Défense à travers la presse
Il n’est pas de semaine où votre quotidien ou les hebdomadaires ne consacrent de longs articles aux sujets de défense. Bien avant le début du mois de juin la bombe à neutrons avait commencé à alimenter la controverse : ce ne sont pas les révélations faites par le président Giscard d’Estaing dans sa conférence de presse du 26 juin 1980 qui ont mis un terme à toutes ces exégèses. Il y a aussi le problème des euromissiles. De la lecture des journaux on retire l’impression que le débat s’articule sur l’alternative « dissuasion ou bataille », avec le sentiment sous-jacent qu’il paraît fort difficile de concilier l’indépendance nationale et la solidarité souhaitable entre Européens.
Des propos tenus par le président Giscard d’Estaing devant les journalistes à l’Élysée, l’hebdomadaire Le Point du 30 juin tire ces conclusions : « La doctrine Giscard, maintenant mieux décantée, s’articule autour de 3 points essentiels : le Président maintient la priorité consentie à l’arme nucléaire stratégique. Ainsi VGE a-t-il révélé qu’il venait de donner le feu vert à l’étude d’un lanceur stratégique mobile… Cette orientation permettra d’écarter les risques qu’entraîneraient d’ici à l’an 2000 d’éventuels progrès dans le repérage des sous-marins. Sur le plan des principes, Giscard a d’autre part confirmé avec gravité que toute attaque nucléaire sur le sol national entraînerait une riposte stratégique automatique. En revanche le Président se refuse à faire de cette priorité une priorité absolue autour de laquelle s’articulerait toute la défense française. Refusant toute impasse, toute stratégie du tout ou rien, VGE ne veut pas exclure la possibilité d’une bataille en Europe en dessous du seuil nucléaire… Le troisième axe de la réflexion giscardienne, clair dans son principe, encore flou dans ses applications mais politiquement capital, c’est donc l’affirmation des solidarités européennes de la France ».
Notre confrère admet que cette prise de position n’est pas sans soulever de multiples questions et que se trouve ainsi relancé le débat sur la défense de l’Europe. Mais est-on réellement en présence d’une nouvelle conception ? Dans Le Monde du 20 juin Jacques Isnard, à propos de la bombe à neutrons, rappelait opportunément que : « La France a abandonné cette théorie du tout ou rien depuis que le chef d’état-major des armées de Georges Pompidou, le général Michel Fourquet, a admis en 1970 la nécessité d’actions nucléaires graduées et d’armes de test. Fondamentalement la bombe à neutrons n’est pas une hérésie en contradiction avec les principes stratégiques arrêtés jusqu’à présent, sauf à considérer que le gouvernement français, après s’être résigné à abdiquer sa liberté d’action, projette de mettre cette nouvelle arme au service d’une autre politique de défense ».
Il reste 75 % de l'article à lire