Afrique - Afrique du Sud : les élections d'avril 1981 - Vers de nouvelles relations entre la France et l'Afrique ?
Le 29 avril 1981 se sont déroulées en République sud-africaine des élections anticipées à l’assemblée législative et aux conseils provinciaux. À cette occasion, les différents partis en lice ont présenté leurs programmes. Ceux-ci, comme d’habitude, ne comportaient aucune perspective vraiment concrète pour définir le statut de la majorité noire qui ne participait pas au scrutin. Le parti national, divisé en fraction « éclairée » et fraction « crispée », bien qu’il détienne le gouvernement, n’a pas expliqué la politique réformiste que M. Botha, le Premier ministre, serait appelé à appliquer en cas de victoire. L’opinion ignore même laquelle de ces tendances a dominé, au sein du parti, lors de la désignation des candidatures, puisque ces désignations, comme toutes les délibérations du parti national, se sont faites à huis clos. Il est donc impossible de savoir aujourd’hui si sa représentation au nouveau parlement est « éclairée » comme le souhaitait probablement M. Botha, ou « crispée ». L’opposition la plus représentative, celle du parti progressiste (Progressive Federal Party, PFP), qui recrute principalement en milieu britisher, chez les cadres ou dans le monde des affaires, rejette la politique actuelle dont l’objectif est de fragmenter la population noire pour maintenir la domination blanche : il propose la création d’une seule Nation sud-africaine. Cette Nation comprendrait quatre groupes égaux en droits et serait dotée d’un pouvoir central fédéral dont le fonctionnement, défini par une constitution rigide, garantirait les intérêts de chaque groupe et comporterait une charte détaillée des droits de l’homme. La seule chance dont dispose le PFP pour imposer ce programme ne passe pas par l’approbation des électeurs, mais par le ralliement à ses thèses, sur le plan parlementaire, des députés du parti national les plus inquiets du risque que fait courir à la communauté blanche l’immobilisme d’un gouvernement paralysé par la crainte de déplaire à la fraction « crispée » du parti. Il existe un précédent dans l’histoire sud-africaine.
À l’entrée en vigueur de l’Union Act, en 1910, le débat politique s’était engagé entre deux tendances : les « unionistes » (Jameson), en général appuyés par les Britishers, désiraient la formation d’une seule communauté blanche ; les « nationalistes » (Botha) aspiraient à maintenir l’identité propre de chacun des deux principaux groupes linguistiques et culturels de race blanche. Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces deux tendances n’avaient pu gouverner, l’une comme l’autre, qu’en s’alliant à des formations moins importantes et affichant des opinions plus nuancées ; mais, en 1933, devant la montée de la propagande hitlérienne, les « unionistes » du maréchal Smuts avaient pu obtenir l’appui des modérés de la tendance « nationaliste » (Hertzog) et isoler ainsi la fraction boer la plus irréductible qui, sous la houlette de M. Malan, forma le parti nationaliste purifié. Le pays était alors confronté à un problème crucial pour l’époque : celui de savoir si l’Union serait capable de résister aux mirages de la propagande allemande et de se maintenir sous la tutelle britannique. L’éclatement du parti national avait permis à l’Afrique du Sud de rester aux côtés des Alliés de 1939 à 1945 et de participer à la victoire contre l’Allemagne. Certains membres de l’opposition actuelle espèrent avoir l’occasion d’agir de la même manière avec le parti gouvernemental. Pourtant cette éventualité ne serait pas vraisemblable.
Le parti national est issu de la fraction irréductible boer. Dans l’immédiat après-guerre (1948), toujours dirigé par le docteur Malan, il a pu s’emparer du pouvoir par les voies légales ; il a conduit l’Afrique du Sud à se séparer du Royaume-Uni et du Commonwealth en 1961. Les craintes, soulevées dans la communauté blanche par la décolonisation du continent africain, ont largement contribué à le maintenir au pouvoir depuis 1948. Son influence n’a fait que croître jusqu’en 1966, comme en témoignent ces chiffres : 94 députés en 1953 contre 64 à l’opposition ; 103 en 1958 contre 53 ; 105 en 1961 contre 51 ; 126 en 1966 contre 40. Elle a stagné en 1970 avec 117 députés contre 48 et en 1974 avec 120 députés contre 51, mais a repris son essor en 1977, faisant le meilleur score : 135 contre 30.
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