Institutions internationales - L'adhésion de la Grèce à la CEE - Difficultés entre l'Europe et le Tiers-Monde - L'impuissance de la Cnuced (Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement)
L’intensité de la campagne pour l’élection de l’Assemblée parlementaire européenne au suffrage universel direct a détourné une part de l’attention qui aurait dû normalement se porter sur des événements comme le succès de Mme Thatcher à Londres (qui a la valeur d’un pari sur le libéralisme), la crise chronique de l’Italie (qui affecte toutes les structures sociologiques de la péninsule), l’aggravation du terrorisme en Espagne (qui constitue une menace pour la démocratisation jusqu’ici bien engagée par le roi), la restitution d’El-Arich à l’Égypte (qui concrétise la paix entre Israël et l’Égypte sans que l’on puisse affirmer qu’elle annonce la paix au Moyen-Orient) ou la conclusion de l’accord SALT II sur les négociations sur la limitation des armes stratégiques (qui prépare un accord SALT III dont l’Europe s’inquiète car il la concernera sans qu’elle participe réellement à son élaboration), etc. Ces événements ont créé des situations nouvelles.
Dans le cadre de cette chronique, trois autres se sont inscrits au premier plan de l’actualité : la signature du traité d’adhésion de la Grèce à la CEE (Communauté européenne économique), les difficultés auxquelles se sont heurtées les négociations pour le renouvellement de la Convention de Lomé, enfin l’échec de la session de la Cnuced (Conférences des Nations unies sur le commerce et le développement).
L’adhésion de la Grèce à la CEE
Le 28 mai à Athènes, en présence du président Giscard d’Estaing, a été signé le traité d’adhésion de la Grèce à la CEE. D’ores et déjà, donc, l’Europe des « Neuf » doit être considérée comme devenue celle des « Dix ». Les conséquences politiques de ce traité dépassent ses conséquences économiques. Économiquement, « tous les verrous qui s’imposaient ont été tirés », bien que la France n’ait pas obtenu toutes les garanties qu’elle demandait en faveur de l’agriculture méditerranéenne. Dans le secteur industriel, la Grèce accordera progressivement aux « Neuf » l’ouverture de son marché, alors qu’elle bénéficie déjà de la réciproque. Politiquement, la Communauté « fait un retour aux sources » et manifeste son pouvoir d’attraction, au moment où son association avec le Tiers-Monde traverse une passe difficile. Mais les effets à long terme de l’adhésion grecque seront complexes. En Grèce même, la controverse est vive, alimentée notamment par l’opposition conjointe de l’extrême droite et de l’extrême gauche. La Grèce va se trouver imbriquée dans un système institutionnel qui – le Conseil européen de Copenhague l’a rappelé l’an dernier – implique nécessairement un régime démocratique, pluraliste, et le respect des droits de l’homme. La position grecque est également fortifiée dans son conflit avec la Turquie. Certes, les « Neuf » n’ont pas l’intention d’accorder à Athènes un appui inconditionnel face aux Turcs mais, en cas de tension, ils ne pourraient, sans se déconsidérer, rester indifférents au sort de leur partenaire. Cette « européisation » de la Grèce intervient au moment où l’hypothèse d’une adhésion de la Turquie, sur laquelle est fondée l’association d’Ankara à la Communauté, tend à s’effacer, et d’autant plus que le contentieux gréco-turc n’est pas réglé.
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