Revue des revues
• Comme chaque année à pareille époque, l’Institut international d’études stratégiques de Londres (ISIS) publie son rapport sur la situation politique et militaire connu sous le nom de Strategic Survey.
Ce rapport rappelle d’abord qu’en 1981 il n’y a pas eu de changement majeur dans les structures internationales. Malgré les angoisses qui se sont manifestées en beaucoup d’endroits, les dangers d’une guerre nucléaire entre superpuissances n’ont pas augmenté. Les probabilités d’une crise majeure dans le Tiers-Monde restent les mêmes, mais les problèmes économiques ont pris une ampleur nouvelle. L’ISIS pense cependant que la dissuasion a pris une nouvelle tournure. Les forces nucléaires ne sont plus limitées que par des problèmes financiers et techniques et non par la définition de ce qui serait militairement nécessaire. Il en résulte que l’on ne peut définir ce que la maîtrise des armements devrait limiter. Il existe une crise dans l’Alliance, surtout entre les États-Unis et l’Allemagne fédérale, dont un point majeur est le problème de l’emploi de l’arme nucléaire dans une guerre limitée. Il est pourtant évident qu’une telle guerre fait courir d’énormes risques d’escalade. Les capacités de destruction massive des armes nucléaires restent en fond de tableau et « le terme si souvent vilipendé de destruction mutuelle assurée peut ne pas être seulement une stratégie parmi beaucoup d’autres, mais une condition fondamentale et une description de ce qu’est l’âge nucléaire ».
Il n’est pas possible d’analyser toutes les rubriques qui figurent dans cet ouvrage. Signalons cependant celle qui s’intitule « nouveaux facteurs de sécurité ». Elle comporte d’abord une étude sur la défense contre les missiles balistiques où l’on signale que d’importants progrès ont été faits dans les moyens à courte distance et basse altitude. Il semble cependant qu’aux États-Unis on ait abandonné la défense de zone, impossible à réaliser à 100 %, au profit de la protection d’objectifs ponctuels, silos de missiles par exemple. Le but de la défense antimissile serait désormais « d’obliger l’assaillant à consacrer un nombre plus important d’ogives aux attaques sur les objectifs militaires ». Le problème est alors celui du prix à payer et l’effet qu’auraient les défenses soviétiques analogues sur les moyens américains et alliés. Dans un débat difficile et très technique, il semble apparaître que, dans l’avenir, les stratégies seront peu modifiées, mais d’importantes recherches continueront dans ce domaine.
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