Défense à travers la presse
De même que les spécialistes militaires avaient suivi avec grand intérêt, en 1973, la bataille de chars dont le Sinaï fut le théâtre à l’époque, les états-majors analysent les conditions dans lesquelles se déroule la guerre des Malouines. Certains de nos confrères ont ouvert leurs colonnes à des experts pour recueillir leurs conclusions mais, d’une manière générale, la presse accorde beaucoup plus de place aux enjeux de ce conflit ou aux interprétations stratégico-politiques qu’il est censé faire naître. Dans la plupart des cas, les observateurs ne sont pas dénués d’arrière-pensées mais L’Humanité, en situant ces événements dans une perspective exclusivement coloniale, sans autrement nuancer sa pensée, a placé M. Fiterman dans l’obligation de désavouer cet excès.
Laissons de côté l’analyse des erreurs commises de part et d’autre dans cette affaire et attachons-nous aux conclusions qu’il convient d’en tirer. Dans Le Figaro du 11 mai 1982, c’est le vice-amiral Delahousse qui a été prié de donner son avis à ce sujet. Après avoir observé qu’il ne s’agit en rien d’une promenade militaire pour les Anglais, il insiste sur ce qui a permis à la Grande-Bretagne de conduire une telle opération à quelque 13 000 kilomètres de ses côtes :
« La Royal Navy a conservé contre vents et marées une capacité d’aviation embarquée modeste mais déterminante ; elle a développé résolument sa flotte de sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire (le SNA, sous-marin nucléaire d’attaque, capital ship des marines modernes) ; elle s’est dotée d’un soutien logistique mobile à sa mesure. En regard, l’armée de l’air française manque de l’allonge nécessaire à l’action extérieure. Quant à la Marine, le remplacement du Foch et du Clemenceau, décidé en 1980, apparaît moins assuré aujourd’hui ; le premier SNA d’une maigre série de 5, de faible tonnage de surcroît, entrera en service cette année seulement alors que les Britanniques en ont 14 opérationnels déjà ; la flotte de soutien logistique, enfin, est dans le rapport de 1 à 8 avec son homologue britannique. Un inquiétant déséquilibre existe dans notre appareil militaire entre la force nucléaire stratégique et l’ensemble des autres moyens de la défense. »
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