les armes nucléaires que ces appareils pourraient éventuellement emporter. Après avoir ordonné des missions de reconnaissance, et avoir reçu des assurances de M. Brejnev (voir chronique « Faits et dires »), le président Carter a jugé possible de rassurer les Américains. Quoi qu’il en soit la présence de Mig-23 au sein des forces aériennes de La Havane n’a pas déclenché une crise semblable à celle de 1962. Dans Le Monde du 29 novembre 1978 Jacques Isnard s’est enquis de comprendre pourquoi et il a noté une très sensible évolution des esprits depuis 15 ans : les simples rapports de force s’estompent devant la compétition technologique :
« À l’Est comme à l’Ouest, dans les pays industrialisés comme dans les États en voie de développement, les panoplies de défense se diversifient chaque jour davantage et dans les laboratoires militaires la course à l’armement est sans cesse relancée… On constate en réalité une disparition progressive de la prééminence des États-Unis dans le domaine des armes nucléaires et une sérieuse reprise de l’effort de recherche en Union soviétique (URSS)… Toutes ces considérations expliquent que les experts prévoient pour les décennies prochaines une nouvelle période de déstabilisation des équilibres nucléaires dans le monde, du fait même de l’apparition d’armes technologiquement très développées, aux effets redoutables ».
Notre confrère passe ensuite en revue les principaux domaines où la compétition technologique devient de plus en plus âpre. Puis il observe : « La plupart de ces innovations techniques, si elles voient le jour, vont très nettement modifier le rapport des forces existant dans le monde et plus précisément le blocage nucléaire constaté entre les États-Unis et l’Union soviétique. La prolifération des armes nucléaires, avec l’arrivée sur la scène internationale de pays du Tiers-Monde ayant accédé à cette technologie, ajoutera à la déstabilisation. En se diversifiant sous la pression conjuguée des états-majors et des techniciens, les arsenaux nucléaires requièrent des pays qui les détiennent un constant effort de mise à jour de la doctrine d’emploi… Peu à peu, comme si l’arme nucléaire se banalisait en se répandant ou comme si elle avait cessé de faire peur à cause ou malgré ses perfectionnements, la distinction entre armements nucléaires et armements classiques s’efface au mépris d’une conception globale de la sécurité ».
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