Institutions internationales - Divergences de vues interatlantiques - Les « Huit » et la Grande-Bretagne
Les crises africaines (guerre du Tchad, coup d’État du Liberia), la lutte entre l’Armée rouge et les mouvements de résistance afghans, les difficultés de la mise en œuvre des Accords de Camp David, l’évolution politique de la Chine, etc. ont été éclipsées par l’avortement de la tentative des États-Unis de libérer les otages de Téhéran. Cette opération a suscité de nombreux commentaires, qui ont convergé sur deux points : d’une part les défaillances techniques qui peuvent être évoquées pour expliquer l’échec passent au second plan, et pour l’essentiel c’est la crédibilité politique du président Carter qui est affectée : d’autre part, ces défaillances techniques ont altéré l’image de l’armée américaine, qui semble mieux adaptée à des opérations de grande envergure qu’à des raids comme celui qui avait été préparé.
Il était normal que l’Union soviétique cherche à retirer un bénéfice de cette tentative, en la présentant comme une agression : cela lui permettait de renforcer ses relations avec l’Iran, de faire passer au second plan les réactions provoquées par son intervention en Afghanistan, et de tenter – ce qui reste l’un de ses objectifs majeurs – de dissocier les États ouest-européens des États-Unis. Une nouvelle fois, la Communauté européenne a été mise à l’épreuve, ceci quelques jours avant l’échec du sommet de Luxembourg qui, en raison de l’attitude de la Grande-Bretagne, a remis en question les principes, donc la nature de la CEE (Communauté économique européenne).
Divergences de vues interatlantiques
Les relations entre les États-Unis et les États ouest-européens ont été affectées par l’affaire iranienne. Il y a 30 ans, lors de la signature du traité de Washington, la supériorité écrasante des États-Unis dans le domaine militaire, la position d’assistée dans laquelle se trouvait encore l’Europe, ne pouvaient que se traduire par un profond déséquilibre au sein de l’Alliance atlantique. À cette supériorité a succédé une parité américano-russe, et par la CEE l’Europe s’est érigée en rivale commerciale des États-Unis, sans en être devenue un véritable partenaire politique. Le caractère national des forces nucléaires, donc la non-collégialisation du pouvoir de décision à leur sujet, la non-unification politique de l’Europe, ont aggravé les déséquilibres et relégué dans l’ombre les projets – par exemple celui d’un partnership présenté par le président Kennedy – qui visaient à les résoudre. Dans le même temps. Américains et Européens ne réagissaient pas de la même manière devant les crises qui frappaient les régions extérieures au champ géographique de l’Alliance, car leurs intérêts ne concordaient pas toujours : l’attitude des États-Unis lors de la crise de Suez de 1956 a, aux yeux de l’histoire, la valeur d’un grave précédent. La solidarité inter-atlantique a été mise à l’épreuve par la prise d’otages de Téhéran. Après avoir utilisé toutes les ressources de la négociation. Washington dut se résoudre à des sanctions économiques et diplomatiques. Or cette nouvelle approche ne pouvait avoir quelque efficacité que si d’autres pays s’y ralliaient, notamment l’Europe occidentale. Le paradoxe fut que les États-Unis avaient davantage besoin de leurs alliés au moment où ceux-ci doutaient de la crédibilité de leur politique. Après avoir attendu une intervention militaire dès le lendemain de la prise d’otages, les Européens furent invités à s’associer à des sanctions à l’efficacité desquelles ils ne croyaient guère, et qui pouvaient léser certains de leurs intérêts. Une nouvelle fois, la notion de solidarité était soumise à rude épreuve. Si les États-Unis et l’Europe occidentale restent unis, outre leur appartenance à une commune civilisation, par un ensemble de solidarités concrètes, la notion de « communauté atlantique », à laquelle, dans les années 1960, certains voulaient donner un contenu politique, n’a pas résisté à l’épreuve des faits. Les Européens se sont engagés à s’associer à certaines mesures économiques et diplomatiques contre l’Iran, dont le comportement est un défi au droit international, mais ils ont, dans le même temps, tenu à réaffirmer l’autonomie de leur comportement.
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