Défense dans le monde - Suisse : les grandes manœuvres - Extension de la zone d'action de la Marine fédérale allemande - Le Section Air Service (SAS)
Suisse : grandes manœuvres
Les manœuvres du Corps d’armée de campagne n° 1 se sont déroulées du 17 au 20 novembre 1980.
Les buts de ces manœuvres étaient :
– de tester en vraie grandeur la mobilisation de grandes unités (la Division frontière n° 2, la Brigade de frontière n° 2) et d’éléments logistiques et territoriaux ;
– d’entraîner les grandes unités à la conduite de leur manœuvre, en toute indépendance, face aux actions planifiées d’un plastron ;
– d’étudier le travail des états-majors et la collaboration entre les armes, avec les troupes d’aviation et la DCA (Défense contre les aéronefs) ;
– d’assurer la réalisation du soutien logistique et sanitaire des troupes engagées.
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Ces manœuvres se sont déroulées en 4 phases, conduites en temps réel. Une phase préliminaire de 2 jours devait permettre aux états-majors « bleu » de réaliser leurs travaux de planification. Une phase I permettait aux unités de la brigade de rejoindre leur secteur de manœuvre, avec une phase II pendant laquelle la division occupait son dispositif de combat malgré les nombreux incidents qui perturbaient sa mobilisation. La phase III, enfin, voyait les unités engagées livrer leur combat à un plastron dont la progression était rythmée dans le temps et l’espace par la direction de la manœuvre. Le jeu des soutiens logistique et sanitaire se faisait en vraie grandeur.
Ces manœuvres ont été menées avec un grand souci de réalisme, et les incidents les plus spectaculaires se sont déroulés dans la ville de Neufchâtel où des wagons en stationnement dans la gare des marchandises, et surtout tout un quartier (voué à la démolition) ont été incendiés et détruits pour figurer un bombardement de la ville.
Les moyens engagés étaient également d’importance : plus de 20 000 hommes, environ 200 blindés, 140 pièces d’artillerie et quelque 70 avions.
Les enseignements officiels de ces manœuvres ne sont pas encore connus. Les observateurs invités ont été frappés par le sérieux de la préparation, la bonne tenue, l’allant, la discipline des exécutants à tous les niveaux, le souci de la protection du secret, du camouflage des installations, des dispositifs de sûreté. Ont été également remarquables la phase NBC (nucléaire, biologique, chimique), qui a marqué nettement la prise en considération de l’arme chimique, et l’utilisation de l’informatique pour l’arbitrage.
Il était possible de noter, en contrepartie, que l’engagement des blindés et des mécanisés semblait avoir été mené sans trop se soucier de réalisme et que le déroulement de certaines opérations avaient peut-être souffert d’une planification excessive.
En conclusion, cette manœuvre du Corps d’armée de campagne n° 1 a donné la confirmation de la valeur fondamentale du soldat suisse, du fantassin en particulier. Elle a apporté des vues intéressantes sur les incontestables progrès réalisés en matière de défense générale et de soutien logistique. Elle a bien illustré l’organisation et le rôle des brigades frontière.
Extension de la zone d’action de la marine fédérale allemande
Le 16 juillet 1980, le représentant allemand au Comité militaire de l’Otan faisait connaître la décision du conseil de sécurité ouest-allemand d’accepter que les navires et les aéronefs de la Bundesmarine opèrent désormais au nord du 61e parallèle.
Depuis sa création et jusqu’en 1973 la Bundesmarine n’agissait qu’en Baltique et en mer du Nord, aux approches des détroits. Cette limitation avait pour but de maintenir les unités allemandes à proximité du théâtre de leur mission prioritaire : les détroits baltes qui, à l’époque, ne pouvaient être menacés que de l’Est.
En 1973, une directive de l’Otan élargissait cette zone d’action jusqu’au 61° Nord et au Pas-de-Calais. Cette décision était motivée par l’importance économique et militaire croissante de la mer de Norvège et par la montée en puissance de la flotte soviétique en mer du Nord. Les détroits devaient être protégés face à l’Est, mais aussi face au Nord et à l’Ouest.
Le développement de la marine soviétique au cours des dernières années et les récentes crises au Moyen-Orient ont amené les États-Unis à renforcer leur présence navale dans l’océan Indien au détriment de la zone Atlantique.
Il a donc paru normal au gouvernement fédéral de proposer que, sans modification de sa mission prioritaire, la Bundesmarine contribue à l’effort commun en élargissant encore sa zone d’action et en la portant au-delà du 61° Nord. Cette offre s’est concrétisée dès le 27 octobre par le départ de Kiel et de Wilhelmshaven de 6 bâtiments de combat et de 2 auxiliaires pour une mission qui les a conduits au-delà du cap Nord.
La marine fédérale verra-t-elle dans les prochaines années son budget et ses effectifs augmenter proportionnellement à l’accroissement de sa zone d’action ? Pour l’instant rien n’est moins certain. Mais cet accroissement semble, par contre, bien répondre à un vœu déjà ancien des marins allemands qui s’exprimait sous cette forme :
« Nous sommes capables de nous occuper de la Baltique et d’une partie de la mer du Nord ; nous avons développé pour cela une marine cohérente. Nous sommes assez forts et riches pour cela. »
Le SAS
Unité d’élite, devenue très vite célèbre après sa création pendant la dernière guerre, le Special Air Service a fait une nouvelle fois preuve de sa valeur, en mai 1980, en libérant les otages de l’Ambassade d’Iran à Londres.
Spécialiste des actions discrètes, voire « spéciales », appelé à opérer sur tout le territoire européen et, en cas de guerre, sur les arrières de l’ennemi, le SAS est peu connu.
Ce corps aux effectifs réduits comprend pourtant 3 régiments, dont un d’active.
La cellule de base en est la patrouille ; elle regroupe 4 spécialistes (un transmetteur, un saboteur, un infirmier, un linguiste) qui ont tous une double qualification. Plusieurs patrouilles forment un peloton, dont la vocation est souvent spécifique (montagne, parachutiste, amphibie…). L’escadron est l’unité élémentaire, forte de 80 officiers et spécialistes. Chaque régiment comporte 4 escadrons.
Les personnels du SAS se caractérisent par :
– la rigueur de leur sélection ; 20 % seulement des volontaires de toutes les armes de l’armée de terre franchissent le cap des tests ; beaucoup abandonnent en cours de formation ;
– la qualité de leur entraînement ; la formation de base et la formation de spécialité ne constituent qu’une « initiation » ; l’entraînement réel à lieu ensuite et comprend tour à tour opérations amphibies, alpinisme, secours aux blessés, maniement des explosifs, raids dans le désert, manœuvres en pays froids… ;
– la spécificité de leur style de vie ; actifs et disponibles, les SAS sont fiers d’appartenir à une unité d’élite où règne l’autodiscipline, la confiance et le respect mutuels.
Ces qualités particulières les rendent aptes à des missions variées et difficiles qui vont de la lutte antiterroriste à la protection des personnalités, en passant par l’action ponctuelle et l’évaluation des possibilités de franchissement des enceintes de prison…
Ils remplissent chacune d’elles avec discrétion et efficacité. ♦