Défense à travers la presse
L’année 1978 s’est achevée en Chine avec l’apparition du coca-cola à Pékin, mais le mercantilisme ne sera pas le seul bénéficiaire du rapprochement sino-américain et la presse cherche surtout à en déceler les répercussions stratégiques. Naguère « tigre de papier » la puissance américaine engage sa diplomatie sur cette voie que Léonid Brejnev, en juin dernier, qualifiait de « dangereuse et à courte vue ». Le Kremlin y voit l’amorce d’une politique programmée à long terme contre sa propre sécurité. Le conseiller du président Carter, Brzezinski, a beau affirmer que Washington n’a pour objectif que d’instaurer un « système international plus ouvert et pluraliste », on n’en croit rien à Moscou où l’on estime que ces subtilités doctrinales masquent une réalité beaucoup plus crue.
Dans Le Figaro du 19 décembre 1978, Paul-Marie de La Gorce n’oublie pas que les nouvelles autorités chinoises ont inscrit la modernisation de leur armée sur l’agenda des priorités, ce qui le conduit à se poser cette question : muscler l’armée chinoise, pour quoi ? : « Déjà le renforcement massif des moyens de défense japonais, en dépit des interdictions constitutionnelles, était une étape significative de la politique américaine. Le rapprochement avec la Chine devait être l’étape suivante : la voilà franchie. Le second objectif de Washington, dérivé du premier (qui est d’avoir des alliés en Asie) est naturellement de faire équilibre aux forces soviétiques dans toutes les régions du monde, comme en une vaste coalition que l’on n’oserait pas appeler par son nom. Et, bien entendu, ce que les États-Unis appellent « équilibre », les Soviétiques l’appellent « encerclement » : mais peu importent le vocabulaire et les sentiments, ce qui compte, c’est que se développe partout l’âpre compétition des grandes puissances ».
Notre confrère expose ensuite ce que représente la Chine dans ce jeu : s’il n’est guère question pour elle de parvenir à la parité nucléaire avec l’Union soviétique, au moins peut-elle se permettre, grâce à un effort substantiel de modernisation de ses armées, de se prévaloir d’une supériorité numérique qui pourrait être décisive. Les rapports de force vont changer, note Paul-Marie de La Gorce avant de souligner : « La politique américaine a donc choisi de jouer, dans une certaine mesure au moins, de l’hostilité de la Chine envers l’Union soviétique. Cela sous-entend que, pour Washington, cette hostilité est durable et tout indique en effet qu’elle l’est… Le jeu international, devenu plus compliqué, comporte aussi plus de risques de conflits ».
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