Institutions internationales - L'Europe et sa sécurité - Tensions au sein du Pacte de Varsovie - Les efforts pour le désarmement
Si les controverses sur l’élection du « Parlement » européen au suffrage universel direct le 10 juin prochain ont pris en France une alacrité qui surprend les observateurs étrangers, elles n’ont guère influé sur l’évolution des problèmes européens eux-mêmes. Fin janvier, la mise en œuvre du Système monétaire européen, notamment, restait conditionnée par une solution à la question des montants compensatoires, qui hypothèque la politique agricole commune. Certes, la nouvelle crise italienne a confirmé le scepticisme de ceux qui ne croyaient pas à la solidité du « compromis historique » présenté à l’époque comme une preuve du « sens démocratique » de M. Enrico Berlinguer.
Mais l’essentiel des préoccupations s’est, durant les premières semaines de 1979, situé hors d’Europe. La crise iranienne comporte des éléments qui en projettent les conséquences très au-delà de Téhéran. Le conflit cambodgien met aux prises, par États interposés, l’Union soviétique et la Chine, cependant que l’on se demande si l’on ne doit pas considérer le Vietnam comme la Prusse de l’Asie du Sud-Est. La visite de M. Deng Xiaoping à Washington a donné de nouvelles dimensions aux événements intérieurs chinois et à la diplomatie de Pékin, et elle a introduit un nouveau facteur dans les relations russo-américaines. Il apparaît ainsi que, dans plusieurs de ses régions-clés, le monde est en proie à des tensions qu’il est légitime de considérer avec inquiétude, en elles-mêmes et par les risques de contagion qu’elles recèlent.
L’Europe et sa sécurité
Les 5 et 6 janvier, à l’initiative de M. Giscard d’Estaing, le président Carter, MM. Callaghan. Schmidt et le président français ont, à la Guadeloupe, en marge des instances officielles, examiné « les changements d’équilibre dans le monde », c’est-à-dire, selon le Président de la République, « la détente avec l’URSS, le nouveau tour donné aux relations avec la Chine, les conséquences de la non-paix au Proche-Orient et différents points chauds dans le monde », parmi lesquels figurait évidemment l’Iran. Les Quatre ne s’étant pas fixé d’ordre du jour, cette liste n’était pas exhaustive. « Nous allons vers un monde multipolaire, a encore précisé M. Giscard d’Estaing. C’est une bonne chose, car les deux blocs sont un facteur d’insécurité ». Lors du conseil des ministres du 10 janvier, il a dressé le bilan de cette réunion de la Guadeloupe, en apportant une précision importante en matière de sécurité. Sans doute, la France souhaite la conclusion prochaine d’un « accord équilibré de réduction des armements nucléaires stratégiques entre les États-Unis et l’URSS » (il s’agit de l’accord SALT II). Mais « elle n’envisage pas de participer à une éventuelle négociation sur la limitation des armements dits de la zone grise en Europe pour des raisons tenant à l’indépendance de sa dissuasion ». La « zone grise » est celle où, de part et d’autre de la frontière entre l’Est et l’Ouest, sont situés des missiles nucléaires à moyenne portée. L’Union soviétique a demandé que, lors de la négociation d’un accord SALT III soient pris en compte les armements nucléaires installés en Europe, notamment ceux de la France et de la Grande-Bretagne. La position française est un rejet de cette demande. Enfin, la France maintient sa proposition pour la tenue d’une conférence sur le désarmement en Europe, sans toutefois préciser quelles seraient les éventuelles interférences entre cette conférence et les négociations en cours (mais pratiquement dans l’impasse) sur une réduction « mutuelle et équilibrée » des forces en Europe.
Il reste 74 % de l'article à lire
Plan de l'article