Armée de terre - Les Transmissions : le réseau intégré des transmissions automatiques ; le réseau d'infrastructure des transmissions de l'Armée de terre
Les transmissions
Dans la chronique du numéro d’août-septembre 1980, un article était réservé aux transmissions, et plus particulièrement à l’organisation générale et à l’évolution de cette arme sur le champ de bataille. Aujourd’hui des précisions supplémentaires viennent compléter cette chronique, et notamment des informations sur les transmissions des forces et sur les transmissions d’infrastructure.
Les transmissions des forces : le Rita
Le Réseau intégré des transmissions automatiques (Rita) est un système de transmissions entièrement nouveau. Il a été conçu pour satisfaire les besoins en télécommunications d’un corps d’armée du corps de bataille dans le domaine de :
– la téléphonie (fil ou radio) ;
– la télégraphie (fil ou radio) ;
– la transmission d’images ou de données ;
Il répond à une double exigence ;
– la permanence et la sécurité absolue des liaisons ;
– la facilité pour les différents postes de commandements (PC) de se raccorder au réseau, quelle que soit leur place dans la zone du corps d’armée.
C’est un réseau maillé, d’une grande souplesse d’emploi, qui s’enroule et se déroule au rythme de la manœuvre interarmes. Il est constitué de centres nodaux reliés entre eux par des faisceaux hertziens. Les PC en stationnement sont rattachés à ces centres par des liaisons hertziennes et les PC mobiles par intégration radio.
Le centre nodal est le pion de base du système. C’est lui qui permet de réaliser le maillage et les raccordements. Il est autonome. Il assure ses déplacements, sa mise en œuvre et sa sécurité par lui-même. Il est prêt à fonctionner en 2 heures. Il est démonté en 1 heure. Il dispose des moyens techniques suivants : 8 faisceaux hertziens, 1 central automatique numérique qui effectue automatiquement les routages nécessaires pour chaque communication et 1 convertisseur de raccordement radio qui permet d’établir 9 communications simultanées avec des abonnés radio.
Les PC de corps d’armée permettent de raccorder au réseau plus d’une centaine d’abonnés de toute nature. Ils disposent de leur propre central et sont reliés par faisceaux hertziens à 2 ou 3 centres nodaux. Les PC de division autorisent le raccordement au réseau de plusieurs dizaines d’abonnés de toute nature. Ils ne peuvent fonctionner que s’ils sont reliés à un centre nodal par des faisceaux hertziens.
Le raccordement par intégration radio (PC tactique, unités mobiles…) permet à un abonné isolé ou en déplacement dans la zone du corps d’armée de disposer des mêmes possibilités en téléphone et télégraphie que les abonnés d’un PC en stationnement.
Le Rita est un réseau maillé, totalement numérique, dans lequel le montage nécessaire à l’acheminement de chaque communication est établi par la technique dite « de diffusion d’appel ». Ceci lui permet de rester opérationnel malgré des destructions importantes. Chaque jonction, qu’elle soit de maillage ou de raccordement, est chiffrée automatiquement et électroniquement, chaque abonné est caractérisé par un numéro d’appel qu’il conserve quelle que soit sa position géographique dans la zone du corps d’armée. Le Rita peut être raccordé sans difficultés ni délais à un système Rita voisin de la 1re Armée ou des autres corps d’armée, aux réseaux d’infrastructure civils et militaires (PTT et Ritter) et aux réseaux des forces alliées. Il équipera définitivement les forces à partir de 1982. L’Armée de terre française figurera alors parmi les rares armées du monde à disposer d’un système de transmissions des forces automatique, entièrement numérisé et capable d’absorber en toute sécurité la charge intense du trafic à laquelle on doit s’attendre.
Les transmissions d’infrastructure : le Ritter
La modernisation et la restructuration du réseau de télécommunication d’infrastructure ont été décidées en 1969 pour doter l’Armée de terre d’un système souple et fiable, indépendant du réseau des PTT.
Le Réseau d’infrastructure des transmissions de l’Armée de terre (Ritter) est conçu, organisé et équipé en vue d’assurer au profit des forces terrestres, des organismes interarmées et, le cas échéant, des autorités gouvernementales, l’acheminement, dans les délais et les conditions de sécurité souhaitables, des informations nécessaires à l’exercice du commandement, et ceci en dépit de la neutralisation ou de la destruction du système.
Il présente les caractéristiques suivantes :
– couverture du territoire national et raccordement possible et rapide aux réseaux des forces (Rita) ;
– interconnexion possible avec les réseaux air et marine ;
– maillage offrant la redondance ;
– agencement des moyens de commutation ;
Le réseau de base national dessert, à partir d’un quadrangle central comportant 4 centres d’émission primaires, 7 centres principaux correspondant aux régions militaires, reliés par des faisceaux hertziens troposphériques, des liaisons radio BLI (bande latérale indépendante) et des liaisons radio-téléimprimeurs.
Livré en 1977, le réseau de base a nécessité la création ou la refonte de 23 centres de transmissions, l’installation de 80 terminaux hertziens, celle de 11 Centres automatiques de relais télégraphiques (Cartel) et de 11 centraux téléphoniques aux nœuds du maillage. Sa possibilité de service est importante. Dans chaque nœud, le Cartel, par exemple, effectue électroniquement les opérations suivantes :
– vérification de l’identité du correspondant au moyen de son numéro de voie ;
– lecture de l’urgence ;
– recherche d’une voie sortante libre desservant le destinataire du message ;
– émission du message ;
– détection des erreurs de procédure ;
– interruption temporaire du trafic en cours pour laisser le passage à un flash.
La sécurité du système est assurée par une duplication systématique des équipements.
Le réseau de base est en cours de prolongements, de manière à réaliser l’intégration du système d’infrastructure desservant les forces françaises stationnées en Allemagne, à étendre les avantages du réseau de base aux PC des divisions militaires territoriales et aux garnisons importantes, enfin à offrir des points de raccordement à l’infrastructure plus nombreux pour les forces en cours de déplacement ou d’engagement.
Au total, le Ritter couvrira 200 000 kilomètres de circuits permanents et desservira 620 cabines télégraphiques et 70 000 postes téléphoniques lorsqu’il sera livré complètement en 1982. ♦