Défense à travers la presse
Venant après l’humiliation subie par les États-Unis en Iran, l’intervention soviétique en Afghanistan a particulièrement irrité l’Amérique. La Maison-Blanche n’a pas tardé à prendre des mesures de rétorsion, souhaitant qu’elles soient adoptées aussi par les pays européens : le temps n’était plus où Henry Kissinger ne concédait à l’Europe que des responsabilités régionales ! Devant l’ampleur des réactions ainsi suscitées, l’Union soviétique (URSS) ne paraissait pas effarouchée outre mesure mais d’aucuns en Occident affirmaient bien haut qu’elle avait commis une erreur car elle avait réveillé l’opinion américaine.
Pourtant, à bien y regarder, les derniers événements d’Afghanistan ne sont que l’accomplissement du coup d’État d’avril 1978 au cours duquel le prince Daoud fut renversé : il s’agit pour Moscou d’annexer les pays non-alignés. De telles opérations sont sans doute plus aisées maintenant que Fidel Castro est précisément le chef de file de ces pays depuis la conférence au sommet de La Havane. Alors l’opinion, qui est plus sensible aux mouvements des chars soviétiques qu’aux manœuvres de la diplomatie du Kremlin, s’inquiète. Or cette phase de la conquête de l’Afghanistan n’est guère plus critique que celle qui a précédé et dont on avait pu voir le déroulement au Yémen du sud, en Angola ou en Éthiopie. Mais la question subsiste : pourquoi l’URSS montre-t-elle ainsi le visage de la puissance ? Dans Le Journal du dimanche du 6 janvier, le général Buis explique : « Devant la débâcle iranienne entraînant le déséquilibre terrestre de l’Amérique, devant l’impossibilité de toute intervention militaire de la Chine et devant la faiblesse du Pakistan, les Russes ont vu que l’occasion était là et ne se retrouverait pas. D’où l’intervention directe des troupes soviétiques dans le pays pour en faire ce que les Chinois prophétisent depuis huit mois : la 16e République soviétique. Si la rébellion est solidement équipée par les Américains, l’affaire peut être très, très longue, incertaine et constituer un nouveau cas d’affrontements indirects entre Grands par combattants étrangers directement opposés. Si les Russes, par contre, établissent rapidement leur pouvoir sur l’Afghanistan, ce seront la Chine, le Pakistan, l’Iran et tous les pays du golfe Persique qui feront barrière, si l’aide américaine est prévue et assurée. Ni l’un ni l’autre de ces cas de figure ne compte de possibilité d’escalade nucléaire. »
Les aspects stratégiques de cette opération, c’est le général Georges Vincent qui les précise dans La Croix du 26 janvier. Après avoir observé que la possession de l’Afghanistan n’avait pas de valeur en elle-même mais seulement par rapport à l’objectif final (l’océan Indien, les sources de pétroles ?), et tout en reconnaissant qu’il est bien impossible à l’heure actuelle de prévoir comment l’URSS développera ensuite sa manœuvre, le général Vincent insiste sur certains aspects de l’intervention en Afghanistan, donnant une idée des capacités de l’appareil militaire soviétique :
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