La résistance dans l'armée
Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lançait à tous les Français et au monde la célèbre déclaration : « La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre. Les Français libres doivent continuer le combat comme ils le pourront, là où ils seront. » En nous appelant à la résistance, le général nous indiquait, en même temps, la méthode de combat : comme nous le pourrions et là où nous serions. À cette époque, la plus importante partie des cadres de l’armée se trouvait sur le territoire métropolitain. Les clauses de l’armistice avaient laissé à la France une force de 100.000 hommes, qui se répartissaient territorialement en huit divisions militaires. Quelle allait être la réponse de ces cadres, officiers et sous-officiers d’active ou de réserve, à l’appel du général de Gaulle ? Ils étaient, en France, dans une zone dite libre, mais, en fait, étroitement surveillée par l’Allemand, officiellement par les contrôles des commissions d’armistice, sournoisement par le jeu serré de son espionnage. En outre, ils avaient dû prêter serment au gouvernement du maréchal Pétain, dont il était pour le moins utopique d’attendre une aide quelconque. Cependant, ils se trouvaient encadrer une force de 100.000 hommes.
Que restait-il à faire ? « Agir » par n’importe quel moyen et, pour ceux qui demeuraient en France, exploiter pour le mieux cette armée de l’armistice qui demeurait, malgré sa faiblesse, un instrument de lutte. Il fallait préparer la reprise du combat contre l’envahisseur, aux côtés des Forces françaises libres et des Armées alliées, pour le jour de leur débarquement sur le territoire métropolitain. Ce devait être le pénible et long travail des officiers résistants, dans une demi-clandestinité de 1940 à 1942, dans le maquis de 1942 à 1944.
Furent-ils très nombreux ? Il faut savoir dire non. Il n’y eut à comprendre, complètement, avec netteté et dès le début la véritable mission de l’armée, qu’une minorité. Elle devait être agissante. À l’autre bord, se rencontrait une autre minorité, celle des officiers qui, ouvertement, s’opposaient à toute action anti-allemande. Ceux-là étaient d’abord anti-gaullistes. Certains d’entre eux se laissaient entraîner par l’ambition, d’autres, plus sincères, par une erreur de jugement née, dans la plupart des cas, d’une vieille formation anti-démocratique. De toute manière, ils oubliaient que l’armée n’était pas à leur service ou à celui de leurs idées, mais qu’ils étaient, eux, officiers, au service d’une armée, elle-même au service de la nation, et qu’elle devait, par vocation et par devoir, assurer la garde de ses intérêts. Entre les deux groupes, la majorité, les hésitants : braves gens, honnêtes et sincères, mais qui se sont continuellement posé la question : où est l’Armée française ? À Londres ou à Vichy ? Avec Pétain ou avec de Gaulle ? et cela pendant quatre ans.
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