Armée de terre - La 11e Division parachutiste : polyvalence et rapidité de réaction - Le nouveau plan de mobilisation - Le Larzac : quelques perspectives
La 11e Division parachutiste : polyvalence et rapidité de réaction
En raison des événements de l’année écoulée, la 11e Division parachutiste (DP) a été plus particulièrement perçue dans son rôle d’action extérieure. Les aménagements actuellement à l’étude pour son organisation fournissent l’occasion de dire un mot de cette grande unité.
Conçue, organisée et équipée pour l’utilisation de la troisième dimension, la 11e DP est polyvalente dans les formes possibles de son engagement. Au titre des actions extérieures, elle peut en effet renforcer ou relever les forces de présence stationnées outre-mer ou agir – dans un cadre interarmées – sur les territoires de souveraineté française, dans les pays étrangers liés par un accord de défense ou sur un théâtre d’opérations extérieures. Elle peut aussi, sur le théâtre européen, au titre de réserve du chef d’état-major général des armées, être mise – en tout ou partie – aux ordres d’un commandement territorial et d’un grand commandement opérationnel.
La 11e DP doit ainsi être apte à mener des actions décentralisées sur zone, des actions antichars puissantes ou de type commando engageant de quelques hommes à plusieurs régiments, voire la totalité de la division. Dans ces perspectives, l’entraînement ne peut être que diversifié, qu’il s’agisse du cadre géographique, des situations envisagées, des moyens et des appuis utilisés ou des techniques mises en œuvre.
En tout état de cause, l’emploi de la 11e DP repose sur la rapidité de réaction. Celle-ci découle notamment du système d’alerte adopté. En permanence, une partie des moyens est en alerte à 24 heures, le reste devant être mis sur pied en 3 jours. Mais, sur un préavis très court, les unités prennent l’alerte immédiate. Elles sont alors placées « sous les ailes » des avions, en attente, prêtes à l’embarquement. Au niveau de l’état-major, la permanence est conçue de telle sorte qu’une autorité est prête, quels que soient le jour et l’heure, à déclencher les opérations nécessaires.
Le système d’alerte garantit sans aucun doute une rapidité de réaction à la mesure des exigences des missions ; les événements de 1978 en ont apporté la preuve. Mais l’efficacité d’un système repose avant tout sur les hommes. À cet égard, il faut reconnaître que les combattants de la 11e DP ont, de la disponibilité, une conception très large qui fait qu’il est aisé de répondre à tout ordre, même lorsque le personnel n’est pas en alerte.
À cette disponibilité indispensable doit s’ajouter un souci d’adaptation marqué. La planification conduit naturellement à prévoir tous les cas imaginables d’engagement. L’expérience prouve – il s’agit là d’une vérité première – que la réalité est toujours différente de la prévision. Les enseignements tirés des diverses interventions, en 1978, ont par ailleurs conduit le commandement à envisager des aménagements qui s’inscrivent dans le cadre général de la réorganisation de l’armée de terre et qui visent à une revalorisation de la 11e DP. Sur le plan opérationnel, ils se traduiront par :
– la création d’un groupement aéroporté avec 3 régiments parachutistes ;
– une meilleure adaptation des structures internes des régiments à leur mission d’assistance ou de combat ;
– la dissolution des états-majors des brigades parachutistes.
La 11e DP verra ainsi ses capacités demeurer à la mesure des impératifs des missions qui peuvent lui être confiées.
Le nouveau plan de mobilisation
Notre chronique du mois d’avril 1978 a présenté les premières réflexions relatives à la réorganisation de la mobilisation des forces terrestres. Des précisions peuvent y être apportées. Les principes qui ont présidé à la mise au point du plan de mobilisation ont trait à l’adaptation des effectifs, à l’accroissement de la mobilité et de la puissance de feu, à l’amélioration de la montée en puissance et à l’augmentation de la cohésion.
Le premier a conduit l’Armée de terre, par la généralisation du principe de la dérivation, à confier les missions d’une cinquantaine de centres mobilisateurs à des corps de troupe, les 2 000 hommes ainsi « économisés » étant transférés dans les forces. Les formations mobilisées seront dotées du LRAC F1 (lance-roquettes antichar) de 89 mm au même rythme que les unités d’active. Les divisions mobilisées seront motorisées ; l’une d’entre elles sera presque totalement mécanisée.
La montée en puissance a été conçue de telle sorte qu’en moins de 48 heures une couverture générale complète sera assurée, sur les frontières comme à l’intérieur du territoire national. La cohésion des unités, nécessaire dès le déclenchement d’un conflit, doit être acquise dès le temps de paix. La dérivation doit permettre de l’obtenir plus aisément. Le nouveau plan assure, par une diminution du nombre des hommes du rang, une amélioration de l’encadrement des formations. La part des personnels de réserve dans les différents types de forces est variable. Faible dans les trois corps d’armée et dans les forces réservées, elle est très importante dans les forces régionales et l’environnement. Elle atteint 80 % dans les divisions dérivées et les formations non endivisionnées mises sur pied à la mobilisation.
Le Larzac : quelques perspectives
Limité initialement à 3 000 ha, le Camp du Larzac doit s’étendre sur 17 000 ha. Ses possibilités en seront accrues. Le camp sera en mesure de recevoir les unités des divisions blindées et des divisions d’infanterie. La fréquence des séjours des grandes unités oscillera entre 3 à 6 par an. Des zones de parcours seront aménagées pour la manœuvre des blindés. Un axe autorisera le déploiement d’un régiment de chars alors qu’un second, plus favorable donnera la possibilité de l’engager sur une profondeur d’environ 18 km.
Le camp permettra les tirs des armes légères d’infanterie, des armes lourdes et antichars ainsi que les tirs d’artillerie aux moyennes et longues portées (10 à 18 km). Deux parcours de tir pour chars et trois parcours d’infanterie seront réalisés. Les capacités d’accueil en dur seront doublées. En outre, des aires de bivouac aménagé faciliteront l’installation de régiments blindés. Les travaux d’infrastructure seront échelonnés sur plusieurs années. En 1979 et 1980, l’effort portera sur la réalisation d’un casernement destiné aux personnels permanents, sur l’aménagement des circulations intérieures du camp bâti et sur la construction de la première aire de bivouac. ♦