Revue des revues
• Plusieurs articles, ce mois-ci, retiennent l’attention dans le domaine de la prolifération des armements nucléaires. Le premier se trouve dans le numéro de printemps de la revue Commentaire sous la signature de M. François Bujon de l’Estang, diplomate détaché au CEA (Commissariat à l’énergie atomique) où il exerce les fonctions de directeur des relations internationales. Cet article, dont le titre est : « La non-prolifération des armes nucléaires », étudie le problème que pose la dissémination des connaissances et des moyens nécessaires à la fabrication d’une arme atomique, dissémination qui a pour origine les usages pacifiques de l’énergie nucléaire.
Il est en effet apparu que la communauté internationale ne peut empêcher un pays de se doter de telles armes quand il en a à la fois la volonté et la capacité. La frontière entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire est de plus en plus perméable : on ne peut que retarder, non interdire, la prolifération des armes nucléaires. Si certaines technologies sont plus « proliférantes » que d’autres, toutes sont « sensibles » dans ce domaine, surtout en ce qui touche le cycle du combustible.
M. Bujon de l’Estang retrace l’histoire des armements nucléaires et des tentatives faites pour empêcher la prolifération, depuis le plan Baruch-Lilienthal de 1946 jusqu’à l’évaluation internationale du cycle du combustible nucléaire (INFCE) lancée par le président Carter en 1977 et qui vient de s’achever en février 1980. Il montre comment une large ouverture effectuée par Eisenhower en 1953 (Atoms for Peace) a été suivie par un certain nombre d’accords internationaux comme celui mettant sur pied l’agence de Vienne en 1957, le traité de non-prolifération de 1968 et le club de Londres en 1977. Plus récemment, on a assisté à un durcissement américain, effectué unilatéralement (« Nuclear Proliferation Act » de 1978) venant renchérir ou contredire les accords. Il en est résulté une paralysie de l’industrie nucléaire américaine et un échec des États-Unis à l’INFCE. Tout ceci montre, conclut M. Bujon de l’Estang, que le problème n’est résoluble que partiellement par des mesures d’ordre technique. Les chances de la non-prolifération sont avant tout d’ordre politique. Il faudra trouver une formule qui soit acceptable aux pays en voie de développement à qui on a fait des promesses au traité de non-prolifération. Pour éviter un affrontement Nord-Sud, il faut que les pays nucléaires rétablissent entre eux confiance et unité de vues, en tenant compte à la fois des risques de prolifération et de la pénurie d’énergie.
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