Les débats
Les débats qui, le 17 décembre, ont suivi les exposés des quatre orateurs faisant l’objet des quatre articles précédents, ont donné lieu à une reconstitution qui a été ordonnée suivant quatre idées-forces ;
— la bataille,
— stratégie et politique,
— les grandes priorités de la défense,
— SS-20 et euromissiles.
Les questions et commentaires suscités dans chacun de ces domaines ont été regroupés et sont suivis des réponses des différents orateurs. Ceci a d’ailleurs amené à découper les réponses pour les rapprocher de ce qui les avait provoquées, tout en leur gardant une forme nominative permettant de les relier aux déclarations faites au début de la réunion.
Dans tous les cas, il convient de rappeler que les idées, exprimées en toute liberté au cours de la réunion, n’engagent que leurs auteurs. Le principe même de ces réunions-débats est de laisser une parfaite liberté d’expression aux participants, dont les propos sont rapportés dans une forme qui n’est modifiée que pour permettre le passage du langage oral au langage écrit et éliminer quelques digressions hors sujet. Il est bien évident que la Revue elle-même ne prend à son compte aucune des opinions exprimées, qui trouvent d’ailleurs très souvent leur contradiction quelques lignes ou quelques pages plus loin.
La bataille
Interventions d’auditeurs
• Il est objecté au général Valentin que, si la conception d’emploi de nos forces de manœuvre reste bien dans le cadre envisagé dès leur regroupement sous commandement français, où elles seraient éventuellement utilisées comme réserve de l’Alliance, le schéma qu’il a présenté nécessiterait des développements plus détaillés, et pas seulement sur le problème de la coordination des feux. Pourrions-nous d’ailleurs utiliser en premier l’arme nucléaire tactique ? Il faut, dans ce domaine, considérer les conséquences de la riposte atomique adverse, qui risque d’être foudroyante, et les répercussions qu’elle pourrait avoir sur notre propre dissuasion stratégique.
• Il serait intéressant de connaître la probabilité que chacun des orateurs affecte aux risques d’une bataille en Europe. Par exemple, le général Gallois évalue-t-il cette probabilité comme totalement nulle, ce qui permettrait d’écarter bon nombre de problèmes techniques ? Par contre, si cette probabilité n’est que très faible, il faut envisager quel type de bataille pourrait se produire.
• Le général Gallois a sans doute raison de ne pas vouloir sous-estimer l’adversaire, mais peut-être a-t-il tendance à le surestimer ? Il est en effet peu probable que cet adversaire réussisse à faire sauter tout le dispositif Otan par une seule salve, en considérant ici non pas le dispositif Otan actuel mais celui qu’il serait facile de mettre à l’abri de ce genre d’action par des précautions assez simples à prendre. Après cette première salve, d’ailleurs, on est ramené au problème précédent où les chars ont probablement un rôle à jouer.
Le phénomène dont il faudra alors tenir compte est l’effroyable vulnérabilité des forces terrestres devant la multiplication des armes nucléaires. Si nous acceptons une bataille semblable à celles de la fin de la dernière guerre, cette bataille-là est perdue d’avance. Il faut donc tout repenser en fonction de la technologie moderne qui ne s’arrête pas à la bombe à neutrons.
Réponses des orateurs
• Général Valentin
Je reconnais qu’en ambiance nucléaire et avec l’emploi de l’arme nucléaire tactique, l’intervention de nos forces classiques serait difficile. Celle des forces adverses ne le serait pas moins. Ainsi que le général Hublot, je connais bien le tissu urbain de l’Allemagne de l’Ouest, mais on ne peut pas dire que ce tissu, avec les routes qui le traversent, interdise toute manœuvre. D’ailleurs, nous n’entendons pas faire des manœuvres du même type ou de la même ampleur que celles des Soviétiques. Nous ne voulons pas traverser à la fois les frontières de la Tchécoslovaquie et de l’Allemagne de l’Est, ni l’ensemble des zones les plus difficiles. Nous avons dit que l’on pourrait agir localement, sur un front correspondant à nos possibilités, soit 100 à 120 kilomètres, en ayant soigneusement étudié un faisceau d’opérations possibles. Nous avons dit que nous jugions que ces opérations étaient difficiles, et le commandement ne manquera pas de prévenir le pouvoir politique que telle opération est trop difficile et que telle autre, par contre, est dans nos possibilités.
L’affaire n’est pas simple, mais ce n’est pas en cassant l’échiquier que l’on trouve une méthode pour jouer aux échecs. Il nous faut trouver une solution à un problème auquel nous sommes confrontés et qui n’est pas totalement impossible à résoudre.
L’amiral Delahousse et le général Thiry semblent dire que nos rapports avec l’Otan sont tels qu’en cas de conflit, la coopération sur le terrain pourrait difficilement trouver une bonne efficacité dans les délais souhaitables. Je ferai observer que nous sommes passés d’un système d’intégration à un système d’alliance. Ce système n’est pas forcément mauvais. Nous avons des relations avec l’Otan qui datent de l’époque de notre sortie du système intégré. Elles se sont révélées d’ailleurs beaucoup plus faciles que celles que nous avions quand nous faisions partie du système.
Certes, nous n’avons pas une force aussi prête que nous le voudrions, mais il ne faut pas aller à l’extrême opposé. Compte tenu de ce qui existe actuellement en Europe, compte tenu de l’armement soviétique que nous connaissons bien, cette force représente quelque chose d’important dont le rôle ne serait pas négligeable, même si nous ne pouvons mener qu’une action particulière dans une zone limitée.
• Général Gallois
J’ai fait allusion, précédemment, à la convergence aujourd’hui atteinte entre certains textes publiés par les officiers généraux et les spécialistes soviétiques et les armements en cours de déploiement, notamment les SS-20, 21, 22 (selon la terminologie utilisée par l’Otan).
C’est ainsi que dans le Manuel de l’Officier (1), les auteurs s’expriment de la façon suivante : « la doctrine militaire soviétique donne le rôle décisif… aux missiles nucléaires… ». « Les principes de base de l’art de la tactique et des opérations » (2) sont plus explicites : « le principe de l’action simultanée sur toute la profondeur du dispositif ennemi et sur les objectifs des arrières les plus lointains est maintenant, grâce aux armements nucléaires, fondé sur des bases réalistes et solides… » ; « …l’emploi des armes atomiques sera effectué soudainement et en masse, sur l’entière profondeur du déploiement des forces combattantes ennemies, avec pour buts la destruction des rassemblements de chars, d’artillerie…, celle des principaux postes de commandement…, etc. ».
Le colonel Sidorenko (3) donne, d’une guerre où interviendrait l’Armée rouge, la même version : « Les armes nucléaires étant les moyens de destruction principaux, doivent être employées dans tous les cas pour l’annihilation des objectifs les plus importants. Ceux-ci sont les moyens ennemis d’attaque nucléaire, les concentrations de ses troupes, ses blindés, ses réserves, etc. ».
L’analyse du colonel Sidorenko ne se borne pas à décrire l’attaque-surprise initiale. Il ajoute, en effet : « Les armes nucléaires ne préparent pas l’attaque et ne supportent pas l’action des chars et de l’infanterie. Les armes nucléaires accomplissent la plus importante des missions en détruisant la quasi-totalité des forces ennemies principales… Leur emploi est différent et elles sont considérées comme échappant complètement à la conception usuelle d’un système de feu… les attaques nucléaires et les opérations de troupes terrestres constituent un tout uniforme, dans un concept d’ensemble ».
Le maréchal Sokolovsky (4) avait résumé ainsi les conclusions de ses grands subordonnés : « Immédiatement après les attaques nucléaires, les troupes aéroportées seront amenées à pied d’œuvre et l’attaque par les chars commencera ».
Les auteurs soviétiques sont donc arrivés à la conclusion qu’il fallait séparer le feu nucléaire de l’intervention des forces aéroterrestres classiques. Le premier désarmerait l’ennemi à distance, en spéculant naturellement sur la surprise, et les secondes occuperaient le terrain avec aéroportés et chars et, comme l’écrivent le major-général Konikov et le colonel Shamansky (5) : « …la défaite finale des troupes de l’ennemi, la capture de son territoire, l’établissement d’un ordre convenable et le contrôle pacifique des affaires d’après guerre ne peuvent être obtenus que par les opérations des forces terrestres ».
Autrement dit, la force de « rupture » n’est plus le char mais l’engin balistique précis ; aéroportés et chars suivent et occupent un territoire désarmé et y jouent le rôle de force d’occupation et de contrôle politique ainsi qu’il en va, depuis plus de trente années dans les pays de l’Europe de l’Est. Les experts soviétiques éliminent d’ailleurs la notion de front continu — qui a encore ses tenants à l’Ouest — et le général M. Shtemenko (6) le précise ainsi : « La percée d’une organisation défensive ne sera pas accomplie par « grignotements », ainsi qu’on le faisait au cours de la dernière guerre, mais en lançant des attaques nucléaires et en les faisant suivre de rapides mouvements de chars et d’infanterie motorisée ».
Telle semble être une doctrine mûrie il y a déjà plusieurs années mais dont il se trouve que les instruments sont en cours de déploiement pour devenir opérationnels à très brève échéance. Au nombre de ces nouveaux moyens d’action à distance figurent, naturellement, les SS-20 dont on parle beaucoup depuis quelques mois. Dans leur version à très grande portée (SS-16), les Américains les créditent d’un écart probable de l’ordre de 400 mètres. Sur des distances beaucoup moins grandes, de 1 500 à 1 800 kilomètres, la version eurostratégique de cet engin devrait avoir une précision de 200 à 250 mètres. Il est peu probable, qu’à l’instar des Américains, les Soviétiques ne réduisent pas l’énergie de destruction de leurs engins balistiques au fur et à mesure qu’ils en augmentent la précision. Cette adaptation du feu nucléaire à l’écart circulaire probable est déjà en cours puisque les missiles SS-4 et SS-5 passaient pour transporter des charges explosives de la gamme mégatonnique tandis que les missiles SS-20, de source américaine du moins, en sont à la gamme kilotonnique haute. Et, toujours en talonnant les techniciens américains, on ne voit pas pourquoi les Soviétiques ne feraient pas comme leurs grands rivaux et n’adapteraient pas l’énergie de destruction que transportent leurs engins à la dimension et à la nature des objectifs qu’ils visent. Ce qui permettrait le désarmement à distance avec de très faibles dommages collatéraux. Les territoires occupés à la suite d’une telle opération pourraient alors être mis à contribution, sans difficulté, les moyens de production comme les populations n’ayant pas — ou peu — souffert des horreurs de la guerre telle qu’elle se déroula en Europe et ailleurs dans le monde avec des armements classiques.
Compte tenu de la nature et du déploiement actuel des forces armées des pays européens de l’Otan, tel paraît être, pour eux, le danger maximum — c’est-à-dire celui qu’il faut prendre en considération, puisque cette forme de guerre serait la plus conforme à la politique à long terme comme aux intérêts immédiats de celui qui en prendrait l’initiative. N’oublions pas que nous nous trouvons dans la situation d’avoir, éventuellement, à subir une guerre, en aucun cas d’en prendre l’initiative et de la conduire conformément à notre intérêt.
Intervention d’auditeur
• Il est difficile de comprendre, et a fortiori d’expliquer, pourquoi, à partir du moment où l’on envisage une bataille, on la conçoit comme une contre-offensive après qu’elle ait été perdue une première fois. On se demande alors quelles sont les raisons qui font que l’on ne veut pas mener cette bataille au plus loin de nos frontières, plutôt qu’à leur proximité.
Réponses des orateurs
• Général Valentin
Je n’ai jamais parlé de deuxième bataille. Il n’y aura pas d’ailleurs de première bataille mais une zone très profonde de combats. De nos positions du temps de paix, nous n’avons pas la possibilité d’intervenir au premier balcon. Je pense que cette situation est favorable à tous les points de vue. Nous avons les moyens d’intervenir sur les arrières de la profondeur du champ de bataille, et d’aucuns jugent que cette intervention est impossible. Devons-nous considérer, au pays de Condé et de Napoléon, que les forces françaises sont incapables d’initiative et de mouvement offensif ? En fait, l’histoire montre que toutes les catastrophes, Metz en 1870, Sedan en 1940, Stalingrad, Dien-Bien-Phu, sont advenues quand on a refusé le mouvement pour adopter une attitude statique. Une ligne quelconque, située sur le rideau de fer, parfaitement matérialisée par l’adversaire, sera pour lui beaucoup plus facile à détruire que des forces mobiles. Nous-mêmes, nous savons le mal que nous avons à détecter nos objectifs.
• Général Thiry
Une bataille livrée sur une seconde ligne ne peut réussir. Avec les armes nucléaires, les défenses seraient enlevées à l’emporte-pièce pour créer des points de passage pour l’adversaire. Si on parle de combat dans une certaine profondeur, cela ne signifie pas cependant toute l’Europe. Cette profondeur peut être limitée à un glacis qui, comme il a été dit, doit être le plus en avant possible. L’essentiel est d’arrêter l’ennemi.
La notion de bataille de l’avant a été critiquée, d’aucuns déclarant que l’expression est ambiguë. Elle est pourtant claire : la bataille de l’avant est celle qui a pour objectif d’empêcher l’ennemi de pénétrer sur le territoire à défendre.
• Général Gallois
Il vaut mieux parler d’une zone de vulnérabilité plus que d’une zone de combat. Compte tenu de l’armement que possèdent maintenant les forces du Pacte de Varsovie et de la doctrine qu’affiche le haut commandement soviétique, il faut exclure la notion de « bataille », au sens traditionnel du mot, avec échange de coups prolongé. Rappelez-vous le texte du général Shtemenko selon lequel le « grignotement » frontal lui paraissait une notion dépassée.
Stratégie et politique interventions d’auditeurs
Intervention d’auditeurs
• Le général Thiry fait état d’un certain nombre de catégories : les absolutistes, les traditionalistes, les relativistes, auxquels il faut sans doute ajouter les intégristes et enfin les neutralistes.
On doit remettre ces catégories dans leur contexte : à l’origine, on trouve toujours le projet politique. Pour le réaliser face à un adversaire, ceci implique une stratégie qui, face à une menace, implique des moyens. Cette séquence est relativement logique mais, en agissant sur l’un de ses termes, on peut modifier l’autre. L’on peut ainsi modifier le projet politique en agissant sur certains des termes qui lui sont subséquents. Une première manière de faire consiste à proposer des moyens qui, par leur nature, pèsent tellement lourdement sur le budget que l’on est obligé de changer la stratégie, donc le projet politique. Une deuxième manière de faire est de proposer des moyens qui modifient la stratégie sans passer par le canal financier, par exemple parce qu’ils impliquent une intégration plus poussée des forces, ce qui, de facto, met en cause le projet politique.
En 1976, on a tenu des discours qui ont paru ajouter une orientation européenne au projet politique d’indépendance du général de Gaulle, ce qui pouvait entraîner une modification de la stratégie, comme pouvaient le laisser entendre les termes de « dissuasion élargie » et de « bataille de l’avant ». Ces interprétations ont ensuite été rectifiées, non pas tellement sous la pression « gaulliste » mais en raison de la nature même de l’arme nucléaire qui ne correspond pas à la mutation stratégique qu’on pouvait supposer. Il est parfaitement vain, en effet, d’envisager une sanctuarisation véritablement élargie quand on a l’appareil militaire dont nous disposons actuellement.
Si on envisage vraiment d’engager la « bataille de l’avant » avec nos alliés, et dans n’importe quelles conditions, nous serons amenés à nous intégrer plus que ne le prévoit le projet politique. De plus, fatalement, le territoire national deviendra l’espace logistique de cette bataille, ce qui met en cause toute notre stratégie nucléaire. En bref, par mille côtés, la prise en considération de la bataille de l’avant, en intégration avec nos alliés, mettrait en cause notre projet politique, par le biais de la stratégie.
Il existe une politique et une stratégie de la Grande-Bretagne. Cette politique, qui n’est en rien la nôtre, pousse ce pays à être le fondé de pouvoirs en Europe des États-Unis, et non point à vouloir une défense européenne avec nous. Il ne suffit pas de souhaiter que cette politique change pour qu’elle le soit effectivement. Nos alliés ont le droit d’avoir leur propre politique, différente de la nôtre. En le niant, nous risquons d’aboutir à une position irréaliste, proclamant que la France a une politique spécifique, tout en s’alignant sur celle des autres.
Réponses des orateurs
• Général Valentin
Il a été dit, avec beaucoup d’éloquence, qu’il y a une action du politique sur le choix des armements et une réaction du choix des armements, ou même de la force armée, sur le politique. Je suis d’accord sur le principe, mais on a l’air, en même temps, de penser qu’il y a eu un changement allant dans le sens d’une plus grande probabilité d’intervention aux côtés des alliés que dans le passé. Ceci me paraît tout à fait inexact. En même temps que nous sortions de l’Otan, nous avons signé les Accords Ailleret-Lemnitzer, sur instruction du général de Gaulle. J’ai personnellement signé d’autres accords qui n’en étaient que le complément, d’ailleurs prévu dans les Accords Ailleret-Lemnitzer, et respectant parfaitement la liberté de choix du gouvernement français, puisqu’ils ne prévoient aucune intervention automatique.
• Général Gallois
Je voudrais rappeler que les Accords Ailleret-Lemnitzer datent maintenant d’une quinzaine d’années. Étant donné la révolution qui s’est produite dans cet intervalle, et malgré leur très grande valeur, ils peuvent être remis en question.
• Général Thiry
On a parlé de l’action du projet politique sur la stratégie, des moyens de faire face à la menace et des possibilités d’action réciproque. Je suis d’accord sur cette conception, mais on a prononcé à ce sujet le mot « indépendance ». Personne n’est contre l’indépendance de son pays, mais si l’on pousse cette notion trop loin, en particulier en matière de défense, on aboutit soit à l’isolement soit au neutralisme. « Le devoir du Prince, dit Machiavel, est d’avoir une bonne armée et de bons amis ; celui qui a une bonne armée a toujours de bons amis ». S’il est possible de concevoir un système tel que la sécurité de la France et sa défense soient mieux assurées dans une indépendance moindre, j’opterai pour cette indépendance moindre.
• Amiral Delahousse
Le problème qui se pose actuellement à la France est celui de l’adaptation de l’effort à l’ambition. Si nous ne voulons pas faire procéder à cette adaptation, il faudra procéder à l’adaptation inverse, celle de l’ambition à des moyens limités. Quand un pays a l’ambition d’une défense moderne, nucléaire, indépendante, il doit consentir l’effort financier adéquat. Or, nous donnons à notre défense une part de notre PNB qui est inférieure à celle des Britanniques, qui sont aidés par les Américains pour leur force nucléaire, et à celle des Allemands, qui n’ont pas de force nucléaire (7).
La notion d’équilibre des forces militaires, récusée par certains, se comprend a contrario, en inventoriant le déséquilibre actuel. L’Armée de terre française a quatre fois moins de chars que les Tchèques, les Polonais ou les Allemands de l’Est. Les deux tiers de la Marine sont hors d’âge sans que la relève arrive. Les Britanniques ont douze sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire opérationnels — le capital ship de la fin du siècle — nous n’en avons aucun (8). L’Armée de l’air, en décembre 1975, a dû abandonner l’avion de combat futur et n’a donc pas de biréacteur de combat, alors qu’Allemands et Britanniques ont le Tornado.
À propos de neutralisme, il importe de relever certaines déclarations faites dans un document sur la défense publié en juin 1980 par un grand parti politique. On y lit en particulier que, si les Soviétiques attaquaient l’Europe, ce qui se passerait en République fédérale ne concernerait pas « directement » la France. Des affirmations de ce genre et la présentation quasi religieuse de la notion de « sanctuaire » conduisent inéluctablement au neutralisme. Le ralliement du Parti communiste français, en mai 1977, à l’armement nucléaire et à son environnement doctrinal le plus excessif est la preuve de la logique neutraliste de la sanctuarisation de la défense.
Quant à nous, s’agissant d’un soi-disant changement de stratégie, nous voulons tout simplement rendre le « discours » homogène avec la réalité profonde de la politique française. Il faut que les Français sachent où ils sont, et aussi que les alliés sachent où se trouvent les Français en cas de crise grave.
Les Britanniques viennent de faire le choix du Trident. Pour remplacer leurs Polaris, ils pouvaient soit faire un effort purement national, dont ils n’ont pas voulu pour ne pas déséquilibrer leur appareil militaire, soit acheter une fusée américaine, ce qu’ils viennent de décider, soit coopérer avec les Français. Ce dernier choix n’était pas possible en l’absence d’un dialogue sur les problèmes fondamentaux de la défense entre la France et la Grande-Bretagne, même s’il existe une coopération entre les deux pays pour la fabrication de certains armements, tels que le Jaguar et l’Exocet.
La Grande-Bretagne se pose, comme nous, la question de l’absolu de la garantie américaine à l’Europe. Pour cette raison, et pour d’autres, elle souhaite, dans le cadre de l’Alliance atlantique, la prise en compte de la dimension européenne dans la défense. Elle a cherché à ouvrir avec nous le dialogue sur la défense, en 1971-1972, alors qu’un des rares Anglais « européens », Edward Heath, était Premier ministre. La perche alors tendue a été refusée au nom de « l’indépendance ». Récemment, à Bordeaux, le 19 septembre 1980, Mrs Thatcher a déclaré qu’elle était prête à parler défense avec nous, renouant avec l’offre du début de la décennie 1970.
Les grandes priorités de la Défense
Interventions d’auditeurs
• Trop souvent l’effort militaire français a pu paraître ne pas correspondre aux désirs et aux missions qui ont été fixées. La croissance du PNB est maintenant presque nulle. L’inflation, jusqu’à présent, a érodé tous les plans. Pour la force nucléaire stratégique, nous aurons pour 1990 les objectifs que nous aurions dû atteindre actuellement. Dans ces conditions, le général Valentin croit-il que l’on dispose actuellement d’une force tactique complète, bien assurée et constituant une véritable réserve ? Le devoir du militaire vis-à-vis du pouvoir politique est de lui dire quelles sont ses véritables possibilités, en fonction des ressources allouées. Si on est d’accord sur le projet politique, on peut alors se demander quel est l’outil militaire le plus efficace. Pour le nucléaire stratégique, il semble que ce soit la marine. Il faudrait également faire un effort considérable pour mettre sur pied une véritable force d’intervention. Nous avons en effet besoin de moyens puissants, en particulier en Méditerranée, peut-être deux divisions avec leur support, chars et moyens de transport.
Réponses des orateurs
• Général Valentin
Nous serons bien obligés d’agir si l’Union soviétique lance une agression directe par un mouvement d’ensemble des forces du Pacte de Varsovie. C’est une hypothèse que nous sommes bien obligés d’envisager. Les Russes ont des forces considérables et ont armé leurs satellites. Les Chinois ne manquent jamais de nous faire remarquer que la grande masse des armées soviétiques est tournée vers l’Ouest.
Je n’ai pas dit que je considérais que la thèse du général Gallois était impossible. J’ai toujours souligné que, dans un certain avenir, elle serait sans doute une des hypothèses valables. J’ai seulement observé qu’il fallait ne pas se limiter à une seule hypothèse. Les Soviétiques continuent, pour l’instant, à rechercher les fortes puissances de destruction et ne vont pas, actuellement, vers les faibles puissances, y compris pour les armements mis directement aux ordres des corps d’armée. Quant à la précision de leurs missiles, les renseignements que l’on possède sont très fragmentaires, même chez les Américains. Il est possible que les Soviétiques changent complètement de politique et se rangent à la thèse du général Gallois, mais nous n’avons actuellement aucune preuve qu’il en soit ainsi.
Le général Gallois s’est placé dans l’hypothèse d’un monde soviétique prenant l’initiative et se sentant absolument sûr de lui. J’ai précisé qu’à mon avis ce qui rendait inquiétante la situation actuelle n’était pas tellement l’existence, chez les Soviétiques, d’une volonté délibérée d’agression, mais la possibilité que survienne une situation accidentelle, née des tensions internes au monde communiste. L’optique est donc tout à fait différente.
• Général Gallois
Aussitôt après la signature du Traité de l’Atlantique Nord, Américains et Alliés européens mirent sur pied un système militaire défensif à deux composantes : en simplifiant, disons que les États-Unis auraient à brandir leur armement nucléaire, les pays européens étant limités à la mise sur pied de contingents classiques. Ce système binaire a parfaitement atteint les objectifs que les gouvernements alliés lui avaient assignés, et la ligne de partage entre les deux sociétés antagonistes n’a pas varié d’un pouce. Il est vrai que, outre leurs forces nucléaires, les États-Unis déployèrent en Europe des formations classiques qui contribuèrent, elles aussi, à la puissance de la dissuasion.
Aujourd’hui, outre-Atlantique, de nombreuses voix s’élèvent pour que les pays occidentaux européens prennent totalement à leur charge leur défense et leur sécurité. Ces pays européens sont maintenant tirés d’affaire économiquement, et ils devraient être capables de pourvoir eux-mêmes au maintien du statu quo territorial et politique en Europe. Ceux qui, aux États-Unis, tiennent un tel langage oublient que leur pays a imposé à ses alliés européens un dispositif militaire qui n’est efficace que dans sa complémentarité avec les armements nucléaires des États-Unis. En outre, Washington s’est efforcé de faire signer par tous ses Alliés le traité de non-prolifération, ce qui impose, pour une période indéterminée, mais certainement fort longue, la présence de troupes américaines sur le sol de ces pays alliés. Pour ne considérer que les principaux États de l’isthme occidental européen, force est de reconnaître que cinq gouvernements sur six de ces États savent qu’ils dépendent pour la défense de leur pays respectif de la présence de troupes américaines sur leur territoire.
Aussi, toute construction politique européenne est-elle entravée par l’obligation dans laquelle se trouvent ces gouvernements de maintenir à tout prix la présence militaire des États-Unis sur leur sol. Et lorsque, dans les affaires économiques et industrielles, un choix est à faire entre une solution européenne et une solution américaine, le gouvernement de Washington dispose d’un puissant moyen de pression.
Dans la période qui a immédiatement suivi la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont attribué le contrôle du monde non communiste hors d’Europe, les pays européens n’ayant à se préoccuper que des frontières qu’ils ont avec l’Union soviétique. C’est pourquoi une déplorable confusion a été créée entre la notion de défense de l’isthme occidental européen par les armes et la notion plus générale de sécurité de cette Europe quant aux échanges avec le monde extérieur, échanges dont elle dépend de plus en plus économiquement. Relevant des États-Unis pour leur défense sur le sol de l’Europe, les pays européens s’en sont généralement remis aux mêmes États-Unis pour que ceux-ci assurent, à leur profit, la sécurité de leurs approvisionnements hors d’Europe.
Dès la guerre de Corée, en 1950-1953, ce système a subi un premier échec. D’après les statistiques de l’ONU, cette guerre aurait fait près de 6 millions de victimes pour, finalement, en venir à la ligne de partage initiale. Le Sud-Est asiatique est passé ensuite dans le camp communiste, le Yémen Sud a été occupé par les Soviétiques ; l’influence de Moscou s’est étendue au Mozambique, à l’Angola, à l’Éthiopie ; l’Iran a échappé à l’influence américaine ; bref entre 1940 et 1980, les Soviétiques ont réussi à annexer près de 3 millions de kilomètres carrés de territoires contigus à leur pays tandis qu’ils exerçaient leur influence politique et sociale (et aussi économique) sur les habitants de quelque quatre autres millions de kilomètres carrés.
Ainsi, pendant cette période, une large part des territoires dont les pays européens sont plus ou moins tributaires pour le fonctionnement de leurs économies respectives ont été investis par l’Union soviétique.
Il faut reconnaître que, par son comportement, l’Occident dans son ensemble n’a rien fait pour mettre un terme à cette forme d’expansion et même qu’involontairement il la favorise et, à cet égard, l’exemple de son attitude vis-à-vis de l’Afrique du Sud est assez éloquent.
Aujourd’hui, le bilan de cette confusion entre la sécurité et la défense par les armes des pays occidentaux est plutôt négatif. À leurs alliés européens, les États-Unis ont imposé un système de défense que l’évolution des armements, notamment sous l’impulsion des États-Unis eux-mêmes, a rendu illusoire puisque les Soviétiques, avec un léger décalage, progressent dans la même direction. À l’aide de millions d’hommes et en dépensant des milliards, nous montons en Europe une garde qui s’avère de plus en plus dérisoire en raison de la vulnérabilité croissante du dispositif militaire que nous avons mis sur pied il y a une trentaine d’années et qui n’a guère évolué depuis. Dans le même temps, hors d’Europe, partout ou presque, nous perdons pied. Si bien que nous risquons un jour de nous trouver devant une accumulation d’armements et une conception de notre défense dépassées par le progrès technique tandis que, économiquement et industriellement, à l’extérieur, l’asphyxie nous guette avec les formidables conséquences politiques et sociales de la dépression économique qui risque d’en résulter. Aussi, se pourrait-il que les États-Unis se soient complètement trompés de stratégie, à la fois dans le domaine politique et dans celui des armements. Et il est à craindre qu’il soit maintenant trop tard pour remédier aux conséquences d’une telle erreur.
• Général Thiry
Aujourd’hui, la dissuasion de l’Occident est boiteuse pour des raisons structurelles, politiques, matérielles. Il ne faut cependant parler de la bataille que dans un cadre dissuasif. Nous ne voulons pas faire une guerre nucléaire qui serait une catastrophe. L’échec de la dissuasion conduirait à cette catastrophe. Il faut donc tout faire pour que la dissuasion n’échoue pas, aujourd’hui et demain.
SS-20 et euromissiles
Interventions d’auditeurs
• Le véritable apport de la France à la défense de l’Europe ne serait-il pas de fournir une réponse au SS-20 plutôt que d’engager notre petite réserve dans une affaire dont l’issue paraît douteuse ?
• On a parlé de la menace soviétique et de la manière dont cette menace augmentait grâce aux SS-20. Les forces nucléaires de théâtre proposées par les États-Unis sont la réponse à ces SS-20. Il semble cependant que, depuis quelques semaines, on parle beaucoup moins d’armes nucléaires de théâtre à courte portée et du SS-20, mais beaucoup plus d’un échelon dans l’ensemble de la stratégie de l’alliance ou de la stratégie américaine. Quel est notre comportement vis-à-vis de ce problème des forces nucléaires de théâtre et des propositions faites par les Américains ?
Réponses des orateurs
• Général Valentin
Je ne crois pas qu’il y ait de réponse au SS-20, ne serait-ce qu’en raison de la dissymétrie dont a parlé le général Gallois. Ces armes font cependant subir une pression politique. Il est donc politiquement bon de compenser les SS-20 par des Pershing si les Américains le jugent utile. Quant à nous, nous avons toujours classé les armes du type SS-20 dans la catégorie des forces nucléaires stratégiques. En proposant un missile mobile anti-cités lancé de terre nous proposons une solution qui offre des possibilités s’ajoutant à celles du sous-marin. Un ensemble SX à 100 missiles serait à peu près, au point de vue prix, l’équivalent de deux sous-marins et coûterait moins cher en entretien. C’est un choix à faire, certains pensant qu’il vaut mieux avoir deux sous-marins de plus, d’autres d’avoir le SX et des forces sous-marines. J’admettrais très bien que l’on dise qu’il faut davantage de sous-marins.
• Général Gallois
En ce qui concerne les armements que l’on appelle eurostratégiques — et qui incluent aussi bien les SS-20, 21, 22, etc. du côté soviétique, que les engins que déploient encore les Américains en Europe (Lance, Pershing I) — il faut insister sur l’asymétrie des situations stratégiques entre les forces du Pacte de Varsovie et celles de l’Otan. Au cours d’un entretien radiodiffusé, M. Couve-de-Murville avait un peu traité l’affaire d’Afghanistan comme une péripétie pour accorder la priorité à « l’équilibre » des forces militaires qui se font face en Europe. Rétablir pareil « équilibre » est un souci maintes fois réaffirmé par les hommes d’État occidentaux. Malheureusement, cette notion d’« équilibre » n’a plus la même signification qu’autrefois. Militairement on ne peut parler d’« équilibre » entre les armements de sociétés aux formes aussi différentes que celles qui s’opposent de part et d’autre du rideau de fer. À partir du moment où l’une, la nôtre, ne pourrait que subir les effets d’une agression perpétrée par l’autre, ni les armements respectifs, ni les doctrines d’emploi, ni les déploiements, ni les états d’alerte ne peuvent être comparés. Ni quantitativement, ni qualitativement. À l’Ouest, de crainte d’avoir à subir les effets d’une attaque-surprise, la mobilité permanente s’impose. Il n’en va pas de même à l’Est.
Et puis les conditions géographiques, politiques, sociales sont trop différentes. On ne peut justifier le déploiement de Pershing II à l’Ouest en affirmant qu’ils « équilibreraient » les SS-20. Ces derniers peuvent être déplacés dans de vastes espaces quasi vides, sans risque d’oppositions locales. Il n’en est pas de même en Europe de l’Ouest, zone à haute densité d’occupation des sols et où les protestataires pourraient se révéler nombreux et actifs. Si les ogives nucléaires de ces Pershing II ne sont pas déplacées avec les lanceurs, mais placées dans des dépôts, ceux-ci seraient les premières cibles de l’attaque-surprise envisagée précédemment. Contre nous se conjuguent à la fois l’initiative qui est à l’Est, la nature de notre territoire et la liberté d’action qu’ont les citoyens qui y vivent. À cet égard, entre les parties en présence il n’y a pas symétrie de situation.
Politiquement, et pour les opinions psychologiquement, le déploiement de Pershing II — et de missiles de croisière s’il a lieu — en Europe occidentale, présente un certain intérêt. Ce déploiement d’armes nouvelles signifie une volonté de « réengagement » sur le sol du vieux continent et élimine le danger de « découplage » qu’avec raison redoutent les Européens de l’Ouest. Ces armes nouvelles, de surcroît, ne seront pas placées sous le contrôle d’une « double clé », mais dépendront pour l’emploi de la seule volonté du gouvernement des États-Unis. C’est dire que, gardées et mises en œuvre par des contingents américains, leur destruction impliquerait l’existence de ceux qui les servent et pourrait déclencher outre-Atlantique une réaction qu’en face on se garderait bien de provoquer. À ce titre, cet armement conserve un caractère dissuasif, mais à condition que les effectifs des unités américaines qui le mettent en œuvre soient suffisamment importants. La réponse des États-Unis à la nouvelle menace que les SS-20 — et les engins similaires, beaucoup plus précis que les SS-4 et SS-5 — font maintenant peser sur le déploiement classique des forces de l’Otan a donc à la fois un caractère politique et aussi une certaine valeur dissuasive.
À la fin du débat, un participant indique qu’il souhaiterait fixer deux points qui ne sont pas seulement de terminologie.
Premier point : On dit volontiers que nous n’appartenons pas à l’Otan. En fait, si nous nous sommes retirés en 1966 de l’organisation militaire intégrée, nous avons, comme le voulait le général de Gaulle, continué à participer aux activités de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. C’est ainsi que nous n’avons pas cessé de contribuer au budget du secrétariat général de l’Otan à Bruxelles, au même titre que les autres pays de l’Alliance, selon une clé de répartition liée au revenu national.
Deuxième point : Pour traduire « flexible response », il faut dire « réponse adaptée » ou « graduée ». Dans l’esprit des Américains, cela signifie que la riposte doit être adaptée au niveau de l’agression, au niveau de la violence qu’elle représente, c’est-à-dire que l’escalade doit être progressive et contrôlée. Depuis M. Schlesinger. il a été précisé, et la récente directive 59 l’a confirmé, que cela n’excluait pas, bien au contraire, un engagement à un stade relativement précoce du conflit, des armes du système central américain. Il s’agirait de frappes limitées sur des objectifs militaires à l’arrière du champ de bataille, sans que le territoire soviétique soit nécessairement visé. La gradation de la riposte porte donc sur l’ampleur et le caractère des destructions recherchées et non pas sur la nature des armes employées à cet effet. Constatons que cette possibilité d’engagement des armes dites stratégiques pour des emplois directement liés à la bataille en Europe est particulièrement importante dans l’hypothèse d’une frappe « désarmante » des SS-20 sur l’ensemble du dispositif militaire allié sur notre continent.
Cette doctrine, il est certes permis de la contester comme d’en chercher une meilleure. Et, bien entendu, ce n’est pas la nôtre. Mais il faut se garder de faire gratuitement des procès d’intention à nos amis américains sur leur volonté de défendre l’Europe contre toute agression. Une telle attitude serait non seulement sans justification possible, mais dangereuse comme tout ce qui contribue à affecter la crédibilité du système de dissuasion et de défense de l’Alliance. Nous savons bien que la sécurité globale de l’Europe repose sur des incertitudes, mais telle est la dure loi de l’ère nucléaire. ♦
(1) Édité par le major-général S.N. Kozlov et un groupe d’officiers.
(2) Publiés par le colonel Vasiliy Savkin. de l’Académie Militaire Frounze.
(3) Colonel A.H. Sidorenko – « L’Offensive ». Le colonel Sidorenko a été professeur à l’Académie Frounze.
(4) « Stratégie militaire soviétique ».
(5) « La pensée militaire ».
(6) Article du général d’armée M. Shtemenko.
(7) NDLR : D’après le Military Balance 1980-1981, la France dépenserait 3,9 % de son PNB à la défense, contre 3.3 % pour la République Fédérale d’Allemagne. La Grande-Bretagne, dont le PNB est inférieur d’un tiers à celui de la France, consacrerait 4,9 % de celui-ci à sa défense.
(8) NDLR : La France a cinq sous-marins nucléaires lanceurs d’engins en service, plus un en construction. Les Britanniques n’en ont que quatre.