Institutions internationales - Le sommet de Venise - L'Europe au lendemain de la crise - Des euromissiles à l'élargissement de l'Otan
La réunion à Venise, les 22 et 23 juin, des responsables des sept principaux pays industriels du monde, a mis en évidence un fait que l’on avait déjà enregistré dans les affaires européennes : les grands débats n’ont pas lieu au sein des organismes bâtis à cet effet, mais hors des enceintes institutionnelles.
Le Conseil européen n’était pas prévu par le Traité de Rome ; il est devenu la pièce maîtresse de l’édifice européen, au détriment des mécanismes spécifiquement communautaires, et bien qu’élue maintenant au suffrage universel direct, l’Assemblée de Strasbourg ne paraît pas devoir affecter cette primauté acquise par la consultation interétatique (qui confirme d’ailleurs celle du Conseil des ministres, organe inter-gouvernemental, sur la Commission, organe communautaire). Pour discuter de questions diplomatiques et économiques, les sept chefs d’État ou de gouvernement disposaient de l’ONU ou de l’OCDE (Organisation de coopération et développement économique) : ils ont préféré se rencontrer dans un cadre non institutionnel.
Le Sommet de Venise
À Venise, les « Sept » ont décidé d’amplifier l’action qu’ils ont engagée il y a un an à Tokyo. Ils avaient alors décidé de plafonner leurs importations de pétrole jusqu’en 1985 : les statistiques montrent que le pari sera gagné, au moins pour 1980. S’écartant d’une stratégie purement défensive, ils ont décidé d’accroître de façon substantielle leur production d’énergies autres que le pétrole, notamment le charbon et le nucléaire. Leur but est de rompre le lien entre croissance économique et consommation de pétrole, pour s’affranchir de la tutelle de l’Opep (Organisation des pays producteurs de pétrole). Ils espèrent ramener en 10 ans de 53 % à 40 % la part du pétrole dans leur consommation d’énergie ; pour la France la réduction serait de 56 % à 30 % en 10 ans. De l’horizon 1985, ils sont ainsi passés à l’horizon 1990. Pour surveiller la mise en œuvre de ce programme, ils ont décidé, à l’initiative de la France, de créer un groupe à haut niveau, c’est-à-dire une structure administrative « trilatérale », considérée comme ne devant pas empiéter sur les prérogatives de la CEE (Communauté économique européenne), sans toutefois qu’aient été précisées les relations entre celui-ci et celle-là. Mais ils n’ont pas voulu se limiter aux problèmes économiques et financiers. Quelques jours après la rencontre de MM. Giscard d’Estaing et Brejnev, et à la veille du voyage du chancelier Schmidt à Moscou, il s’agissait pour eux de « faire le point ». Le président Carter s’est rallié à la thèse française en faveur de la recherche d’une solution politique en Afghanistan, celle-ci étant toutefois conditionnée par l’attitude soviétique : ce n’est pas le départ d’une division qui annonce vraiment la fin d’une intervention que tous jugent inacceptable, d’autant que ce retrait semble annoncer simplement un remplacement de blindés par des troupes d’infanterie mieux adaptées au pays. La tension suscitée par cette intervention n’est par ailleurs pas favorable à la recherche d’une formule de compromis sur la question du renforcement du potentiel défensif de l’Otan, que les États-Unis et plusieurs de leurs alliés sont décidés à réaliser avec l’installation de Pershing II et de missiles de croisière pour compenser les SS-20 soviétiques.
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