Marine - Visite du Président de la République aux installations de la Force océanique stratégique (Fost) de l'Île Longue - Le réveil des mastodontes
Le 24 juillet 1981, le président de la République, M. François Mitterrand, accompagné du ministre de la Défense, M. Charles Hernu, du chef d’État-major de la Marine (CEMM), l’amiral Lannuzel, du chef de son État-major particulier, le général de corps aérien Saulnier, s’est rendu à Brest et a visité les installations de la Force océanique stratégique de l’Île Longue et le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Terrible, en instance d’appareillage pour une patrouille. Il s’est fait présenter par le commandant, le capitaine de frégate Berges, les deux tiers de l’équipage non de quart rangés sur le quai, soit environ 90 hommes. Il a déjeuné sur le sous-marin et assisté à son appareillage. Il a ensuite fait part de ses impressions à la presse et répondu aux questions des journalistes. Nous donnons ci-dessous les déclarations du président de la République sous la forme impromptue qu’il leur a données.
« Vous savez que peu nombreux sont les sous-marins, comme on dit, nucléaires, dans le monde. La France dispose de cette arme qui est peut-être l’élément principal de sa stratégie militaire de dissuasion, non pas pour faire la guerre, mais pour qu’il n’y ait pas de guerre. J’ai été très intéressé de rencontrer des équipages, des officiers, des responsables, des ouvriers qui, aussi bien dans les ateliers que dans ce sous-marin, participent à cet effort. Vous venez d’assister au départ de ce sous-marin. Il part pour plusieurs semaines, plusieurs mois. C’est un moment, pour moi, très fort, de rencontrer ces hommes au moment du départ, quand on sait aussi le poids de leur mission, puisqu’il y a, comme vous le savez sans doute, contact direct entre le président de la République et le sous-marin. Le problème de transmission a été réduit au point qu’il suffit d’une communication directe entre le chef de l’État et le sous-marin nucléaire lanceur d’engins. Cette réduction du temps de transmission est un des éléments déterminants de la valeur dissuasive puisque le problème du temps est un de ceux qui déterminent les rapports de puissance.
C’est la première fois que je visitais un sous-marin de cette sorte. J’ai donc passé une matinée à apprendre des choses qui me seront utiles, qui le sont déjà, et qui me confirment dans l’idée qu’un grand pays comme le nôtre doit d’abord disposer des moyens de son indépendance, et ensuite disposer des moyens de faire que la guerre ne naisse pas des types de conflits qui occupent la scène du monde. À partir du moment où cette force existe, on sait ce qu’est le poids et le coût de la guerre et, bien entendu, c’est un facteur déterminant pour qu’elle n’éclate pas. Je dois dire que l’état d’esprit de ceux que j’ai rencontrés marque bien qu’ils en ont conscience, une haute conscience de leur mission, de leur devoir et de certaines façons de voir la vie, du métier d’homme. Pour moi, ce doit être une expérience utile pour quand je rentrerai à Paris. À partir du moment où, à l’Élysée, comme vous le savez, se trouve un poste de commandement déterminant, il vaut mieux voir les choses comme elles sont. Mieux vaut voir les choses comme elles sont plutôt que de vivre dans des notions abstraites. C’est pourquoi j’ai tenu, après avoir visité Taverny, à continuer mon inspection de toutes les forces militaires françaises. »
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