Afrique - La constellation des États d'Afrique australe - Le Tchad sur la voie d'un équilibre après treize ans d'affrontements
Le 22 novembre 1979, à Johannesburg, s’est tenu une réunion de 250 experts sud-africains pour jeter les bases de ce que M. Botha, Premier ministre, appelle la Constellation des États d’Afrique australe. Le but poursuivi est de constituer un certain nombre de comités pour coordonner les coopérations entre les États appartenant à une zone que Pretoria considère comme sa sphère d’influence, coopération pouvant s’exercer dans différents domaines : télécommunications, transports, santé, sécurité, productions alimentaires et tourisme. Dans l’esprit de ses promoteurs, la « constellation » doit comprendre initialement les pays issus de l’évolution des neuf bantoustans détachés de la République sud-africaine, mais aussi le Lesotho, le Swaziland et le Botswana, ces trois anciens protectorats britanniques dont les économies sont déjà en partie intégrées à l’union douanière d’Afrique australe. Elle pourrait s’étendre à la Rhodésie, de plus en plus dépendante de sa voisine méridionale, et à la Namibie quel que soit le régime dont ce pays sera doté à l’avenir. On peut espérer que les liens tissés durant la période coloniale entre les deux Rhodésies entraîneront aussi, dans le sillage de Pretoria, la Zambie et même le Zaïre dont la province méridionale, le Shaba, s’insère dans le même ensemble économique. Deux anciens territoires portugais appartiennent également à l’Afrique australe : la coopération sud-africaine avec le Mozambique est vitale pour ce dernier pays dont le développement a toujours été complémentaire des territoires britanniques voisins : moins dépendante, l’Angola pose un problème qui devra être résolu si l’on veut que la Namibie maintienne ses liens avec Pretoria.
Le projet de M. Botha correspond à une volonté d’expansion assez répandue dans l’opinion sud-africaine : il se fonde sur des données géographiques et historiques difficilement contestables pour la partie orientale du sous-continent mais moins évidentes lorsqu’il s’agit des deux États qui bordent l’Atlantique à l’Ouest et qui sont séparés de l’Afrique du Sud par une région désertique. Malgré les avantages que ce projet peut offrir, le principal obstacle que Pretoria rencontrera pour le concrétiser est de nature politique voire psychologique : des chefs d’État noirs auront du mal à coopérer ouvertement avec un État dont le régime est condamné par l’ensemble des pays africains. Le succès de l’entreprise repose donc sur la capacité qu’aura le gouvernement sud-africain de prouver à l’opinion internationale que les réformes de structures qu’il entreprend sur le plan intérieur conduisent à l’émancipation et à la promotion de la majorité noire.
Pour obtenir ce résultat, trois mesures sont essentielles : abandonner les dernières assises légales sur lesquelles repose le petty apartheid ; rendre viables les bantoustans avant leur « décolonisation » en leur accordant de nouvelles terres ; faire participer d’une manière ou d’une autre les noirs urbanisés à la vie politique de la « métropole ». M. Botha s’emploie à faire accepter, dans le premier cas, de nouvelles dispositions libérales : droit syndical accordé aux noirs vivant dans les zones blanches et aux immigrants, venant soit des bantoustans soit des pays voisins ; abrogation de la loi interdisant les mariages mixtes et les relations sexuelles interraciales, abrogation qui, en bonne logique, devrait préluder à une plus grande fusion de l’habitat et à la création de nouvelles écoles mixtes. Dans les deux autres domaines, le Premier ministre s’en tient à des promesses : celle d’accroître la superficie des bantoustans : celle de poursuivre l’étude de la création d’une « nation » des noirs urbanisés dans le cadre de la réforme constitutionnelle. Les premières réactions de la communauté blanche paraissent peu favorables aux initiatives de M. Botha : des élections partielles ont vu une partie de l’électorat habituel du parti national se partager entre l’opposition libérale et la droite la plus conservatrice. Le gouvernement doit en tenir compte. À défaut d’une évolution intérieure rapide, il cherche donc à rassurer son opinion publique en menant une politique étrangère active, au moins sur le plan régional.
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