Afrique - Naissance de la Sénégambie dans l'instabilité de ses composantes - Au Nigeria : les bannis de la crise
Le premier Conseil des ministres de la Sénégambie s’est réuni à Dakar le 12 janvier 1983 sous la présidence de M. Abdou Diouf, président du Sénégal. Le vice-président de la Confédération est Sir Dawda Jawara, président de la Gambie. Créée par un pacte signé à Dakar le 17 septembre 1981 et entrée officiellement en vigueur le 1er février 1982, la nouvelle Confédération a fait l’objet de nombreux protocoles et accords, dont le plus important, ratifié par l’Assemblée nationale sénégalaise en juillet 1982 et par le Parlement gambien en août de la même année. Il fixe les institutions de la Sénégambie, notamment le partage des responsabilités entre les pouvoirs nationaux et les autorités confédérales, ainsi que la composition de l’Assemblée confédérale qui comprendra 60 députés (20 choisis par les membres du Parlement gambien ; 40 choisis parmi les membres de l’Assemblée sénégalaise). La politique étrangère sera conçue par le gouvernement confédéral et exécutée sous l’autorité de son président. En revanche, chaque État gardera la responsabilité des affaires intérieures à l’exception de la sécurité et de la défense : un accord prévoit que les forces de défense sont placées sous le commandement du président de la Confédération ; elles sont d’ailleurs constituées essentiellement, pour l’instant, par des unités sénégalaises, les field forces et la police gambienne, désorganisées par la tentative de coup d’État survenu en juillet 1981, étant en cours de refonte et d’intégration dans les structures de sécurité et de défense de la Sénégambie. Depuis septembre 1981, un officier sénégalais occupe d’ailleurs le poste de Secrétaire adjoint du comité sénégalo-gambien chargé des opérations de défense et de sécurité, poste qui avait été prévu par les accords conclus dès février 1965 entre Dakar et Banjul (ex-Bathurst) mais qui n’avait jamais été occupé bien qu’il représentât l’élément permanent de ce comité.
La réunion de ce premier Conseil des ministres de la confédération sénégambienne est intervenue à l’époque fixée par les traités, époque dont on ne pouvait savoir à l’avance qu’elle se caractériserait par une situation politique assez trouble. En effet, du côté gambien, on peut dire que seule une succession d’événements malheureux a contraint le gouvernement à conclure une association qui n’a jamais été souhaitée par la majorité du parti au pouvoir et qui la prive d’une partie de son autorité ; du côté sénégalais, l’événement coïncide avec des manifestations de l’irrédentisme casamançais, par conséquent une menace de sécession d’une partie du territoire sénégalais, et se place en pleine période de campagne électorale puisqu’en février 1983 les Sénégalais auront à élire un président de la République et les membres de leur Assemblée. Par ailleurs, les opposants gambiens et les indépendantistes de Casamance profitent des luttes que se livrent, à l’intérieur du PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert) des tendances rivales pour trouver en Guinée-Bissau certaines complicités actives.
Le coup d’État du 14 novembre 1980 a libéré la Guinée continentale de l’emprise des métis cap-verdiens. Il a donc eu pour conséquence de priver l’administration de ce pays de ses cadres les plus efficaces. Ces personnels, utilisés auparavant par les Portugais, avaient fourni à M. Amilcar Cabrai, père du PAIGC, l’encadrement du parti et de l’Armée qui, sur le continent ont combattu les forces portugaises afin de libérer à la fois la Guinée et les îles. En raison de ce double objectif et étant donné l’origine des dirigeants du parti au pouvoir, un régime paradoxal a été installé, lors de leur indépendance, dans les deux territoires. Deux États autonomes ont été constitués respectivement sur le continent et dans les îles, mais ces deux États ont été placés sous l’autorité du même parti unique, le PAIGC, dont le secrétaire général était encore, lors du coup d’État de 1980, M. Aristides Pereira, président des îles du Cap-Vert. Le général João Bernardo Vieira s’est attribué cette fonction pour la Guinée-Bissau : il est en même temps chef de l’État et ministre de l’Intérieur, de la Défense et des Anciens combattants, après avoir été le Premier ministre de M. Luis Cabrai. Celui-ci, frère d’Amilcar Cabrai, assassiné à Conakry en janvier 1973, a été éliminé lors du coup d’État. D’abord arrêté, il a été expulsé, fin 1981, et vit depuis lors à Cuba.
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