Défense dans le monde - À propos de la crise des îles australes (Falkland ou Malouines) - La situation au Kosovo - M. Evan G. Galbraith (ambassadeur américain à Paris) : la route de la défaite
L’occupation des îles Falkland et de la Géorgie du Sud, le 2 avril 1982, par les Forces armées de la République argentine, a révélé soudainement à l’opinion publique mondiale un différend vieux de 150 ans. L’ampleur des réactions diplomatiques, la dimension des opérations militaires, l’incertitude de la situation, font de ces régions, isolées et méconnues, l’enjeu d’une crise dont l’acuité semble, à première vue, disproportionnée avec leur importance économique, politique et stratégique.
Un aperçu historique sur l’archipel des Falkland, qui s’étend sur plus de 12 000 km2 (presque la superficie de la Bretagne), peuplé de quelque 1 800 habitants anglo-saxons, situé à 600 kilomètres au large des côtes d’Argentine, permettra peut-être de mesurer la complexité d’une longue histoire qui remonte en fait aux origines mêmes de l’arrivée des Européens dans cette contrée et d’apprécier les motivations profondes des deux parties en présence. Sans doute convient-il d’évoquer aussi la Géorgie du Sud, à 1 200 kilomètres plus à l’Est, et le groupe des Nouvelles Sandwich, plus éloigné encore, puisque la revendication argentine porte aussi sur ces terres âpres et glacées que la Grande-Bretagne rattache administrativement aux Falkland.
L’Argentine se tient pour l’héritière des possessions de la Couronne espagnole dans la partie de l’Amérique du Sud qui relevait de la vice-royauté de la Plata. À ce titre, elle considère l’archipel des Falkland comme son « patrimoine national ». On sait que, dès 1493, l’année même suivant le voyage de découverte de Colomb, le pape Alexandre VI eut à partager le monde entre les souverains d’Espagne et de Portugal.
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