Institutions internationales - Les Occidentaux et l'Est - Nouvelles négociations sur Gibraltar - Un nouveau président à l'Assemblée européenne de Strasbourg - Débat sur le Golan au Conseil de sécurité
Le maintien de l’« état de guerre » en Pologne reste l’un des éléments essentiels des relations internationales, mais s’il a été le thème de réunions des pays membres du Pacte de Varsovie et de ceux de l’Otan, il n’a eu aucune répercussion officielle aux Nations unies. Dans sa première conférence de presse, le 21 janvier, le nouveau secrétaire général de l’Organisation, M. Perez de Cuellar, a indiqué que celle-ci n’avait recueilli « aucune preuve d’intervention étrangère » et qu’il n’y avait eu « aucune demande d’un État membre de porter la question devant le Conseil de sécurité ».
Après l’affaire de Hongrie en 1956 et celle de Tchécoslovaquie en 1968, l’ONU était intervenue, non pour imposer le retour à la légalité (elle n’en a pas les moyens matériels, en supposant qu’elle s’en voit confier la responsabilité politique), mais pour savoir ce qui s’était réellement passé, et des commissions spéciales avaient été créées. En dépit de la présence de troupes soviétiques sur son territoire (dans le cadre du déploiement des forces du Pacte de Varsovie) et de la mise sur pied de guerre, à ses frontières, de celles de la RDA (Allemagne de l’Est) et de la Tchécoslovaquie, la Pologne a été considérée juridiquement comme ayant, sans ingérence étrangère, pris seule les décisions qui lui paraissaient répondre à une situation qu’elle a appréciée en toute liberté. L’ONU n’aurait pu émettre une opinion que si elle avait été saisie par l’un de ses membres. Son silence a entériné la fiction de la non-intervention soviétique.
Les Occidentaux et l’Est
La crise polonaise a incité les membres de la CEE (Communauté économique européenne), puis ceux de l’Otan, à se réunir à Bruxelles à une semaine d’intervalle, début janvier. Le 4 janvier 1982, la déclaration des « Dix » de la CEE a été plus « musclée » que prévu. Comme M. Mitterrand, qui avait dénoncé dans ses vœux de Nouvel An « le système qui opprime » les Polonais, les « Dix » ont mis en cause « l’incapacité des systèmes totalitaires », tels que ceux de l’Europe de l’Est, à répondre « aux aspirations les plus légitimes des peuples ». Les pressions de l’URSS et ses campagnes « contre le renouveau polonais » ont été expressément dénoncées, et toute éventuelle « intervention ouverte du Pacte de Varsovie » a fait l’objet d’une « solennelle » mise en garde. Les « Dix » ont rappelé la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’Acte final de la Conférence d’Helsinki, ce qui a servi de prétexte à l’agence Tass pour dénoncer une « violation des Accords d’Helsinki ». Par ailleurs, l’agence Tass a accusé les « Dix » d’avoir « tenté ouvertement de s’ingérer dans des questions qui ne sont que de la seule compétence des Polonais et ont ainsi violé les termes des accords d’Helsinki et de la Charte des Nations unies ». Il y a là une erreur trop souvent répandue. Il n’y a pas eu d’« Accords d’Helsinki » : la conférence qui s’est tenue dans la capitale finlandaise en juillet 1975 s’est conclue par un « Acte final » qui exprime des intentions, mais qui n’est pas un acte juridique au sens du Droit international. Mais que valent encore ces instruments diplomatiques ? Ces références à des textes qui voulaient introduire la morale dans la politique ont un impact d’autant plus faible que l’arme économique – la seule qui pourrait être efficace – est très difficile à manier. D’une part elle risquerait de se retourner contre la population polonaise, que les « Dix » entendent secourir. D’autre part, des sanctions contre l’URSS pourraient affecter les économies occidentales. De toute manière, leur efficacité supposerait une meilleure coordination des politiques nationales, et certains pays, dont la RFA (République fédérale d’Allemagne), ont montré qu’ils donnaient la priorité à leurs échanges avec l’Est.
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