Afrique - Le Brésil et l'Afrique - Le sommet franco-africain de Kinshasa
En 1973, le Consul général du Brésil à Luanda ne cachait pas que son pays souhaitait devenir, après le repli du Portugal de ses possessions africaines, le frère aîné et le modèle de l’Angola et du Mozambique. Auparavant, le ministère des Affaires étrangères du gouvernement de Brasilia avait rendu visite à plusieurs pays de la côte occidentale du continent africain : il désirait définir avec eux les grandes lignes d’une politique de soutien des cours du cacao et du café, si possible aussi parvenir à un partage équitable de ce marché international, ce que les positions concurrentielles de ces pays, tous exportateurs, rendaient difficile. À cette époque, le régime, issu du coup d’État de 1964, prônait l’industrialisation du Brésil ; il n’avait pas encore 10 ans d’existence ; il cherchait à favoriser chez lui les investissements étrangers en présentant l’image de marque d’un pays qui bénéficiait d’une certaine aura internationale, pays qui serait donc capable d’offrir, en plus d’un marché intérieur important, des possibilités non négligeables d’exportation dans un Tiers-Monde enfin débarrassé des exclusivités ou préférences nées du phénomène colonial.
Au début des années 1970, la crise du pétrole commençait à accentuer les déficits commerciaux de ceux des États non producteurs que leur volonté de développement rendait assoiffés d’énergie. Le Brésil, placé devant une telle nécessité par la pression de sa démographie, dut pratiquer une politique de limitation rigoureuse des importations, puisque ses exportations agricoles ne pouvaient plus que stagner et que son industrie n’était pas encore en mesure de compenser l’augmentation des importations de produits énergétiques. Cette attitude favorisa l’implantation de capitaux multinationaux et accéléra l’industrialisation. Faute de pouvoir importer, les sociétés étrangères, pour continuer à bénéficier du marché intérieur brésilien, fabriquèrent sur place les produits de consommation courante ; elles incitèrent le gouvernement à consolider la zone d’expansion, que le Brésil avait esquissée sur le plan politique, par l’ouverture de relations commerciales avec des pays dont certains avaient été jusqu’alors ses concurrents dans le domaine agricole.
La situation en 1982 est bien différente. Le Brésil a maintenant la capacité d’exporter les produits de son industrie. En 1981, le café ne comptait plus que pour 8 % dans ses exportations, le cacao pour 3 %, et les biens manufacturés atteignaient 53 % des 24 milliards de dollars (10,2 % du PNB) représentant la valeur de ses exportations. Ce dernier pourcentage sera même dépassé en 1982 si l’on en croit les résultats du premier semestre.
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