Faits et dires
* 1983 verra, sur le sol de l’Europe, les deux superpuissances s’arranger ou se surarmer. Je m’en tiens à cette règle d’or : l’équilibre des forces dans le monde et en Europe est la plus sûre invitation à la sagesse… Quoi qu’il en soit, nous ne laisserons à personne le soin d’assurer à notre place notre sécurité et notre indépendance. Aussi, ai-je donné l’ordre, toute politique est un choix, de renforcer nos moyens de dissuasion sur lesquels repose la défense du pays.
Président François Mitterrand,
message de fin d’année, 31 décembre 1982
* Les propositions énoncées par Youri Andropov à l’occasion du 60e anniversaire de l’Union soviétique :
Un accord honnête fondé sur le maintien de la parité, l’URSS étant disposée à réduire ses armements stratégiques de plus de 25 % à condition que les États-Unis acceptent d’en faire autant.
L’URSS propose en outre, de geler les arsenaux stratégiques des deux parties tant que les négociations se poursuivent. D’autre part l’URSS est prête à ne conserver en Europe qu’un nombre de missiles égal à celui dont disposent la Grande-Bretagne et la France.
Une entente sur ces bases pourrait devenir le point de départ d’une réduction réciproque encore plus importante, l’URSS proposant de réduire substantiellement la quantité des charges nucléaires et de limiter au maximum le perfectionnement de l’arme nucléaire… Si les États-Unis refusent un accord, nous serons obligés de répondre au défi de la partie américaine par le déploiement de nos systèmes d’armes appropriés, au MX par notre missile analogue et au missile de croisière américain par notre missile de croisière de grande portée qui est actuellement à l’essai.
Moscou, 21 décembre 1982
* Les réactions à ces suggestions soviétiques :
Le département d’État américain : Nous ne pouvons permettre aux Soviétiques d’assurer leur supériorité sur nous sous prétexte que les Britanniques et les Français maintiennent leurs propres forces nationales de dissuasion. Nous ne pouvons accepter non plus qu’une limitation de la force nucléaire intermédiaire s’applique uniquement en Europe. Cela permettrait aux Soviétiques de menacer nos amis asiatiques et de maintenir en même temps une force extrêmement mobile qui pourrait être déplacée à n’importe quel moment pour menacer l’Otan (aucune réaction en ce qui concerne les systèmes centraux).
En France : La France n’est pas concernée. Les pacifistes savent maintenant clairement grâce à M. Andropov que la course aux armements n’est pas de notre fait. Les super-grands doivent désarmer… La France est défendue, mais elle a besoin de tout ce qu’elle a, et même un peu plus, non pour attaquer mais se défendre. L’URSS et les États-Unis ont ce qu’ils ont, et même un peu trop, quoiqu’en déséquilibre.
M. Charles Hernu, 22 décembre 1982
* Le moyen que propose M. Andropov est de faire entrer en jeu des armes qui sont de nature différente… Les fusées françaises ne relèvent pas du système de l’Alliance atlantique, nous sommes indépendants. M. Andropov souhaite-t-il que nous nous intégrions dans l’Otan ? Que le jeu de nos missiles dépende d’un commandement américain ?
M. Claude Chesson, 21 décembre 1982
* L’Europe de l’Ouest se trouve aujourd’hui face à une alternative extrêmement importante : ou bien elle laissera Washington l’entraîner dans la voie fatale de l’affrontement avec le monde socialiste, ou bien elle comprendra son rôle historique et ses responsabilités et elle s’engagera alors dans la seule voie sensée, celle du renforcement de la détente et d’une coopération pacifique, bénéfique à toutes les parties.
Agence Tass, 25 décembre 1982
* En Allemagne fédérale : La RFA maintient avec ses amis occidentaux son offre de renoncer à déployer des armes nucléaires eurostratégiques si l’Union soviétique consent à mettre à la ferraille ses fusées eurostratégiques déjà déployées sur son territoire.
Chancelier H. Kohl, 25 décembre 1982
* En Grande-Bretagne : Il ne semble pas que l’offre soviétique, si elle était appliquée, maintiendrait l’équilibre essentiel des forces nécessaires à la sécurité de la Grande-Bretagne.
Mme Tatcher, 21 décembre 1982
* Au siège de l’Otan : L’Otan répondra de façon positive à toutes les occasions, toutes les suggestions pour une meilleure compréhension avec l’Union soviétique sur la base de la réciprocité.
M. Joseph Luns
Le département américain à la Défense a annoncé le 8 décembre 1982 la mise sur pied d’un nouveau commandement central, le CENTCOM (United States Central Command), pour la sauvegarde des intérêts américains dans la région du Golfe, de l’océan Indien et du Proche-Orient. Cette nouvelle structure servira mieux les intérêts américains et les préoccupations des États amis tout en montrant que les États-Unis sont déterminés à venir à leur secours. Ce nouveau commandement central serait installé à la base aérienne de MacDill, à Tampa en Floride où est stationnée une partie de la force à déploiement rapide.
Les États-Unis ne déplaceraient leur haut-commandement en Europe, EUCOM (Commandement des forces des États-Unis en Europe), actuellement basé à Stuttgart, vers la Grande-Bretagne que dans le cas où des hostilités seraient déclenchées. Mises au point du porte-parole de l’Armée américaine après les révélations faites à ce sujet par le journal britannique, The Guardian. Auparavant l’information avait été simplement démentie par le secrétaire d’État, George P. Shultz. ♦