Armée de terre - Les sous-officiers de l'Armée de terre
Le 26 février 1982, le ministre de la Défense, M. Charles Hernu, avait annoncé devant les membres du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM), son intention de se rendre à l’École nationale des sous-officiers d’active (Ensoa) afin de témoigner de l’estime et de la confiance dont il entoure le corps des sous-officiers de l’Armée de terre.
Cette visite a eu lieu le 12 juin 1982. Le ministre de la Défense, accompagné du général Delaunay, chef d’état-major de l’Armée de terre, s’est rendu à Saint-Maixent pour présider la cérémonie de remise des galons de sergent à la 100e promotion de l’Ensoa : la promotion « Major Berring ».
Cet événement donne l’occasion de dire quelques mots sur la mission de cette école et sur le profil des jeunes promotions qui en sont sorties.
L’Ensoa
L’Ensoa a été créée à Saint-Maixent en 1963 pour valoriser le corps des sous-officiers et améliorer le recrutement des personnels de ce corps. Après avoir cohabité pendant plusieurs années avec l’École d’application de l’infanterie, l’Ensoa est restée l’unique école militaire de la garnison de Saint-Maixent à partir de 1967. Depuis sa création, elle a instruit plus de 25 000 jeunes sous-officiers destinés à toutes les armes et tous les services de l’Armée de terre.
L’École assume une triple mission :
Elle forme les jeunes sous-officiers provenant de recrutement civil ou militaire en leur dispensant une instruction interarmes concrétisée par l’obtention du certificat militaire n° 1. Elle perfectionne les sous-officiers anciens en leur faisant bénéficier d’un cours par correspondance et d’un cours pratique de trois semaines qui leur permet d’obtenir le certificat militaire n° 2. Elle met sur pied une division dérivée à partir de ses propres ressources en cadres et élèves et d’éléments provenant d’autres écoles et de réservistes.
Le style de formation de l’école vise à former des sous-officiers :
– responsables d’eux-mêmes, de leurs personnels et de leurs matériels ;
– concernés par leur rôle et leur mission au sein d’une armée fondée sur le principe de la conscription ;
– exemplaires par leur rayonnement, leur compétence et la rigueur de leur comportement physique et moral ;
– convaincus que l’exercice de l’autorité passe par l’adhésion préalable à un style de commandement qui s’appuie sur la participation.
La promotion « Major Berring »
Cette promotion, la 100e depuis la création de l’École, a quitté Saint-Maixent le 15 juin 1982. Elle avait été constituée 9 mois plus tôt. Elle a été instruite en trois étapes, selon une progression qui a fait ses preuves et se perpétue. La première étape revient à former des caporaux, la seconde des chefs de groupe toutes armes ayant acquis des compétences supplémentaires en enseignement général, en conduite et en secourisme, enfin la troisième étape cherche à donner aux élèves une expérience concrète de la vie en corps de troupe. C’est la période pendant laquelle s’effectuent un stage d’un mois dans un régiment et un séjour dans un camp.
Lors de sa sortie, l’effectif de la promotion était de 331 sous-officiers, soit une quarantaine de moins qu’à la rentrée par suite de contrats dénoncés à l’issue d’une période de sélection complémentaire.
La moyenne d’âge à l’arrivée était de 19 ans et 1 mois, le plus jeune ayant 18 ans et le plus âgé 23 ans.
L’origine socioprofessionnelle des parents se répartissait ainsi :
– ouvriers : 93,
– fonctionnaires : 51,
– militaires : 81,
– professions libérales, cadres : 27,
– cultivateurs : 7,
– commerçants-artisans : 24,
– divers : 48.
Les motifs d’engagement montraient que les candidats avaient choisi d’entrer à l’Ensoa pour :
– faire carrière : 148,
– devenir ultérieurement officier : 124,
– acquérir une technicité : 20,
– rentrer dans la Gendarmerie : 1,
– des raisons sociales : 4,
– des motifs divers : 34.
Le niveau scolaire des candidats confirmait la tendance perçue ces dernières années d’une amélioration sensible de la qualité :
– DEUG : 1,
– BAC : 84, soit 1/4
– BEPC : 172,
– BEP : 9,
– CAP : 13,
– CEP : 3,
– BEPC + BEP : 37,
– sans diplôme : 12.
Parmi eux, 37 avaient démarré des études supérieures et 105 avaient été en classe de terminale. 118 avaient suivi une préparation militaire.
Le rôle et la place du sous-officier dans l’Armée
Le sous-officier occupe la fonction essentielle de cadre de contact et d’expert technique. Comme cadre de contact, il est placé à un point clé de la chaîne hiérarchique où il est l’intermédiaire indispensable entre les officiers et les militaires du rang. À ce niveau, il assure les fonctions d’instruction, d’encadrement et de préparation au combat. Par le contact permanent et direct avec la jeunesse qu’il commande, qu’il conseille et à qui il donne l’exemple de la discipline et du dévouement, il joue un rôle déterminant dans l’appréciation que les Français portent sur leur Armée.
Son second rôle est d’être un cadre technique dont la compétence assure l’efficacité des forces et l’aptitude opérationnelle des unités. Dans certains cas, ses fonctions techniques sont d’un type comparable à celles que l’on trouve dans l’industrie ; tel est le cas par exemple des spécialités exercées dans les transmissions, dans le domaine du matériel automobile ou dans celui de l’aéronautique.
Grâce à l’effort consenti dans les écoles et les centres d’instruction, mais aussi grâce à sa volonté personnelle de perfectionnement, le sous-officier se valorise tout au long de sa carrière et participe ainsi à la valeur des forces terrestres.
C’est bien dans ce rôle d’instructeur et d’éducateur qu’il faut replacer la fonction de sous-officier. À ce propos, le ministre de la Défense a notamment déclaré devant les sous-officiers présents à Saint-Maixent, le 12 juin 1982 :
« … Le sous-officier est d’abord l’instructeur et l’éducateur des 200 000 recrues de l’Armée ».
« À ce titre, il enseigne à nos jeunes soldats l’essentiel des savoir-faire indispensables ; il participe à leur entraînement physique et les initie à la discipline et à la vie en communauté. Parfois, il arrive qu’il doive former des combattants moins jeunes ou ayant fait des études plus poussées. Mais qui s’en étonnera ? De nos jours des responsables confirmés ne confient-ils pas à un jeune instructeur en pédagogie ou en informatique, ou encore à un moniteur de voile ou de ski, leur désir de progresser dans ces domaines ? Ainsi en va-t-il dans tout secteur d’activité, et notamment dans celui de la préparation au combat. »
« Le sous-officier est aussi, la plupart du temps, le spécialiste qui connaît le mieux le maniement et l’entretien de matériels de plus en plus sophistiqués, efficaces et coûteux. »
« C’est à lui qu’il appartient de communiquer non seulement sa connaissance, mais aussi de faire partager son attachement aux armes confiées par la République et son souci d’en voir tirer la plus grande efficacité. »
« Mais il est surtout le cadre grâce à qui nos unités sont des collectivités organisées, à même de remplir leurs missions. »
« La hiérarchie et la discipline, qui permettent de répartir les tâches et les responsabilités et d’en assurer l’exécution, se fondent plus que jamais sur la compétence et sur l’exemple. »
« Aujourd’hui, en effet, l’autorité ne saurait en aucun cas reposer sur la crainte ni la contrainte. Mais, inversement, elle saurait encore moins admettre un quelconque abandon sur la rigueur des devoirs ou sur l’exigence de la mission reçue. »
« Les jeunes soldats sont aujourd’hui des citoyens majeurs et entendent être traités comme tels – comme c’est normal. Cela rend votre rôle difficile comme l’est celui des enseignants qui se heurtent aux mêmes problèmes. Cela implique que les sous-officiers d’aujourd’hui et de demain aient une qualité toute particulière et qu’eux-mêmes participent au mouvement qui transforme notre jeunesse. Celle-ci semble, en outre, moins préparée qu’autrefois aux contraintes ou aux rudesses de la vie en collectivité ou en campagne. Vous devrez donc savoir d’autant mieux faire comprendre que l’apprentissage de la discipline et des techniques par chacun est indispensable non seulement à l’efficacité mais aussi, et j’y insiste, à la sécurité de tous. »
« Je pourrais résumer cela en disant quel doit être votre style de commandement : soyez exemplaires. En montrant l’exemple, vous ferez respecter votre grade, certes, mais aussi votre personnalité. C’est de même par l’exemple que vous donnerez à votre autorité une assise ferme et que vous susciterez l’adhésion, témoignage de votre réussite et gage de la valeur de vos unités. » ♦