Institutions internationales - Deux appels à l'ONU - Nouvelles tensions gréco-turques - Le 25e anniversaire sans fastes du Traité de Rome
Le 16 mars 1981, M. Brejnev a annoncé que l’URSS avait décidé de proclamer unilatéralement un moratoire sur le développement des armements nucléaires dans sa partie européenne : les vieux engins SS-4 et SS-5 ne seront pas remplacés par des SS-20, du moins aussi longtemps que l’Otan n’aura pas commencé la « préparation pratique » de la mise en place des Pershing II et des missiles de croisière, décidée en décembre 1981 par le Conseil atlantique. Ce « gel » a été proclamé au moment où Washington annonçait une suspension « pour environ deux mois » des conversations de Genève sur les armements eurostratégiques.
L’URSS dispose d’environ 300 SS-20 (ce qui équivaut à 900 charges nucléaires) et d’à peu près le même nombre de SS-4 et de SS-5. M. Brejnev demande aux États-Unis que l’Otan n’installe pas les 572 Pershing et missiles de croisière, considérés comme nécessaires pour un rétablissement relatif de l’équilibre. Le président Reagan n’entend pas accepter ce rapport des forces, et le gouvernement ouest-allemand a, dès le 17 mars 1981, accusé Moscou de vouloir « maintenir le déséquilibre existant au profit de l’URSS », et déclaré officiellement que « les négociations de Genève ne peuvent être couronnées de succès que si l’Union soviétique est convaincue que les armes américaines seront effectivement installées en Europe à partir de la fin de 1983 », et le chancelier Schmidt s’est dit disposé à accepter l’installation des premiers Pershing sur le territoire de la RFA (République fédérale d’Allemagne). Ce n’est pas la première fois que Moscou tente de faire cautionner une situation qui lui est favorable. Mais la dernière proposition de M. Brejnev s’inscrit dans un contexte nouveau : le Kremlin en espère une atténuation des tensions provoquées par l’invasion de l’Afghanistan et la « normalisation » en Pologne, peut-être une relance de la Conférence de Madrid, sans doute aussi de nouvelles discussions avant la session du Conseil atlantique à Bonn les 11-12 juin 1981, qui doit se tenir au niveau des chefs d’État et de gouvernement, et accueillir l’Espagne. Mais ce grand marchandage s’amorce alors qu’en Amérique centrale et au Moyen-Orient les tensions demeurent extrêmement vives.
Deux appels à l’ONU
Le Conseil de sécurité a été saisi à deux reprises. Le 19 mars 1981 d’abord, par le gouvernement du Nicaragua, qui accusait Washington de préparer une intervention armée contre son pays. Ce recours à l’Organisation internationale doit être replacé dans un contexte plus vaste : le Nicaragua et le Salvador sont de petits enjeux dans l’accord que de plus puissants qu’eux semblent vouloir rechercher. Des projets de médiation ont été esquissés. Mais, dans la mesure où Cuba y participerait, cela supposerait (compte tenu de la présence de troupes cubaines en Angola et du rôle de Castro dans le mouvement des pays non-alignés) que le dialogue déborde du cadre de l’Amérique centrale. Fin mars 1982, à la veille de la date prévue pour les élections au Salvador, tandis qu’au Guatemala un coup d’État venait de chasser le général Garcia deux semaines après sa réélection à la présidence, l’attention se portait plus sur les heurts et les dangers de contagion que sur les projets de médiation. Le 22 mars 1981, le Conseil de sécurité a été encore saisi, cette fois par le « groupe arabe » à propos de la situation dans les territoires occupés par Israël. À la mi-mars 1982, donc à quelques semaines de la date prévue pour l’évacuation du Sinaï, les troubles de Cisjordanie risquaient de mettre le feu aux poudres, et l’on se demandait si, par un effet de contagion, ils ne pouvaient pas provoquer une rupture entre Le Caire et Jérusalem. Amérique centrale et Moyen-Orient étaient au cœur des préoccupations internationales, et le Conseil de sécurité ne pouvait, une nouvelle fois, que prôner une modération dont il semble que nul ne comprenne les vertus.
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