Revue des revues
• Bien qu’il ne s’agisse pas, à proprement parler, d’une revue, il convient de signaler la plaquette que le Service d’information et de relations publiques des armées (Sirpa) vient de sortir sous le titre : 1980 : capacité opérationnelle des armées françaises. Cette plaquette vise à informer sur l’effort accompli pendant les 5 dernières années pour aboutir à une « capacité opérationnelle renouvelée » malgré des contraintes d’ordre économique, culturel et psychologique.
Elle est constituée de 4 dossiers, l’un sur la « crédibilité » qui fait le point des moyens de la riposte nucléaire et de la défense militaire, le deuxième sur la « politique militaire et industrielle », le troisième sur le « déclenchement de l’action » qui montre l’organisation de la veille et de la décision, les transmissions, le dernier sur « les combattants », c’est-à-dire tout le personnel. C’est donc un tableau assez complet de l’ensemble des moyens militaires dont dispose la France, sous une présentation très soignée et renouvelée dans sa forme.
• La revue Commentaires, dans son n° 11 (automne 1980) contient un long article de M. Raymond Aron sur « L’hégémonisme soviétique : an I ». L’auteur y montre l’ambiguïté de la position de l’URSS, certains commentateurs étant obnubilés par sa puissance militaire, d’autres étant frappés par la faiblesse de son industrie civile. La comparaison des forces militaires n’est probante que pour montrer que l’Union soviétique ne vit plus enfermée chez elle. Malgré les chiffres avancés, il apparaît qu’une attaque « directe, frontale, militaire » contre l’Europe occidentale « demeure, de toutes les expressions de l’hégémonie soviétique, la plus improbable », car elle risque de déchaîner une guerre totale entre les deux Grands. Les Soviétiques font un effort majeur pour se réserver la possibilité d’une bataille classique et celle d’une bataille totale, ne laissant aux blindés qu’une mission de complément. L’Otan, de son côté, est condamnée à la défensive et à la riposte graduée. Dans ce jeu, il apparaît, ce dont M. Raymond Aron doute, que le franchissement du seuil nucléaire entraînerait une ascension aux extrêmes, les partisans de la bombe à neutrons cherchant par contre à mettre en doute le caractère sacré du seuil nucléaire. M. Aron en déduit que si, pour l’Europe, « la relation des forces s’est dégradée aux dépens des Occidentaux, elle n’est pas fondamentalement transformée ». Les responsables de l’Otan n’ont jamais cru qu’ils pourraient repousser une attaque totale menée par les Soviétiques, sans emploi des armes nucléaires. Il est probable qu’il y a dix ans ils pensaient pouvoir garder, en cas de besoin, l’initiative de l’escalade, mais ils n’ont plus aucune raison de « s’attribuer cette initiative » maintenant.
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