Défense à travers la presse
Lorsque vers la moitié du mois de mai fut annoncée la conclusion des accords SALT II (négociations sur la limitation des armes stratégiques), les réactions de la presse oscillèrent entre le scepticisme et l’espoir. Comment se fait-il, se demandaient certains, que les deux superpuissances continuent ainsi à accumuler des armes dont la capacité de destruction dépasse largement les besoins de leur propre défense ? Tout frein à la surenchère nucléaire contribue à la détente et conduit ainsi à une paix véritable, répliquaient les optimistes. L’opinion a été abreuvée de considérations de ce genre.
Parallèlement on lui étalait des chiffres sans beaucoup de signification dès lors qu’aucune doctrine stratégique n’en justifiait le choix. Rares furent les analyses ; à leur place le lecteur n’eut droit dans la plupart des cas qu’au récit embrouillé d’une négociation dont la complexité, il est vrai, ne facilitait guère la clarté. Le magazine Time du 21 mai 1979 a même réussi le tour de force de publier un reportage sur ces négociations dans le genre télévisuel d’Alain Decaux. Il est incontestable qu’une question aussi grave peut être abordée de différentes manières et perçue à différents niveaux dans la conscience de chacun d’entre nous.
Il y a tout d’abord l’approche psychologique. C’est elle que prend en compte L’Aurore du 16 mai en insistant sur les raisons qui ont poussé les présidents Carter et Brejnev à conclure les SALT : « Pourquoi ? Essentiellement pour deux raisons. D’une part la personnalité des signataires et d’autre part l’efficacité réelle du contenu de l’accord. Qui sont en effet ses signataires ? Deux chefs d’État dont l’avenir, pour des raisons différentes, semble difficile. Jimmy Carter, par exemple, doit affronter l’année prochaine une élection dont le succès est loin d’être assuré pour lui. Léonid Brejnev, de son côté, est très malade et risquerait fort de devoir se retirer dans les mois à venir… Et puis, poursuit notre confrère, ces accords n’ont pas une signification très grande : leur signature n’implique pas en effet de cessation de la confrontation ni de la course aux armements. Ils laissent la véritable détente à la bonne volonté des parties. »
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