Défense à travers la presse
Le débat sur les fusées eurostratégiques a été relancé à la mi-mars 1982 par la proposition de Leonid Brejnev de geler la situation à son niveau actuel. Les États-Unis, d’habitude plus circonspects en la matière, ont immédiatement réagi, dénonçant cette initiative comme une simple opération de propagande. Manifestement, Washington a cherché à éviter que l’Union soviétique ne marque des points auprès d’une opinion publique américaine de plus en plus sensible aux thèses antinucléaires. Il est de fait que le moratoire proposé par le numéro un soviétique apportait de l’eau au moulin des mouvements pacifistes.
D’ailleurs, dans Le Monde du 17 mars 1982, Vadim Zagladine, responsable du département international du PC (Parti communiste) soviétique, prenait soin d’insister sur le fait qu’il convenait de « faire de l’Europe un continent exempt de tous les types d’armes nucléaires », ajoutant : « l’Occident n’y est pas prêt alors que l’URSS est prête à le faire très rapidement ». S’adressant à un public français, M. Zagladine prenait cependant soin de reconnaître « la position spécifique de la France ». L’Humanité du lendemain était moins prudente et, pour bien montrer qu’existe un équilibre eurostratégique, elle incluait sans réserve l’arsenal français parmi les moyens de l’Alliance atlantique. Une fois de plus on en revenait à une querelle de comptables, ignorant que rien n’est plus délicat à décoder que des statistiques.
Après s’être demandé s’il ne s’agissait pas, de la part de Moscou, d’une manœuvre destinée à semer la division entre l’Europe et les États-Unis, Le Quotidien de Paris du 17 mars 1982 observait que la concession de Leonid Brejnev ne coûte pas très cher à l’URSS :
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