Dans tous les pays socialistes, les transports sont la pierre d'achoppement de l'économie générale. Ils reposent pour l'essentiel (plus des deux tiers) sur la voie ferrée, encombrée et surchargée de matières pondéreuses. Cet état de fait explique le vif intérêt que montrent ces pays, et particulièrement l'Union soviétique, pour l'amélioration en cours du système fluvial du Danube dont ils sont tous riverains, sauf la Pologne. L'URSS, dont l'auteur a souligné dans de précédents articles les difficultés de transport (« La politique des transports en Union soviétique ») et les réalisations spécifiques (« Le canal des cinq mers »), entend bien tirer le maximum de bénéfices de nouvelles liaisons vers les mers libres.
Le Danube « fleuve des cinq mers »
En mai 1972, une flottille de canonnières soviétiques a fait une visite d’amitié en Roumanie avant de remonter le Danube jusqu’à Vienne. Une telle remontée du fleuve n’est pas exceptionnelle. Elle montre l’intérêt que l’U.R.S.S., et avec elle les pays du C.A.E.M. (1), portent à cette voie navigable qui permettra avant 1980, dès l’achèvement des travaux en cours, à des bateaux de 1 500 à 3 000 tonnes de port en lourd, de relier la Mer Noire à la Mer du Nord par le Main et le Rhin. Ultérieurement, mais avant l’an 2000, le Danube méritera pleinement le nom de « Fleuve des cinq mers » que lui donnent les experts tchécoslovaques. La réalisation du projet de canaux Danube - Oder - Elbe, des canaux yougoslaves et de la liaison, plus ambitieuse, du Rhin au Lac de Genève et au Rhône, permettra à des bateaux de 3.000 tonnes de gagner la Mer Noire, l’Adriatique ou la Méditerranée à partir de ports de la Baltique ou de la Mer du Nord en utilisant un système de voies navigables centré sur le Danube.
Dès à présent, surtout depuis l’achèvement des ouvrages des Portes de Fer, inaugurés officiellement le 16 mai 1972, le Danube, navigable près de onze mois sur douze, revêt une importance économique non négligeable pour l’U.R.S.S. et les pays du C.A.E.M. Des bateaux de 3 000 tonnes et des bâtiments légers de la Marine de guerre remontent aisément le Danube depuis la Mer Noire jusqu’à Regensbourg, en Allemagne Fédérale, sur un parcours de 2 500 kilomètres qui comporte seulement cinq écluses, très modernes d’ailleurs. La mise en service du canal Rhin - Main - Danube quadruplera le trafic sur le Danube qui atteindra ainsi presque le niveau du trafic de la Volga. Sur 3 500 kilomètres, de Rotterdam à Soulina sur la Mer Noire, les bateaux de huit pays riverains pourront relier les Mers du Nord et du Sud grâce au Danube, seul fleuve d’Europe à couler d’Ouest en Est. Ces améliorations du réseau fluvial profiteront à tous les pays mais particulièrement à la Yougoslavie et surtout à l’URSS.
Après un rappel historique et descriptif, nous esquisserons les perspectives ouvertes à l’emprise soviétique sur le système danubien du fait de l’évolution des capacités de transport en fonction des travaux en cours. L’URSS est en effet la principale utilisatrice du réseau fluvial, bien qu’elle fasse supporter l’essentiel de certaines dépenses par ses « partenaires » de la Commission internationale du Danube.
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