Afrique - Angola, Namibie : les deux faces d'un même combat ? - Succès diplomatique de la Libye et du Maroc au sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Nairobi (Kenya)
L’indépendance de l’Angola a été proclamée le 11 novembre 1975. Depuis cette date, la fraction de la population qui soutient le MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola) et qui est composée en grande partie par les métis et assimilados (indigènes ayant été considérés comme assimilés par les colons portugais) des villes, n’a réussi ni à contrôler toute l’étendue du territoire national ni à restaurer l’économie. Le pays, qui bénéficie d’un des potentiels les plus prometteurs d’Afrique, n’arrive ni à nourrir ses 7 millions d’habitants, auxquels il faut ajouter quelque cent mille réfugiés zaïrois, namibiens et sud-africains, ni à remettre en route les cultures industrielles. La production de café est tombée, par exemple, de 240 000 tonnes en 1974 à moins de 80 000 en 1980 ; la baisse en quantité s’est accompagnée d’une dégradation de la qualité qui favorise la concurrence sur un marché international souvent difficile. Dans le domaine minier, le diamant a retrouvé son niveau de production d’avant-guerre (un peu plus d’1 M de carats, soit 5 % de la production mondiale), le pétrole reste exploité et prospecté par des sociétés occidentales qui ont constitué des sortes de « cités étrangères et interdites », ravitaillées de l’extérieur (Gabon) et protégées, ainsi que les installations pétrolières, par des détachements cubains ; à l’instar de la Gulf Oil au Cabinda, territoire angolais enclavé dans le Zaïre et le Congo ou encore de Total et d’Elf-Aquitaine au sud de l’embouchure du fleuve Congo et au large de Luanda. En revanche, l’exploitation des mines de fer et l’extraction du minerai de manganèse ont pratiquement cessé. Le gouvernement table sur les ressources que peut lui procurer le développement de l’industrie pétrolière pour restaurer une économie dont la chute est d’autant plus sensible que les opérations de guerre avaient artificiellement entraîné, de 1960 à 1975, un essor spectaculaire.
La grande difficulté rencontrée provient de l’absence presque totale de cadres et de main-d’œuvre qualifiés, les éléments éduqués de la population s’étant expatriés ou occupant des fonctions dans le gouvernement, l’administration et l’armée populaire. Les pays de l’Est fournissent une assistance technique difficilement chiffrable et apparemment mal adaptée aux conditions locales. Dans le domaine de la sécurité d’abord : 5 000 Soviétiques en moyenne offrent leur appui logistique aux forces armées populaires de libération de l’Angola ; 2 000 Allemands de l’Est entraîneraient la police ainsi que les organismes de renseignement et rempliraient des fonctions médicales ; il y aurait également des coopérants soviétiques dans divers secteurs de l’économie. L’aide en personnel la plus importante est fournie par Cuba : plusieurs milliers de coopérants cubains sont employés dans l’enseignement, le service de santé et la reconstruction. À ce chiffre, il faut ajouter les quelque 15 000 militaires cubains stationnés au Cabinda et dans les principales villes du nord et du centre, pour faire peser une présence militaire dissuasive, notamment en assurant la protection des transports ; cependant, ils ne participeraient pas à des opérations offensives contre les diverses rébellions, opérations que l’Armée populaire angolaise, formée, équipée et instruite par la coopération militaire soviétique, se réserverait de conduire, sans grand succès jusqu’ici.
Le gouvernement a compris, dès avant le décès du président Agostinho Neto, que le pays ne parviendrait pas à se redresser sans l’aide de l’Occident. Déjà, dans le domaine de l’agriculture, il a fait appel à plusieurs milliers de coopérants portugais, et il n’a jamais cherché à mettre fin à l’aide occidentale pour l’exploitation et le développement des ressources pétrolières, sans lesquelles le pays n’aurait aucune chance de progresser ni surtout de survivre. Il semble même que les Soviétiques, forts de la position qu’ils occupent sur le plan politique et conscients de leurs faiblesses sur d’autres plans, conseillent une plus grande diversification de la coopération extérieure. Cette ouverture intéressante rencontre toutefois deux obstacles : les ressources pétrolières ont servi jusqu’à présent davantage à équiper les forces de sécurité et à financer les opérations militaires qu’à asseoir sur des bases solides une politique de développement économique ; d’autre part, le MPLA, devenu le parti du travail, qui détient le pouvoir à Luanda, ne donne pas encore une impression de grande représentativité. Instable depuis le décès du président Neto, il reste dominé par les métis, fraction très minoritaire et surtout trop occidentalisée pour être acceptée d’emblée par la population africaine.
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