Revue des revues
• Dans notre chronique de janvier 1982 nous avions analysé un article de la revue britannique Survival faisant état d’échanges assez acrimonieux entre Européens et Américains à propos du fameux « trois pour cent » sur les budgets militaires. La revue américaine Armed Forces Journal en donne un bon exemple dans son numéro de novembre 1981, où un article intitulé « Theater Nuclear Weapons and Crisis in Europe’s Leadership » [Armes nucléaires de théâtre et crise chez les dirigeants de l’Europe] prend assez violemment à partie les gouvernements européens sous la forme d’une lettre ouverte signée d’un pseudonyme (Justin Galen) cachant une personnalité civile ayant appartenu au département de la Défense.
Cet article fait d’abord état d’une déclaration de M. Joseph Luns, secrétaire général de l’Otan, accusant les États-Unis de négliger l’arms control et de donner l’impression de rechercher la suprématie militaire. Les tensions qui résultent du problème des armes de théâtre, dit Justin Galen, sont devenues une affaire grave car les critiques faites par d’autres membres de l’Otan (la France n’est pas citée) n’ont pas le caractère modéré des remarques de M. Luns, et les réactions américaines sont violentes. Il est donc temps, pense l’auteur, que les Européens entendent quelques dures vérités. Ce sont eux qui sont à l’origine de la « double voie » (double track) consistant à mener de pair l’installation d’armes nucléaires de théâtre à longue portée et la recherche d’une réduction du nombre de ces armes par la négociation.
Les États-Unis vont donc se lancer dans cette dernière qui n’est pas du tout sûre d’aboutir. Tout au plus obtiendra-t-on quelques mesures dites « de confiance ». Pendant ce temps, les Soviétiques amélioreront leur arsenal dans tous les domaines, et l’aspect arms control sera dangereux. Les Américains ne suivent cette voie que pour des raisons de politique intérieure propres aux pays européens. Il peut en résulter un échec sur tous les tableaux, et les deux voies étant alors bouchées, la fin de l’Alliance. En effet « nous n’avons confiance ni en votre volonté ni en votre courage ni en vos dirigeants ». Le Congrès et l’opinion publique américaine risquent de ne plus apporter le soutien nécessaire au maintien des Forces américaines en Europe.
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