Institutions internationales - L'ONU et le crise irakienne - Échec européen à Dublin - Les options de l'Espagne
Les développements de la crise américano-iranienne n’ont pas affecté seulement les relations entre les deux pays. Ils ont introduit un nouveau facteur d’instabilité dans l’ensemble du Moyen-Orient, et leurs répercussions risquent de se manifester comme des feux de brousse. Ils ont mis en lumière les faiblesses fondamentales du droit international qui, n’ayant à son service aucune force de coercition comparable à ce qu’est la police pour un État, n’a de valeur concrète que dans la mesure où il est librement respecté. Ils ont montré que dans un monde qui, en dépit de la puissance de certaines idéologies, se veut en quête de rationalité, subsistent des forces, toujours disponibles pour le fanatisme et niant cette rationalité.
Cette crise a suscité de telles inquiétudes qu’elle a relégué dans l’ombre des faits pourtant importants eux aussi : le voyage de M. Gromyko à Madrid et à Bonn, celui de M. Suarez à Paris, les réticences du Sénat américain devant la ratification de SALT II (Négociations sur la limitation des armements stratégiques) et, surtout, l’échec du « sommet » européen de Dublin les 29 et 30 novembre.
L’ONU et la crise iranienne
L’affaire des otages américains est extrêmement grave, et l’action du gouvernement iranien ne pouvait qu’être condamnée. Ne pas stigmatiser de tels procédés reviendrait en effet à rendre impossible toute vie internationale. Les Conventions de Vienne, qui régissent l’immunité diplomatique et consulaire (et que l’Iran n’a pas dénoncées) sont formelles : le pays hôte est totalement responsable de la sécurité des agents diplomatiques qu’il a acceptés sur son sol, quitte à les expulser en cas de rupture des relations ou si ces agents sont déclarés personnae non gratae. À de très rares exceptions près, ces règles ont été observées par tous les régimes, même les plus révolutionnaires. L’affaire de l’ambassade américaine de Téhéran constitue, de ce point de vue, un très grave précédent, qu’aucun pays ne peut accepter. Aussi bien a-t-elle été condamnée, ce dont s’est d’ailleurs moqué l’ayatollah Khomeiny. À la demande de la délégation américaine, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni le 9 novembre. Dans sa lettre au président du Conseil, M. Palacios de Vizzio (Bolivie), le chef de la délégation américaine, M. Donald McHenry, déclarait : « Cette action [ndlr : l’occupation de l’ambassade] et l’appui qu’elle a reçu constituent une attaque contre les règles fondamentales par lesquelles les États maintiennent leurs relations. Elle sape les fondements mêmes du maintien de la paix internationale »… Les 16 membres du Conseil se mirent d’accord sur un texte dans lequel le président demandait que « le principe de l’immunité du personnel et des établissements diplomatiques soit respecté dans toutes les circonstances et selon les règles internationalement acceptées ». À l’initiative du secrétaire général de l’ONU, M. Kurt Waldheim, le Conseil de sécurité se réunit une seconde fois le 1er décembre. L’absence volontaire du nouveau ministre iranien des Affaires étrangères, M. Ghotbezadeh montra, une nouvelle fois, que l’ayatollah Khomeiny entendait ignorer la loi internationale. Telle est, sur le plan des institutions, la signification de cette crise : l’ONU est vouée à l’impuissance par le fait qu’un de ses membres a décidé d’ériger la loi de la jungle en règle de droit.
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