Institutions internationales - Vers un renforcement de l'Otan - L'Espagne et l'Otan - Les vingt-cinq ans de l'Union de l'Europe occidentale (UEO)
Les événements des dernières semaines se sont développés sans que leur logique ait été modifiée, et sans que des faits véritablement nouveaux se soient inscrits dans celle-ci. Sans doute le discours prononcé par le Pape Jean-Paul II devant l’Assemblée générale des Nations unies s’inscrira-t-il dans l’histoire de l’organisation, mais ses répercussions ne peuvent pas apparaître à court terme.
Qu’il s’agisse des discours prononcés à l’occasion du 30e anniversaire de la création de la RDA (République démocratique allemande) des tensions politiques et des drames humains du sud-est asiatique, des débuts de la campagne présidentielle américaine, de l’intention de l’Irak de s’affirmer comme « le gendarme du Golfe », du procès des dissidents à Prague, du référendum au Pays Basque et en Catalogne, etc. les évolutions antérieures se sont simplement précisées. Au surplus, il est trop tôt pour porter un jugement sur les raisons et les suites de l’assassinat du Président de la République sud-coréenne. Toutefois, plusieurs situations trouvent un éclairage nouveau à la lumière de certains faits.
Vers un renforcement de l’Otan
Dans le discours qu’il a prononcé le 6 octobre à Berlin Est à l’occasion du 30e anniversaire de la création de la RDA, M. Brejnev a pris une initiative pour la réduction des forces en Europe, et il s’est élevé contre l’intention des États-Unis de renforcer les moyens défensifs de l’Otan. Depuis plusieurs années, les négociations de Vienne sur des réductions « mutuelles et équilibrées » des forces en Europe se sont enlisées dans des différences d’appréciation des mêmes chiffres, et le déséquilibre n’a cessé de s’aggraver entre le potentiel du Pacte de Varsovie et celui de l’Otan. M. Brejnev semble vouloir les relancer sans pour autant renoncer à la supériorité du bloc URSS (Union soviétique) – pays de l’Est. Le 24 octobre dans la Pravda, le maréchal Oustinov, ministre de la Défense, a annoncé que, dans les 20 prochains mois, les 20 000 soldats et les 1 000 chars auxquels M. Brejnev avait fait allusion retourneraient sur le territoire soviétique. Le 27 octobre, l’adjoint de M. Brzezinski, M. Aaron, et d’autres experts américains sont arrivés à Bruxelles pour préparer la réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays membres de l’Otan qui, en décembre, décidera l’installation de nouveaux missiles. Les États-Unis sont en effet très préoccupés par le déséquilibre quantitatif et qualitatif (dû dans une large mesure au retard de la modernisation des engins durant la guerre du Vietnam), aggravé par la mise en service du missile SS-20 (dont 1 200 dotés chacun de 3 ogives, seront en place en 1983) et du bombardier Backfire (code Otan du Tupolev Tu-22M) qui, d’une portée inférieure à 5 000 km, ne sont ni l’un ni l’autre concernés par l’accord SALT II (Traité de limitation des armes stratégiques), mais qui peuvent frapper tous les points de l’Europe occidentale. Trois pays ont déjà donné leur accord, la RFA (République fédérale d’Allemagne), l’Italie et la Belgique, pour accepter sur leur territoire 180 Martin Marietta Pershing II, mobiles, d’une portée de 1 800 km, capables de frapper le territoire soviétique, et 464 cruise-missiles, dotés d’une capacité opérationnelle similaire. M. Brejnev s’est élevé contre cette décision, comme il s’était, avec succès, élevé contre le projet d’utiliser la bombe à neutrons comme arme antichar. Au-delà de ce que représentera ce déploiement pour les possibilités défensives de l’Europe occidentale, il affectera les conditions dans lesquelles s’engageront les négociations SALT III qui doivent concerner la « zone grise », celle où, en Europe, sont stationnés des engins américains et soviétiques, et où sont également installées des forces nucléaires indépendantes, notamment celles de la France (qui a déjà annoncé qu’elle ne participerait pas aux discussions). Dans l’immédiat, on retrouve un problème qui s’est déjà posé, celui de la non-participation d’un État-membre de l’Otan à l’éventuel recours, sur décision américaine, à des engins stockés sur son territoire, avec tous les risques impliqués par ce recours. Ce problème est celui de la non-collégialisation du pouvoir de décision en matière nucléaire. Il n’a pas reçu de solution, et sans doute est-il insoluble : il n’y a d’armement nucléaire que national, l’intégration en ce domaine est irréaliste parce qu’elle implique une délégation totale de pouvoir à une autorité étrangère. Ce n’est pas la première fois que l’Otan est affrontée à la contradiction entre la recherche d’une intégration militaire et la non-intégration politique. Quoi qu’il en soit, en décembre, une décision sera officialisée, en vertu de laquelle de nouveaux engins compenseront, au moins partiellement, la supériorité que l’URSS doit à ses SS-20 et à ses 50 Backfire stationnés en Ukraine.
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