Institutions internationales - Solidarités et tensions atlantiques - La CEE dans la tempête - Discours sur le désarmement
Les opérations engagées par Israël au Liban ont introduit un nouveau facteur, très important, dans le problème du Moyen-Orient. Si l’attentat contre l’ambassadeur d’Israël à Londres a pu être le prétexte à l’intervention, celle-ci a pris très vite des dimensions qui dépassaient celles d’un raid de représailles. Son objectif était l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). Ceci a conduit le gouvernement israélien à faire avancer ses troupes jusqu’à Beyrouth, où se trouvaient plusieurs camps palestiniens, et jusqu’à la route Beyrouth-Damas, sans que les contingents de l’ONU aient eu l’intention ou la possibilité de s’y opposer.
Présente sur le territoire libanais, l’Armée syrienne a été engagée dans la lutte. Contraints d’assurer leur sécurité en frappant hors de leurs frontières, les Israéliens se sont ainsi heurtés à l’OLP et à la Syrie. On s’attendait à ce que la « solidarité arabe » se manifeste concrètement : elle n’a pas dépassé le stade des protestations verbales, et même ceux des États arabes qui avaient jusqu’alors pris le plus violemment parti pour l’OLP ont pratiquement abandonné Yasser Arafat et ses troupes. On s’attendait également à une réaction soviétique, ne fût-ce que parce que l’URSS est liée à la Syrie par un traité et qu’elle équipe son armée. Or l’URSS est restée discrète. Deux interprétations ont été avancées. Pour les uns, Moscou n’a pas voulu prendre le risque d’une nouvelle détérioration de ses relations avec Washington à la veille de la reprise des négociations sur la limitation des armements stratégiques. Pour les autres, les luttes de personnes qui se déroulent dans la perspective de la succession de M. Brejnev gênent considérablement la prise de décisions. Les deux interprétations ne sont pas contradictoires. Le Conseil de Sécurité, lui, est intervenu, mais sans résultat. Le 26 juin encore, les États-Unis ont mis leur veto à une proposition française en faveur d’un cessez-le-feu et de la neutralisation garantie de Beyrouth-Ouest, parce qu’elle ne prévoyait rien pour les armes des Palestiniens et pour l’État libanais lui-même. Fin juin, deux questions majeures étaient en suspens : le sort de l’OLP et l’avenir du Liban. C’est dans cette situation que sont intervenus la démission du secrétaire d’État Alexander Haig et son remplacement par M. George Shultz.
Solidarités et tensions atlantiques
La session ministérielle de printemps du Conseil atlantique, à Luxembourg en mai 1982, a été suivie, à Bonn les 10 et 11 juin, d’une session de ce Conseil à l’échelon des chefs d’État et de gouvernement, avec la participation, pour la première fois, de représentants de l’Espagne. Aucune décision n’a été prise, mais cette réunion n’en a pas été pour autant sans intérêt. En renouvelant solennellement la garantie américaine à la RFA (République fédérale d’Allemagne), le président Reagan a voulu rassurer l’opinion ouest-allemande. Il fut rejoint par M. Mauroy, qui demanda au Conseil « de raffermir dans l’opinion européenne la croyance dans l’efficacité de la garantie nucléaire américaine ». Cette réunion se termina par une « déclaration » qui voulait répondre aux différents courants (pacifisme, neutralisme, anti-américanisme) hostiles à l’Otan. Elle le fit sur trois fronts : tout d’abord en rappelant qu’aucune arme de l’Alliance « ne sera jamais utilisée autrement que pour répondre à une agression » ; ensuite en réclamant « des relations plus constructives entre l’Est et l’Ouest », et « une coopération mutuellement avantageuse ». Il s’agit dans les deux cas de rappeler que l’Otan n’est pas une machine de guerre, mais de défense, et que le fait d’améliorer cette défense n’est nullement incompatible avec la recherche du dialogue avec Moscou, de même d’ailleurs qu’avec Berlin-Est de la part de Bonn. Un paragraphe consacré au statut de l’ancienne capitale du Reich s’accompagne d’un éloge des relations interallemandes, assorti toutefois du vœu que « le peuple allemand puisse retrouver son unité par une libre autodétermination », qui n’est pas de nature à satisfaire la RDA (République démocratique allemande). Cette « Déclaration de Bonn » n’est pas un simple rite diplomatique. Les manifestations « pacifistes », neutralistes et antiaméricaines, les incertitudes sur la position de la Grèce, la supériorité des forces du Pacte de Varsovie sur celles de l’Otan, étaient autant de facteurs politiques qui se conjuguaient pour donner aux dirigeants de l’Alliance le sentiment que le temps était venu de réagir à ce que M. Mauroy a appelé « la crise de la dissuasion ».
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