Afrique - Rhodésie : succès du plan de règlement interne - L'Afrique en quête de sa propre sécurité
Depuis que Pretoria s’est engagé à trouver une solution au problème namibien sans accord avec la SWAPO (South-West African People’s Organisation), qu’il accuse de ne vouloir partager l’exercice du pouvoir avec aucun des partis modérés, et depuis que M. Ian Smith, soutenu par le gouvernement sud-africain, met en application son plan de règlement interne du problème rhodésien, la situation d’ensemble du continent a évolué dans un sens qui pourrait rendre ces expériences irréversibles, à la condition toutefois qu’elles évoluent assez rapidement vers la constitution d’un système multiracial non restrictif. Des précédents existent. Au Cameroun, par exemple, le régime du président Ahidjo, en s’appuyant sur la volonté de paix de la majorité du peuple, a su s’imposer à une rébellion qui exerçait ses activités à partir de son implantation dans une seule ethnie. Il a réussi cet exploit pour 3 raisons essentielles : son gouvernement était composé de noirs, certes modérés et partisans d’une coopération avec les blancs installés dans le pays ; le parti unique qui appuyait le régime a su, en transformant peu à peu ses thèmes de propagande, attirer à lui une partie de la jeunesse qui militait chez ses adversaires ; enfin, les régimes modérés du continent étaient arrivés, par leur élan de solidarité, à résister aux agressions des États qui prônaient l’unification de l’Afrique par son uniformisation idéologique.
En Rhodésie et en Namibie, la situation ne rappelle pas exactement celle qui prévalait au Cameroun dans les années 1960-1965, en raison surtout de l’importance de la communauté blanche. L’évolution n’y peut être que plus lente mais le climat créé en Afrique par les interventions soviétiques et cubaines, par l’intensification des luttes idéologiques causées tant par ces interventions étrangères que par la radicalisation des thèses algériennes, ont provoqué, comme en 1964, un sursaut des régimes modérés. Ceux-ci sont mieux préparés à résister au chantage de ne devoir reconnaître comme légitimement représentatif que le parti qui, par la violence, veut imposer en même temps que l’indépendance l’adoption d’une idéologie qu’ils estiment inadaptée aux besoins réels de la population du continent. Ils sont donc maintenant capables de comprendre la nécessité d’une évolution réformiste des régimes constitutionnels auxquels sont soumis les pays dits « ségrégationnistes », à la condition, bien sûr, que les premières dispositions prises ne constituent pas une fin en soi mais le début d’une politique d’intégration raciale progressive, menée par les autorités en place pour accompagner et appuyer leurs actions de pacification.
Le cas de la Rhodésie est assez particulier. La communauté blanche y est plus flottante qu’en Namibie bien qu’elle soit plus nombreuse que dans ce dernier pays (260 000 contre 113 000) ; l’enracinement est moins visible, les blancs pour la plupart gardant des attaches, selon leur origine, en Europe ou en Afrique du Sud. L’évolution du processus d’intégration pourrait y être conduite plus rapidement si, du moins, la sécurité intérieure était assurée. Dans ce domaine, les efforts déployés par M. Ian Smith pour gagner à son plan de règlement interne, M. Nkomo, président de la ZAPU (Zimbabwe African People’s Union), basée principalement en Zambie, n’ont pas été couronnés de succès. Les guérilleros de la ZAPU se sont montrés plus actifs, notamment en février lorsqu’ils détruisirent en vol un appareil des Rhodesian Air Lines et en attaquant au mortier l’aéroport international de Salisbury ; l’armée rhodésienne a répondu par 7 raids aériens en Zambie et en Angola sur les camps de la ZAPU et, pour faire bonne mesure, au Mozambique où se trouvent stationnées les forces de M. Mugabe, qui préside, avec M. Nkomo, le « front patriotique » mais dont les unités agissent de manière autonome.
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