Revue des revues
• La revue Études publie, pour la troisième fois, un article du mystérieux Nicolas Polystratu dans son numéro d’avril 1982. Le sujet traité cette fois-ci est : « Des officiers pour la France ».
Pour l’auteur de cet article, « l’officier » est essentiellement celui qui est appelé à commander des hommes au combat. Il ne peut être simplement un « expert » ou un « bureaucrate » car, avec l’homme politique, il est le seul à résoudre « le double problème de la mort et de l’action ». Le politique détient l’autorité mais l’officier « exerce le commandement du Français-personne au moment du risque et du danger ». Il ne peut cependant être un simple « exécuteur des hautes œuvres ». Il doit parler et être entendu, problème mal résolu à l’heure actuelle. Il en résulte un excès d’ingérence du politique dans l’exécution et « le refus par l’officier des grandes conséquences du projet de défense français, particulièrement en ce qui concerne l’équipement des forces, leurs structures et leur organisation ». La relation entre le politique et l’officier pose des difficultés anciennes, car elle prend sa source dans les racines de la société. L’officier, « citoyen en uniforme », est différent du fait des exigences impératives de la discipline « dont le seul but est l’économie du sang ». Il en résulte que le pays éprouve une méfiance instinctive vis-à-vis de l’officier, et celui-ci doit en être conscient. Il n’appartient à personne, même pas à lui-même ; manifestation visible d’une volonté d’autonomie de décision et d’une capacité de dissuasion de la nation, et d’elle seulement, il doit être attentif au pays tout entier.
L’officier doit être « choisi », et Nicolas Polystratu insiste bien sur les problèmes de recrutement sans toujours bien justifier les solutions qu’il propose et qui paraissent parfois relever d’un choix un peu arbitraire. Mais, pour lui, il s’agit bien d’un choix « élitiste », tout le monde ne pouvant devenir officier. Il s’agit ensuite de donner une méthode de réflexion permettant « d’unir l’homme d’action et l’homme de pensée ». Il ne suffit pas d’avoir des techniciens et des spécialistes. Dès le début de la carrière, il faut donner une formation de décideur, comprenant de la géographie, un enseignement scientifique, la stratégie, la gestion générale, une instruction militaire de base. Plus tard, les écoles d’état-major et les écoles de guerre parachèveront cette instruction par les connaissances nécessaires à la conduite des opérations, mais rien ne saurait remplacer l’éducation qui est nécessaire à ceux qui sont faits « pour le temps de la difficulté, du risque et de la peur ». Il faut d’abord « la capacité de se situer » dans son arme, son armée, dans l’ensemble de l’institution militaire, dans la défense et le contexte international.
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