François Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France, le grand Français, l’homme exceptionnel, l’ami si attachant qui vient de nous quitter brutalement, était l’un des animateurs les plus actifs du Comité d’études de Défense nationale qui édite cette Revue, puisqu’il fut le Vice-président de son conseil d’administration jusqu’en juin dernier. Il assurait cette charge, à côté de beaucoup d’autres, avec l’enthousiasme, la curiosité d’esprit, l’ouverture aux autres, l’élégance morale et la générosité toujours en éveil qu’il mettait dans toutes ses entreprises, auxquelles il apportait en outre son expérience incomparable du monde et des hommes. Lire la suite
Discours du Premier ministre lors de la séance d'ouverture de la 34e session de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le 14 septembre 1981. Lire la suite
Cet article est la présentation d'un rapport effectué par un groupe de travail sur la gestion de la défense présidé par M. Christian Schmidt à un colloque tenu à Paris-Dauphine en mai 1980. La première partie est consacrée à une vue d'ensemble de cette appréhension économique du problème de défense et à la gestion du système des hommes. Un deuxième article sera consacré au système des armements. Lire les premières lignes
Dans cet article, l'auteur s'élève à juste titre contre l'abus du langage militaire transposé dans l'économie. A-t-il pourtant réglé tous les problèmes de la défense économique, terme qui ne recouvre pas exactement celui de guerre économique ? Un pays, quel qu'il soit, vit dans un certain état de dépendance, ou d'interdépendance, vis-à-vis d'autres Nations du monde. Son gouvernement n'en cherchera pas moins à garder le maximum d'autonomie de décision, ce qui constitue en fait sa véritable indépendance et sa souveraineté. Ceci touche en particulier au domaine économique, et là l'auteur ne nous donne pas de réponse. Il a, par contre, tout à fait raison de ne pas vouloir faire de tout affrontement une cause de « guerre », même économique, et la coopération doit le plus souvent prévaloir. Lire les premières lignes
Cet article est le texte d'une conférence faite par l'auteur devant l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN). L'auteur, actuellement conseiller économique de la Société Générale, est un spécialiste des problèmes de défense, ayant été directeur des affaires économiques de l'Otan.
L'auteur cherche à mettre en évidence les principales difficultés du concept de dissuasion nucléaire, en y introduisant un élément de jugement d’ordre géostratégique. La situation n’est pas la même suivant que le défenseur est relié à l’agresseur potentiel par un espace terrestre ou se trouve être une île véritable. La France et les États-Unis représentent les deux types de situation. Les « subtilités » de la doctrine française sont imposées par sa continentalité, les « subtilités » de la doctrine américaine sont plus délibérément élaborées. Il faut en tirer les conséquences. Lire les premières lignes
Il y a deux cents ans, une troupe britannique mettait bas les armes après avoir défilé sur un air appelé « The world upside down ». Ce monde à l’envers était l’indépendance des États-Unis, obtenue par une opération interarmées et interalliée, menée après la réussite d’une concentration de moyens terrestres et maritimes extraordinairement dispersés. Certes, le mérite en revient à Washington et à La Fayette du côté américain, aux comtes de Grasse et de Rochambeau du côté français. Il y avait pourtant un autre responsable, Vergennes, dont la diplomatie a permis de gagner une guerre maritime, parce qu’il n’y a pas eu de front terrestre en Europe. Lire les premières lignes
Les lecteurs trouveront ici l’histoire de deux événements qui se sont produits à l'automne 1956, il y a vingt-cinq ans, c’est-à-dire hier. Ces deux évènements, qui ont eu lieu à peu près simultanément, ont réagi l’un sur l’autre sans avoir été liés à leur origine. Ils comportent bien des enseignements que l'auteur nous dégage. Ils ont été également lourds de conséquences pour la période actuelle. Lire les premières lignes
Au mois d'octobre 1980, à l'Université de Chicago, l'Inter-University Seminar on Armed Forces and Society (IUS) association regroupant près de mille membres tant universitaires que fonctionnaires civils et militaires, célébrait son 20e anniversaire. Au cours de la conférence qui s'est tenue à cette occasion, une cinquantaine de communications ont été prononcées devant plus de 200 participants venus du monde entier. Cet événement, surtout par les dimensions qu'il a revêtues, illustre l'importance acquise par la recherche relative à la res militaris. Lire la suite
Chroniques
La tension russo-polonaise continue à se développer selon une courbe sinusoïdale dont les mouvements sont fonction de facteurs politiques et économiques, tandis que l’URSS se réfère toujours au Pacte de Varsovie pour s’opposer à des changements qui affecteraient le régime lui-même. La capture d’une vedette iranienne par un commando monarchiste a montré que l’opposition à Khomeiny est plus diversifiée qu’on ne le pensait : les différentes tendances politiques restent séparées les unes des autres par des divergences fondamentales, cependant que dans certaines régions les mouvements centrifuges paraissent s’organiser. Lire les premières lignes
• Études, août-septembre 1981 : « La crise des rationalisations », par Jean Moussé SJ (pour Societas Jesu, jésuite). Dans cet article, le père Moussé commente les thèmes de Jürgen Habermas qui prolongent les travaux de Max Weber et des philosophes de l’École de Francfort. Celles-ci montrent que la société traditionnelle, dite « interactionnelle » par Habermas, a favorisé le développement des sciences et des techniques qui ont progressivement mis en place ce que Weber appelle une « rationalisation par les fins », les hommes assignant des objectifs à leurs actes et organisant leurs activités en conséquence. Il en est résulté la société industrielle moderne. La critique même de Karl Marx ne renonce pas à une rationalité scientifique et technique mais, au contraire, la développe et aboutit à la planification socialiste. Lire les premières lignes
En matière de défense, c’est incontestablement la décision du président Reagan de fabriquer la bombe à neutrons qui a dominé le débat au cours de cet été 1981. D’abord parce que cette initiative a nettement aggravé la crise ouverte avec l’URSS, ensuite parce qu’elle a ravivé au sein de l’Otan la querelle sur le déploiement de cette nouvelle arme, enfin parce qu’elle a mis en évidence, au sein de la majorité en France, les divergences existant entre socialistes et communistes. En de nombreux points on a retrouvé les arguments déjà avancés au cours de la controverse de 1977-1978. Jimmy Carter avait fini par classer le dossier. Pourquoi son successeur a-t-il pris la décision inverse ? Voici l’explication fournie par le général Buis dans Le Nouvel Observateur du 15 août 1981 : Lire les premières lignes
Depuis le départ des Britanniques, les États modérés de la région du Golfe, conscients de leur vulnérabilité et des convoitises qu’ils suscitent, n’ont cessé de tenter de mettre sur pied un système de défense communautaire. Entravés dans cette recherche par l’activisme de l’Irak jugé trop progressiste et de l’Iran qui n’est pas arabe, ces États s’étaient limités à des relations bilatérales, solution particulièrement souple permettant à chacun de préserver son identité et à l’Arabie saoudite de renforcer son rôle de protecteur. Lire les premières lignes
Trois événements valent d’être notés dans le domaine de la défense pour la période d’été : l’inspection du président de la République à l’Île Longue et son entretien avec la presse à cette occasion, les déclarations du ministre de la Défense sur le service national, la polémique concernant la bombe à neutrons. Lire les premières lignes
L’exposition d’armement Satroy VIII s’est tenue du 16 au 20 juin 1981 sur le terrain de l’établissement AMX proche de Versailles pour la huitième fois depuis sa création en 1967. Elle a réuni cette année plus de cent quatre-vingts exposants provenant des établissements d’État et de sociétés nationales ou privées. Elle a présenté : Lire les premières lignes
Le 24 juillet 1981, le président de la République, M. François Mitterrand, accompagné du ministre de la Défense, M. Charles Hernu, du chef d’État-major de la Marine (CEMM), l’amiral Lannuzel, du chef de son État-major particulier, le général de corps aérien Saulnier, s’est rendu à Brest et a visité les installations de la Force océanique stratégique de l’Île Longue et le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Terrible, en instance d’appareillage pour une patrouille. Il s’est fait présenter par le commandant, le capitaine de frégate Berges, les deux tiers de l’équipage non de quart rangés sur le quai, soit environ 90 hommes. Il a déjeuné sur le sous-marin et assisté à son appareillage. Il a ensuite fait part de ses impressions à la presse et répondu aux questions des journalistes. Nous donnons ci-dessous les déclarations du président de la République sous la forme impromptue qu’il leur a données. Lire les premières lignes
Il y a quelques mois est intervenu un événement aéronautique tout à fait révélateur des nouvelles tendances en matière de choix et d’emploi des matériels aériens : le retrait des Sud-aviation Caravelle III en service à la Compagnie Air France. Cette décision ne découle pas de considérations techniques qui mettraient en cause la qualité des appareils. Bien qu’ils aient une vingtaine d’années d’utilisation, ces avions offrent toutes garanties de fiabilité et sont encore fort appréciés par la clientèle (170 Caravelle sont en service et la Défense en exploite encore 4 de modèles 10R et 11R qui, plus récents, sont d’une exploitation relativement économique). Lire les premières lignes
Une nouvelle tentative de coup d’État est survenue à Banjul (Bathurst) durant les tout derniers jours du mois de juillet 1981, alors que le président Jawara se trouvait à Londres pour assister au mariage du prince héritier de la couronne britannique. Cet événement attire de nouveau l’attention sur la petite Gambie et, à travers ses problèmes, sur l’équilibre de la partie de la côte occidentale de l’Afrique allant de la Mauritanie à la Sierra Leone et où se glissent, au milieu de territoires francophones qui furent longtemps rivaux, une ancienne colonie portugaise, la Guinée-Bissau, et une vieille possession britannique, la Gambie, deux territoires dont les régimes politiques sont peu conciliables. Les problèmes frontaliers que l’on sait si difficiles à résoudre en Afrique y sont d’autant plus insolubles que deux de ces pays, la Gambie et le Sénégal, ont une composition ethnique presque identique, des dispositions géographiques complémentaires, des options politiques analogues, des régimes équivalents et n’ont de différence que l’empreinte laissée par leurs colonisateurs respectifs. La similitude de ces conditions contraint le plus petit d’entre eux à vouloir cohabiter avec son homologue dans un ensemble plus vaste où il pourrait resserrer ses liens avec celui-ci, tout en s’assurant une protection contre une emprise trop étouffante. Le président Jawara s’est employé à dessein, durant les années passées, à réconcilier le Sénégal de M. Senghor avec la Guinée de M. Sékou Touré. Il témoigna dans sa diplomatie d’une patience et d’une persévérance qui furent couronnées de succès, sinon dans le fond du moins dans la forme, puisque Conakry (capitale de la Guinée) fut associé au projet d’équipement du fleuve Gambie. Le projet, un peu trop ambitieux pour n’être pas longuement mûri, aurait pu continuer à s’élaborer avec la seule participation de Dakar et de Banjul ; en adjoignant la Guinée, Sir Dawda Jawara évitait un tête à tête qui serait devenu rapidement trop intime. Lire les premières lignes
* Mon pays dispose d’une force de dissuasion nucléaire autonome. Mais les conditions de l’équilibre mondial m’intéressent, et tout particulièrement de l’équilibre européen. Si l’on négocie, c’est pour qu’il n’y ait plus de menace pour personne. Lire la suite
Bibliographie
Lorsqu’en 1968 parut L’Islam en Union Soviétique (Payot) d’Alexandre Bennigsen et Chantal Lemercier-Quelquejay, d’aucuns perçurent dans cet ouvrage une curiosité d’universitaires très spécialisés. En 1981, les mêmes auteurs réitèrent avec Les Musulmans oubliés. Mais cette fois, après les événements d’Iran et d’Afghanistan et le bouillonnement général du monde islamique, l’importance des préoccupations de nos deux chercheurs n’échappe plus au public. Lire la suite
NDLR : Dans ce texte, le mot « socialisme » est entendu au sens qu’on lui donne en URSS. Lire la suite
On a signalé aux lecteurs de notre revue (livraison de février 1981) l’œuvre déjà abondante de Vladimir Volkoff, son talent très original, l’intelligence qu’il a des choses militaires. Un mot sur son dernier ouvrage, aimable essai philosophique qu’on pourrait sous-titrer : Éloge de la différence. Le Procuste qui lui sert de prétexte est ce brigand de l’Attique qui, plaçant ses victimes sur un lit-étalon, les raccourcissait ou les étirait à la mesure exacte de celui-ci. Ce tortionnaire égalitaire fait aujourd’hui école, et le complexe de Procuste élargit sans cesse son domaine, « monde gris de l’indifférence ». Mais le livre n’est rien moins que triste, car l’auteur nous fait partager, en de plaisants aperçus, sa passion joyeuse pour le « monde gai de la différence ». Lire la suite
Cet ouvrage rassemble les contributions d’une vingtaine d’auteurs ayant participé au 30e symposium du mouvement Pugwash tenu à Toronto au Canada en 1978, et c’est pourquoi M. Pierre Elliott Trudeau l’a gratifié d’un avant-propos. Lire la suite
Voici une étude importante, ample et documentée sur la période 1943-1950, portant sur les rapports entre les États-Unis et l’URSS. Son titre tranchant traduit un manque d’objectivité que la lecture confirme peu à peu. La paix dont il traite est la paix virtuelle qui aurait pu s’établir à la cessation des hostilités entre l’Axe et le reste du monde. Son saccage est en réalité un avortement. Il paraît bien présomptueux de l’imputer à tel régime plutôt qu’à tel autre, à tel homme d’État plutôt qu’à son vis-à-vis. Or, c’est ce que fait, assez subtilement, l’auteur. Lire la suite
François Seydoux de Clausonne, Ambassadeur de France, le grand Français, l’homme exceptionnel, l’ami si attachant qui vient de nous quitter brutalement, était l’un des animateurs les plus actifs du Comité d’études de Défense nationale qui édite cette Revue, puisqu’il fut le Vice-président de son conseil d’administration jusqu’en juin dernier. Il assurait cette charge, à côté de beaucoup d’autres, avec l’enthousiasme, la curiosité d’esprit, l’ouverture aux autres, l’élégance morale et la générosité toujours en éveil qu’il mettait dans toutes ses entreprises, auxquelles il apportait en outre son expérience incomparable du monde et des hommes.
Diplomate dans l’âme, tant par tradition familiale que par vocation personnelle profonde, il avait occupé les postes les plus éminents avant d’être nommé Conseiller d’État. Il avait notamment été Directeur des Affaires d’Europe, Ambassadeur en Autriche, Représentant de la France au Conseil de l’Otan. Mais c’est l’Allemagne qui fut sa résidence d’élection ; il y était né en 1905, alors que son père y était secrétaire de notre ambassade à Berlin, il y était retourné lui-même comme secrétaire de cette ambassade avant la guerre, il y était revenu ensuite dès la capitulation comme conseiller de notre Haut Commissaire, et il y fut enfin notre ambassadeur pendant neuf ans et à deux reprises, ce qui est tout à fait exceptionnel et témoigne de l’estime dans laquelle le tenait le général de Gaulle. Il avait tiré les enseignements de son incomparable connaissance de ce pays et de son peuple dans deux livres qui furent très remarqués et qui font maintenant autorité en la matière : Mémoires d’outre-Rhin et L’intimité franco-allemande.
Resté profondément attaché à la Carrière, qu’il avait ainsi servie avec tant d’éclat, il en avait résumé tout récemment l’expérience dans un livre savoureux : « Le métier de diplomate », qu’il considérait un peu comme son testament professionnel. C’est avec sa verve, sa fougue, sa chaleur humaine qu’il y avait décrit « le Quai », « le Département » et ses « Agents », en nous expliquant le pourquoi de leurs usages et le comment de leurs évolutions. S’il regrettait parfois ces dernières, ses jugements ne se départissaient jamais de la profonde sagesse et de la parfaite courtoisie qu’il possédait au plus haut point. Ses réserves sur les hommes, parfois teintées d’une légère ironie, étaient toujours exprimées sans la moindre méchanceté et même avec une sorte de tendresse indulgente, celle qui caractérise l’humour et l’humanisme les plus authentiques.
Dans ce livre il nous avait donné aussi, avec son talent d’écrivain qui égalait son exceptionnel talent d’orateur, de charmants tableaux de son enfance, dans le Gard et à Clausonne en particulier, dans cette propriété qui lui était si chère, et aussi de sa famille, cette grande famille protestante qui a si bien servi notre pays. Dans ces récits transparaît sa sensibilité qui était grande mais s’exprimait toujours avec beaucoup de pudeur.
Enthousiaste, chaleureux, fidèle et généreux, tel nous apparaît dans ce livre François Seydoux de Clausonne, et tel il était effectivement dans la vie. C’est le souvenir que garderont de lui avec respect et affection tous ceux qui ont eu le privilège de le connaître.
Jusqu’à ces derniers moments, qui furent lucides, courageux et empreints de sérénité, sans doute parce qu’il détenait deux certitudes : son patriotisme et sa foi, il s’est intéressé à notre Revue avec passion. Nos huit mille abonnés et nos lecteurs infiniment plus nombreux qui sont répandus à travers le monde doivent donc aussi à ce « Grand Monsieur » un souvenir d’admiration et de reconnaissance. ♦
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