Marine - Le budget de la Marine pour 1982 - Le bilan de l'activité de la Marine en 1981
Le Budget de la Marine pour 1982
Le budget de la Marine s’élève, en 1982, à 21 952 millions de francs en crédits de paiement, dont 10 462 pour les dépenses de fonctionnement (Titre III), soit 47,7 %, et 11 490 pour les dépenses d’investissement, soit 52,3 %. En autorisations de programme, la Marine reçoit 12 490 MF.
Dans ses vœux aux armées, le ministre de la Défense a souligné que l’année 1982 sera marquée par une série de décisions importantes. Dernière année de la Loi de programmation (LPM) 1977-1982, première année du plan intérimaire de deux ans dans l’attente de la prochaine loi de planification militaire de cinq ans, l’année 1982 est à la fois celle du bilan et, avec 1983, celle de la définition des grandes options futures. Budget en quelque sorte de transition, le budget 1982 de la marine mérite d’être observé sous ces deux aspects.
Votée en 1976, la LPM s’achève cette année sur un constat relativement satisfaisant pour la Marine. Les objectifs qui avaient été fixés sont en voie de réalisation dans leur ensemble. On pourra même constater que la part du budget de la Marine dans celui de la Défense, qui avait été fixée à 18,3 %, est dépassée puisqu’elle atteindra 18,73 % en 1982 en structure de programmation. Au-delà de ces chiffres, il faut cependant garder présent à l’esprit que le court, le moyen et le long terme sont pour la marine, sans doute plus que pour les autres armées, indissociables. Le Chef d’état-major (CEMM) le rappelait encore récemment, la construction d’une marine est affaire de continuité, de volonté, de ténacité. Ces efforts sont concrétisés par la maquette Marine 2000, approuvée en 1978, et dont le programme de réalisation s’est dans un premier temps adapté aux prévisions financières de la loi de programmation. En ce sens, le budget 1982 traduit la continuité de l’effort de renouvellement de la flotte. Ce renouvellement pourra-t-il être poursuivi harmonieusement ? La réponse ne pourra être fournie que par la prochaine loi de planification 1984-1988. À ce titre, le niveau des autorisations de programme du budget 1982, gage de l’avenir, et sa faible progression (12,2 %) ont déjà été commentés largement dans la presse.
Pour ne pas s’essouffler, le programme de renouvellement de la flotte, dont l’horizon 2000 est déjà repoussé à 2005, doit être alimenté par un flux d’autorisations de programme qui tienne compte des coûts réels des matériels et équipements mais aussi de leur évolution. La maquette Marine 2000 a été établie sous enveloppe financière, avec des hypothèses économiques qui, à l’heure actuelle, sont sous-évaluées. On estime en effet que la perte de pouvoir d’achat de la marine atteint 6 % en volume, par rapport aux estimations initiales, en raison de l’évolution des différents facteurs économiques.
Par ailleurs, la construction des SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) n’était pas prise en compte financièrement dans la maquette. Le 6e SNLE a dû être financé par la section marine. Quand on sait que le coût d’un nouveau SNLE représente à peu près une annuité de constructions neuves de la flotte, on conçoit que la décision concernant le financement d’un 7e SNLE peut avoir une influence déterminante sur la réalisation des autres programmes.
C’est dans ce contexte de bilan et de perspectives que se situe le budget 1982, dont on peut maintenant examiner les grands équilibres.
Avant 1980, les dépenses de fonctionnement étaient supérieures à celles d’investissement. La tendance s’est inversée avec le budget 1981. Traduisant l’effort de constructions neuves, le Titre V est en 1982 supérieur de 1 milliard au Titre III.
Le Titre III, en augmentation de 17,25 % par rapport à 1981, est pour un peu plus de la moitié consacré aux rémunérations des personnels. La priorité est ensuite donnée aux carburants et combustibles opérationnels, ainsi qu’à l’entretien programmé des bâtiments et aéronefs, afin que soit maintenu le niveau opérationnel des forces. Cette priorité a pour conséquence un effort particulier d’économies sur les chapitres de fonctionnement.
Pour le Titre V, les priorités portent sur le niveau des crédits accordés à la Fost (23,2 %) et les constructions neuves.
Le bilan des livraisons pour l’année 1982 a été présenté lors de la précédente chronique. II est le reflet de l’effort de renouvellement entrepris.
On pourra s’étonner du faible niveau des crédits accordés à l’aéronautique navale (13,5 %). Cela traduit le fait que l’année 1982 voit s’achever le financement des programmes majeurs Super-Étendard et hélicoptères Lynx, alors que l’industrialisation du très important programme des avions de patrouille maritime ANG (Atlantic nouvelle génération) n’a pas encore débuté.
Ce programme de l’aéronautique navale est par contre privilégié dans les autorisations de programme, où sa progression est de 43 %. Une autre progression importante des AP (30 %) concerne les crédits de la Fost (Force océanique stratégique).
Dans le cadre du plan intérimaire, le budget 1982 de la Marine est donc bien un budget de transition. Les décisions importantes annoncées par le ministre de la Défense ne seront prises en compte qu’à partir de 1983.
Les préoccupations économiques auxquelles est confronté l’ensemble de la nation apparaissent dans le budget 1982. On ne connaît pas encore quelles en seront les conséquences en 1983. Il est certain que la marine y sera très attentive en raison des importants programmes qu’elle poursuit ou doit lancer dans un avenir proche (porte-aéronefs, corvettes antiaériennes et anti-sous-marines, sous-marins nucléaires d’attaque, bâtiments de service public...).
Bilan de l’activité de la Marine en 1981
Au cours de l’année 1981, les bâtiments de la Marine nationale ont accompli 380 000 heures à la mer, ce qui représente une moyenne de 85 jours, tous types de bâtiments confondus, et près de 100 jours pour les bâtiments de combat. La moyenne de l’activité des aéronefs est de 14 heures par mois.
L’activité est traditionnellement divisée en quatre grandes catégories, dont le poids en 1981 a été le suivant :
– activité opérationnelle (dissuasion, sûreté, présence) : 26 %,
– entraînement : 23 %,
– soutien des activités (transport, formation, concours) : 37 %,
– service public : 14 %.
Si l’on ne considère que les bâtiments de combat de plus de 1 000 tonnes, et les quatre grandes zones d’action de la marine, on constate que le théâtre atlantique absorbe 42 % de l’activité totale, la Méditerranée 18 %, l’océan Indien 31 % et l’océan Pacifique 9 %. Comparée à l’activité de 1980, la principale évolution concerne l’océan Indien, qui progresse de 6 % au détriment de la Méditerranée. Les chiffres montrent tout le poids de la présence française dans cette zone, où il faut par ailleurs remarquer que l’activité est pour 72 % opérationnelle (26 % pour l’ensemble de la Marine), et que les bâtiments qui y participent ont un taux de disponibilité particulièrement élevé.
La plus grande part de l’activité de service public est assurée par les bâtiments du Ponant (72 %), parmi lesquels ceux de l’escadre de l’Atlantique qui consacre près de 8 % de son activité à cette mission. Les avisos 69 de la flottille de l’Atlantique y consacrent, quant à eux, 21 % de leur activité. On voit donc que la réalisation du programme de bâtiments spécialisés de service public soulagera d’une manière importante les navires de combat, qui pourront ainsi consacrer plus de temps aux missions opérationnelles et à la préparation au combat. ♦