Janvier 1979 - n° 384

Ce rapport essaie de proposer une analyse théorique à caractère général de la fonction d'intégration à la société globale qu'exerce l'institution militaire. Il propose de distinguer deux aspects de cette fonction : « externe » et « interne ». La fonction d'intégration « externe » est celle que l'institution militaire exerce sur l'ensemble des éléments constitutifs de la société globale qui lui demeurent extérieurs, c'est-à-dire sur les secteurs non-militaires de la société globale. La fonction d'intégration dite « interne » est la fonction d'intégration à la société globale que l'armée exerce à l'égard des éléments constitutifs de cette société qui sont aussi des éléments constitutifs de l'institution militaire ; c'est la fonction d'intégration à la société globale qu'elle exerce en son sein. À partir de cette distinction, ce rapport tente de recenser les formes que peut prendre l'exercice de cette fonction, concrètes ou symboliques, manifestes ou latentes, etc. et envisage en conclusion les facteurs susceptibles de la mettre en cause. L'auteur a présenté sur le même sujet un rapport au Colloque de Manchester (British Inter Universitv Seminar, avril 1976). Lire les premières lignes

  p. 5-19

La disparition des armées de masse, la restriction des missions outremer et l’éloignement d'une menace directe de conflit européen, autant de données qui affectent le nombre des candidats officiers et les facteurs psychologiques intervenant dans leur vocation. Une politique de mobilité des cadres et de reconversion possible ne s'impose pas seulement pour des motifs de gestion mais parce qu'elle est l'un des éléments d'une meilleure insertion sociale des cadres militaires dans le tissu social de la nation. Les mesures existant déjà et les facilités offertes à cet égard méritent d'être mieux connues et mieux appréciées.

  p. 21-33

Les Nouvelles-Hébrides doivent accéder à l'indépendance dans quelques mois. Ce territoire, dont le statut de condominium franco-britannique est une curiosité juridique, unique en droit international, connaît une situation économique précaire et une vie politique confuse ; d'où les incertitudes pesant sur son avenir, d'autant plus que sa situation géographique pourrait le prédisposer à être un enjeu de la rivalité des superpuissances. L'auteur s'intéresse de longue date à l'évolution des Nouvelles-Hébrides. Nous lui laissons la responsabilité des jugements qu'il porte sur l'action de la France à leur égard et des suggestions qu'il formule pour leur avenir.

  p. 35-47

Selon leurs options politiques, les Européens – les Français en particulier – ont tendance à voir les États-Unis sous les traits de la puissance tantôt généreuse et tutélaire, tantôt impérialiste et égoïste. Ces stéréotypes viennent d'une ignorance de l'histoire et notamment d'une conception erronée du phénomène historique de l'isolationnisme américain. Revoyant à grands traits l'histoire de la politique américaine, l'auteure montre que l'engagement américain procède à la fois d'une croyance en la « destinée manifeste » des États-Unis et d'une interprétation réaliste des rapports de force dans le monde tendant avant tout à préserver leur liberté de décision. Lire les premières lignes

  p. 49-62

Si la politique extérieure de M. Carter ne tient pas les promesses du candidat démocrate à la présidence, faut-il en rechercher les causes dans les entraves que lui opposerait le Congrès ou dans une opinion publique mal informée, tandis qu'une Union Soviétique agressive, agissant sans retenue, obligerait le président à abandonner ses desseins de paix ? Répondre à ces questions revient à rechercher, à travers les élections, les débats et les votes du Congrès et l'action des mass media, les liens entre la politique extérieure et les réalités intérieures américaines. L'auteure vient de passer six mois à l'Iowa University, dans le centre Nord-Ouest des États-Unis.

  p. 63-82

Les traités de septembre 1977 qui doivent rendre à brève échéance aux Panaméens leur pleine souveraineté sur le canal et à sa zone marquent-ils réellement un tournant dans la politique américaine à l'égard de l'Amérique Latine ? Ne viennent-ils pas trop tard et dans des conditions qui dévalorisent quelque peu le mérite dont l'administration Carter veut les parer ?

  p. 83-98

C'est un militaire américain éminent, le président Eisenhower, qui le premier employa l'expression de « complexe militaro-industriel » et mit en garde ses concitoyens contre son extension abusive. Qu'en est-il aujourd'hui ? Quels sont les éléments de cet ensemble, quelle est l'extension géographique de cet empire à l'intérieur des États-Unis et de quel poids pèse-t-il sur le Congrès et sur l'Exécutif américains ?

  p. 99-108
  p. 109-114
  p. 115-124
  p. 125-139

Chroniques

L’approche de l’élection au suffrage universel direct de l’Assemblée européenne a provoqué une reprise des controverses sur l’Europe, ou, plus exactement, sur la nature politique que cette élection pourrait, à moyen terme, donner aux institutions communautaires. Selon les uns, les compétences de cette Assemblée ayant été nettement fixées par le Traité de Rome, il est exclu qu’elle puisse devenir l’instrument d’une évolution vers la supranationalité. Selon les autres, elle peut estimer tirer de son élection une légitimité telle qu’elle se jugera en droit d’aller au-delà du traité, voire de s’ériger en assemblée constituante et de promouvoir ainsi une évolution vers la supranationalité. Lire les premières lignes

  p. 140-144

La flotte stratégique des États-Unis est essentiellement constituée des 31 sous-marins de la classe Lafayette et Benjamin Franklin (en outre, il existe encore une dizaine de sous-marins de la classe Washington ou Ethan Allen plus anciens et équipés de Polaris). Lire les premières lignes

  p. 145-152

Cette fin d’année a été marquée par la révélation que des Mig-23 avaient été livrés à Cuba et qu’en conséquence les États-Unis se trouvaient immédiatement menacés par les armes nucléaires que ces appareils pourraient éventuellement emporter. Après avoir ordonné des missions de reconnaissance, et avoir reçu des assurances de M. Brejnev (voir chronique « Faits et dires »), le président Carter a jugé possible de rassurer les Américains. Quoi qu’il en soit la présence de Mig-23 au sein des forces aériennes de La Havane n’a pas déclenché une crise semblable à celle de 1962. Dans Le Monde du 29 novembre 1978 Jacques Isnard s’est enquis de comprendre pourquoi et il a noté une très sensible évolution des esprits depuis 15 ans : les simples rapports de force s’estompent devant la compétition technologique : Lire les premières lignes

  p. 153-156

Avec 10 857 MF pour 1979, les forces nucléaires françaises se voient allouer 32,56 % des crédits de paiement (CP) des titres V et VI du budget de la défense qui vient d’être voté par le Parlement. Les autorisations de programme (AP) pour ces mêmes forces nucléaires se montent à 11 220 MF, soit 26,16 % de celles prévues pour l’ensemble des mêmes titres. Lire la suite

  p. 157-159

Si les années 1977 et 1978 ont été marquées, pour l’essentiel, par la réorganisation respective, des 1er et 2e Corps d’armée, 1979 sera pour sa part, caractérisée par la création du 3e Corps d’armée et de 3 divisions, axés presque exclusivement sur les 1re et 2e Régions militaires, et par la poursuite d’aménagements et de mise en place d’équipements modernes. Lire la suite

  p. 160-162

Dans l’Armée de l’air, dont les hélicoptères représentent au plus le douzième du parc aérien, il faut reconnaître que la voilure tournante ne jouit pas de la considération à laquelle elle peut prétendre dans l’Armée de terre ou la Marine. Ces deux armées en ont fait un véritable moyen de combat, vecteur d’un système d’armes dont l’emploi peut être déterminant sur des théâtres d’opérations terrestres ou maritimes. Minoritaire au sein d’une force aérienne mettant en œuvre des avions de combat de hautes performances et des appareils de transport à dominante tactique, l’hélicoptère « air » était encore relégué, il y a peu, au rang de moyen de soutien ou de servitude. Après la conquête de beaux titres de noblesse guerrière sur les théâtres d’opérations extérieures d’Indochine et d’Afrique, cette disgrâce était ressentie avec quelque amertume par les vétérans de la voilure tournante, pour la plupart authentiques baroudeurs des djebels et des zones inhospitalières. Lire les premières lignes

  p. 163-169

Le budget de la Marine pour l’exercice 1979 prévoit 13 048,8 millions de francs (MF) de crédits de paiement (CP) dont : Lire les premières lignes

  p. 170-174

Dans une chronique parue en octobre 1977, j’avais évoqué la vulnérabilité du Kenya dans une Afrique orientale traversée de courants idéologiques discordants et placée entre deux secteurs en crise, celui du débouché de la mer Rouge dans l’océan Indien et celui à partir duquel s’exerce la pression la plus directe des États du continent sur l’Afrique dite « ségrégationniste ». La disparition du président Kenyatta pouvait accroître les tensions en provoquant des luttes inter-tribales sur le plan intérieur et en accentuant les rivalités extérieures. Volontairement ou non, celui qu’on appelait le Mzee (ndlr : littéralement « vieux » en Swahili) qui, avant l’indépendance, s’était fait le champion de l’unité nationale, s’était appuyé surtout, pour gouverner et développer le pays, sur les membres de sa tribu d’origine, les Kikouyou. Les Luo, ethnie rivale aussi importante, se considéraient comme dépossédés des fruits de l’indépendance, bien que leurs principaux leaders, Tom M’Boya et Odinga, eussent compté parmi les principaux dirigeants de la Kenyan African National Union (KANU), le parti du président, le premier étant même plus ou moins regardé comme le dauphin de M. Kenyatta. En 1966, amené à protester contre l’attitude du gouvernement à l’égard de sa tribu, M. Odinga forma son propre parti, la Kenyan People’s Union (KPU) qui se colora de marxisme pour éviter de n’être que l’émanation d’un particularisme tribal. Après l’assassinat de M. Tom M’Boya en 1969, la domination des Kikouyou sur le KANU, devenu parti unique, et sur l’État ne fut plus contestée ouvertement, les Luo attendant que la succession présidentielle fût ouverte pour manifester leurs ambitions. Lire les premières lignes

  p. 175-181

* Il n’y a plus de fatalité de la guerre pour la France dès lors qu’elle assure elle-même sa défense, à travers un peuple et son armée, qu’elle contribue activement aux tâches de la paix, de la détente et du désarmement et qu’elle est à la pointe de l’effort par une coopération juste et fraternelle entre les peuples du monde. Lire la suite

  p. 182-183

Le Festival international du film militaire de Versailles a essaimé : si l’initiative de Peter Pooley, ancien directeur des relations publiques de l’Otan, qui souhaitait organiser à Bruxelles un festival cinématographique des pays membres, n’a pas été acceptée par son successeur, les pays du Pacte de Varsovie ont créé deux manifestations similaires, réservées strictement aux nationaux du pacte, l’une se déroulant à Varsovie, l’autre à Leningrad. Lire la suite

  p. 184-185

Bibliographie

Hélène Carrère d’Encausse : L’Empire éclaté  ; Éditions Flammarion, 1978 ; 314 pages - Georges Bouteiller (de)

L’URSS : de l’extérieur, un des supergrands du monde contemporain. On sait le développement de sa puissance militaire, son conflit avec la Chine, son expansion dans le Tiers-Monde – une vue globale et unitaire. Mais l’Union des républiques socialistes soviétiques, c’est aussi le plus extraordinaire rassemblement de peuples divers que tout sépare, histoire, races, langues, traditions et croyances. Des « nations » et « nationalités » – 261 millions d’hommes, une centaine de peuples – que Lénine avait libérés de la prison des Tsars, en lançant son appel : « Peuples opprimés… soulevez-vous ! ». Lire la suite

  p. 186-187

William Colby : Trente ans de CIA  ; (traduit par Jean-Pierre Carasso) ; Éditions Presses de la Renaissance, 1978 ; 377 pages - André Nolde

Aussi curieux que cela puisse paraître, le sigle CIA, désignant l’Agence centrale de renseignement des États-Unis, jadis connu des seuls spécialistes des services secrets est devenu presque familier au grand public dans le monde entier au cours des cinq à dix dernières années. La plupart des gens ignorent cependant que l’immense pouvoir que les États-Unis exercent dans leur pays, pouvoir dont ils ont vaguement conscience sans le localiser avec précision, avait pour principal rouage précisément cette Agence, dont la mission n’est pas seulement de recueillir des données et de les analyser, mais d’agir par les moyens les plus divers pour créer l’événement et orienter les évolutions dans le sens estimé le plus favorable aux intérêts des États-Unis. Lire la suite

  p. 187-188

André Fontaine : La France au bois dormant  ; Éditions Fayard, 1978 ; 302 pages - Georges Vincent

La France au bois dormant attend-elle vraiment son prince charmant ? En fait, le titre est quelque peu trompeur, car le sommeil de Marianne n’est pas cet assoupissement paisible d’une jeune fille rêvant au bonheur futur, c’est un sommeil agité par le cauchemar d’un monde troublé par la crise, sous un ciel lourd de menaces nucléaires et de tous les risques d’une société de consommation qui n’a plus d’autre loi que le profit. Lire la suite

  p. 188-189

Pa Kin : Nuit glacée  ; Éditions Gallimard, 1978 ; 328 pages - André Nolde

Le romancier et essayiste chinois Pa Kin (de son véritable nom Li Feikan) est né au Sichuan en 1903. Il appartint jusqu’à l’avènement de Mao à cette intelligentsia de gauche, non communiste, fortement occidentalisée mais ardemment nationaliste, aspirant à un renouveau de la société traditionnelle chinoise mais peu soucieuse d’action politique directe, qui put assez librement s’exprimer sous le régime, cependant assez coercitif à l’égard des intellectuels, du Kuomingtang. C’est en tout cas au cours de cette période que furent édités les principaux ouvrages de Pa Kin, dont sa trilogie « La Famille » (Kia) et « Nuit glacée » (Han ye). Lire la suite

  p. 189-190

Daniel L. Seiler : Les partis politiques en Europe  ; Puf, 1978 ; 125 pages - André Nolde

L’existence, surtout dans les pays européens, de très nombreux partis politiques, qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, est un fait acquis. Le pluralisme est même considéré comme la condition première de la démocratie moderne. Mais les diverses appellations qui servent à désigner ces partis, au lieu de définir clairement les principes qu’ils défendent et les attitudes qu’ils préconisent, sont à l’origine de nombreux contresens et de fréquentes confusions dont ne sont pas exempts les spécialistes eux-mêmes. Lire la suite

  p. 190-190

Revue Défense Nationale - Janvier 1979 - n° 384

Revue Défense Nationale - Janvier 1979 - n° 384

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Janvier 1979 - n° 384

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