Armée de terre - Le budget de l'Armée de terre en 1983
La Défense
Budget de transition entre deux lois de programmation, celle ayant concerné les années 1977 à 1982 et celle devant couvrir la période 1984-1988, le budget de la Défense pour 1983 s’inscrit dans le cadre général de la rigueur budgétaire décidée par le gouvernement.
S’élevant, hors pensions, à 133.222 milliards (Mds) de francs en crédits de paiement, ce budget est en progression de 8.44 % par rapport à 1982. Représentant, comme en 1982, 3.895 % du Produit intérieur brut marchand (PIBm) prévisionnel, il maintient le niveau élevé des ressources allouées à la Défense, niveau très supérieur à celui consenti par d’autres pays alliés dont l’organisation militaire repose également sur la conscription :
Pourcentage par rapport au produit intérieur brut, les dépenses de Défense en 1983,
calculées en structure budgétaire Otan (1)
Royaume-Uni : 5,4
France : 4,2
RFA : 3,3
Belgique : 3.3
Pays-Bas : 3,1
Italie : 2,6
(1) Cette structure prend en compte les pensions et exclut les dépenses imputées à la gendarmerie départementale.
Globalement, ce budget donne la priorité à la poursuite du développement des forces nucléaires. Avec la création de 1 000 emplois de gendarmes d’activé qui s’ajoutent à plus de 3 000 postes supplémentaires de gendarmes auxiliaires, le budget met l’accent sur l’amélioration de la sécurité de la population. Enfin, les ressources consacrées aux activités devraient permettre le maintien du niveau d’entraînement des forces, si le prix du pétrole n’augmente pas.
L’Armée de terre
Avec près de 36 Mds de francs en crédits de paiement, l’Armée de terre reçoit 26,9 % du total des crédits accordés à la Défense. Cette part est légèrement supérieure à celle qui lui avait été attribuée en 1982. Les autorisations de programme, Titre III et Titre V réunis, s’élèvent à 21,5 Mds.
L’évolution des dotations par rapport au budget précédent est la suivante :
TITRE III |
Autorisations de programme |
+ 5.6 % |
Crédits de paiement |
+ 9,9 % |
|
TITRE V |
Autorisations de programme |
+ 7.9 % |
Crédits de paiement |
+ 7,7 % |
La suppression de près de 3 000 postes de militaires appelés, au profit de la gendarmerie, entraîne vers celle-ci des mesures de transferts budgétaires d’un montant total de l’ordre de 35 millions de francs portants essentiellement sur les soldes, l’alimentation et le fonctionnement.
La répartition des crédits, où le Titre III représente près de 59 % et le Titre V 41 %, peut être schématisée comme suit :
Titre III
Plus de 68 % des ressources de ce Titre sont consacrées aux rémunérations et aux charges sociales. Le maintien du pouvoir d’achat des personnels est assuré ainsi que la poursuite de la hiérarchisation du prêt des appelés afin d’inciter ceux-ci à exercer les responsabilités. Au 1er juillet 1983, les soldes des appelés seront relevées dans les proportions suivantes :
Aspirant : + 15,7 %
Sergent : + 30,2 %
Caporal-chef : + 24,2 %
Caporal : + 24,1 %
Soldat de 1re classe : + 14,3 %
Soldat : + 8,7 %
L’augmentation de la prime d’alimentation, l’accroissement du taux d’activité, par le passage de 47 à 50 jours de sortie avec matériels majeurs, et la progression de près de 11 % des crédits consacrés à l’entretien programmé des matériels ne sont rendus possibles que par une sévère pesée sur les dépenses prévues dans les domaines de la vie courante des unités, du soutien général et de l’entretien des immeubles.
Les possibilités liées aux crédits du Titre III resteront très sensibles à l’évolution des hausses de prix au cours de l’année 1983. Par exemple, le taux d’activité des forces retenu comme objectif, 50 jours, implique la non-augmentation du prix des carburants.
Titre V
Avec plus de 21 Mds d’autorisations de programme, le Titre V est en augmentation de 7,9 % par rapport à 1982.
Malgré la perte de pouvoir d’achat qui affecte ce titre, puisque la hausse des prix retenue dans le calcul du PIBm prévisionnel s’élève à 8,5 %, un effort important a été prononcé au profit des études d’armement. Les études « amont » notamment, qui représentent plus d’un tiers de l’ensemble des crédits « études », sont en progression de près de 21 % par rapport à 1982. Les crédits pour les développements sont consacrés essentiellement à l’engin principal de combat et à ses munitions, à l’hélicoptère armé futur et au missile sol-air très courte portée.
Dans le domaine des fabrications d’armement, les commandes concernant les programmes majeurs sont les suivantes :
Matériel |
Commande 1983 |
Matériel |
Commande 1983 |
AMX-30 (reconstruction) |
73 |
Mortier de 120 mm (MO 120 RT) |
35 |
AMX-10 RC |
44 |
Peugeot P4 |
800 |
Canon de 155 mm AU-F1 |
26 |
Camionnettes Renault TRM-2000 |
1 000 |
Roland |
15 |
VLRA (Véhicule léger de reconnaissance et d’appui) |
40 |
Hélicoptère SA 342-SA 341 |
19 |
Camions Renault TRM-4000 |
1 000 |
VAB-VAB HOT (Véhicule de l’avant blindé antichar équipé de missiles HOT) |
225 |
Milan (Missile léger antichar) |
40 |
Famas |
20 000 |
AMX-10P VOA (Véhicule d’observation d’artillerie) |
43 |
Les dépenses relatives aux munitions et missiles représentent près de 18 % du Titre V et sont en progression de 10,5 % par rapport à 1982. L’effort porte surtout sur les munitions d’artillerie et sur les missiles HOT (Haut subsonique optiquement téléguidée), Milan et Roland.
L’infrastructure, par contre, ne voit ses ressources augmenter que de 6,5 % par rapport à l’année dernière. La priorité est donnée à la protection des zones militaires sensibles. Un programme de casernement neuf sera lancé à Castelnaudary alors que se poursuivront ceux de Gap et de Draguignan ainsi que la remise à hauteur des camps nationaux.
Budget de reconduction au Titre III, le budget 1983 de l’Armée de terre permet la poursuite de la hiérarchisation du prêt des appelés, sauvegarde la vie courante des unités et offre la possibilité d’améliorer le niveau d’entraînement des forces. Il reste cependant très vulnérable à tout dérapage des hausses de prix.
Budget de transition au Titre V, il prépare l’avenir en donnant la priorité aux études d’armement. Il ouvre ainsi, à sa mesure, la voie à la prochaine loi de planification militaire. ♦