Revue des revues
• Dans son numéro de février 1983, la revue scientifique La Recherche publie un intéressant article du professeur Yves Rocard sur « la naissance de la bombe atomique française ».
Conseiller scientifique de la Marine pendant et après la guerre, M. Yves Rocard a été amené à s’intéresser à une réaction de fusion avec du deutérium et du lithium, ce dernier corps permettant de passer de l’échelle des étoiles où la réaction est deutérium-deutérium, à l’échelle humaine. Il en était bien évidemment resté à un plan strictement théorique quand les Américains et les Soviétiques firent exploser leurs premières armes thermonucléaires. Pendant ce temps, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) voyait le jour en France, avec Raoul Dautry et Joliot-Curie, pour aboutir à la pile Zoé. Des problèmes politiques conduisent d’ailleurs au remplacement de Joliot-Curie par Francis Perrin, d’autres savants bien connus, Kowarski, Guéron, Goldschmidt, participant alors aux travaux du CEA.
Le professeur Rocard nous montre ensuite comment, au début de 1951, il propose de construire une pile de 100 mégawatts qui permettrait d’avoir du plutonium, « à toutes fins utiles », Goldschmidt révèle l’existence chez Péchiney d’un graphite qui peut jouer le rôle de ralentisseur pour cette pile. M. Pierre Guillaumat, ayant remplacé M. Raoul Dautry décédé en 1951, décide de lancer un programme de centrales, de sous-marins à propulsion nucléaire et de bombes. M. Yves Rocard, alors chef des recherches scientifiques de la marine, est bien placé pour s’en occuper, avec d’ailleurs l’encouragement de personnalités politiques alors au pouvoir. MM. Mendès-France et Guy Mollet en particulier. M. Félix Gaillard signe l’ordre d’aller jusqu’à l’explosion d’une bombe : le professeur Rocard décrit le rôle joué par le général Charles Ailleret et le sien propre, ainsi que les difficultés rencontrées à cette époque et la naissance du bureau des études générales au sein du CEA, avec le général Albert Buchalet.
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