Faits et dires
* Pour maintenir la dissuasion dissuasive selon le vœu du Chef de l’État, il faut dès à présent dépasser le programme fixé et préparer la troisième génération de SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engin). Malgré les progrès susceptibles d’intervenir dans la détection, le sous-marin demeurera longtemps le moyen privilégié de riposte à une agression, même si une élémentaire prudence doit nous amener à maintenir plusieurs composantes pour nos forces nucléaires et à rechercher de nouveaux systèmes.
M. Yvon Bourges, le 3 mai 1980 à Brest,
lors du lancement du Tonnant
* Il n’est pas question de construire uniquement des bombes à neutrons pour la panoplie des armes nucléaires tactiques. Le fait que la France puisse décider d’user de la bombe à neutrons n’implique pas un changement de son concept de dissuasion. La dissuasion nucléaire reste d’abord un dialogue avec l’adversaire pour n’avoir pas à utiliser l’armement nucléaire. La bombe à neutrons utilisée en bataille au seuil nucléaire deviendrait rapidement incontrôlable : c’est donc un concept d’emploi différent de celui des états-majors américains.
Général Méry, le 24 avril 1980 devant la Commission de défense
de l’Assemblée nationale, Le Monde
* Une doctrine de défense pour la France ; sous ce titre l’UDF a rédigé un rapport qui a été approuvé à l’unanimité par son bureau le 24 avril. À retenir de ce document : « L’organisation de la défense en Europe doit être conçue pour livrer bataille avec le soutien d’armes nucléaires tactiques nombreuses… La défense française s’inscrit obligatoirement dans l’espace européen, espace unique d’une bataille éventuelle… La sécurité de la France se jouerait dès la première bataille en Europe. La participation des forces françaises ne peut donc être aléatoire. Il ne doit y avoir aucune ambiguïté quant à l’engagement de la France… Il importe aujourd’hui pour notre sécurité de resserrer les liens avec nos alliés ».
Le Monde, 26 avril 1980
* Il se peut qu’à un moment donné les Russes se disent : l’Amérique ne va pas employer ses armes stratégiques contre l’Union soviétique si nous nous bornons à atteindre ou à attaquer de façon nucléaire l’Europe seule. S’ils se disent cela, ils doivent tenir compte de la force française de dissuasion et cette force ne peut pas être éliminée d’un seul coup, car la frappe en second est toujours possible.
M. Joseph Luns, secrétaire général de l’Otan,
le 18 avril 1980 à FR-3
* L’Union soviétique ne risquera pas une guerre avec les États-Unis pour s’assurer les puits de pétrole du Moyen-Orient. L’URSS a prouvé lors des crises passées de Berlin et de Cuba qu’elle évitait toute confrontation lorsque les menaces de guerre sont trop fortes.
M. Joseph Luns, le 2 mai 1980 à Ottawa
* Les pays occidentaux devront accomplir un effort à long terme fondé sur la confiance mutuelle, la solidarité de buts et une coordination étroite de leurs politiques s’ils veulent éviter la guerre. La solidarité politique de l’Alliance atlantique sera mise à l’épreuve, d’une part parce que les intérêts nationaux des membres de l’Alliance sont différents, d’autre part parce que l’URSS va renforcer ses efforts visant à exploiter des différends qu’elle perçoit entre les nations de l’Alliance.
Général Bernard Rogers, commandant suprême de l’Otan,
le 9 avril 1980 à Bruxelles
* Non seulement je suis favorable à l’installation de fusées Pershing II en Europe mais je le suis également à l’installation de missiles de croisière basés à terre. De même je suis favorable à l’accroissement des forces conventionnelles européennes et à un renforcement des armes de théâtre. Il est indispensable de renforcer en Europe les possibilités nucléaires. Cela vaut non seulement pour l’Europe mais aussi pour le Japon.
Richard Nixon, le 20 avril 1980
à Europe 1
* L’alliance de l’Europe occidentale avec les États-Unis, la création de l’Otan, celle de la communauté européenne, la stabilité économique et politique de la région ainsi que l’ensemble des accords conclus entre l’Est et l’Ouest font qu’en Europe la paix est plus assurée qu’elle ne l’a jamais été pour notre génération.
Chancelier Helmut Schmidt,
le 3 mai 1980 in Zeitung An Sonntag
* La Chine soutiendra fermement le Pakistan en cas d’agression. La principale menace à la paix et à la stabilité dans le monde vient de l’Union soviétique. Apaisements, concessions et reculades auraient pour seul effet d’encourager l’insolence de l’agresseur.
M. Hua Guofeng, le 2 mai 1980 à Pékin
en recevant le président, Zia Ul Haq du Pakistan
* Selon un rapport d’experts de l’Otan, l’Union soviétique est en mesure d’engager une division complète à 4 000 km de ses frontières (donc dans le Golfe) en 24 heures. Six mois après l’invasion de l’Afghanistan on s’intéresse d’autant plus à Bruxelles aux capacités d’intervention aéroportée de l’URSS que la force américaine devant opérer d’urgence sur des théâtres extérieurs ne sera opérationnelle qu’en 1983. Elle comptera alors 100 000 hommes.
AFP, le 1er mai 1980
* Tous les escadrons de la force aérienne tactique française ont à tour de rôle participé aux opérations et à la présence militaire française en Afrique.
Général Michel Forget, commandant la Force
aérienne tactique (Fatac), le 16 avril 1980 à Nancy
* Selon le Livre blanc qu’il vient de publier sur la défense, le gouvernement britannique envisage « d’améliorer la capacité des forces britanniques à opérer en dehors de l’aire de l’Otan ». Il n’est cependant pas question de mettre sur pied une force d’intervention à l’instar des États-Unis.
Londres, le 6 avril 1980
* À la demande des États-Unis, l’agence de défense japonaise a décidé d’avancer d’un an son plan quinquennal d’armement. Ce programme, qui devait être réalisé avant fin 1984, sera donc achevé à la fin de 1983.
AFP, Tokyo, le 6 avril 1980
* Aux États-Unis le missile MX pourrait être remplacé par un engin installé à bord de petits sous-marins naviguant dans les eaux côtières américaines. Ce système appelé SUM (Shallow Under-water Mobile) serait tout aussi précis et aussi protégé des attaques ennemies que le MX. Il ne coûterait pas plus cher et serait mis en place dans les mêmes délais. Cette suggestion résulte d’une étude du Pentagone.
New York Times et Le Monde, 20 avril 1980