Faits et dires
* Il faut que la guerre demeure impossible et que ceux qui y songeraient en soient dissuadés. L’arme nucléaire, instrument de cette dissuasion, qu’on le souhaite ou qu’on le déplore, demeure la garantie de la paix dès lors qu’existe l’équilibre des forces… Mais le maintien de cet équilibre implique à mes yeux que des régions entières d’Europe occidentale ne soient pas dépourvues de parade, face à des armes nucléaires spécifiquement dirigées contre elles. Quiconque ferait le pari sur le découplage entre le continent européen et le continent américain mettrait, selon nous, en cause l’équilibre des forces et donc le maintien de la paix.
Président François Mitterrand,
devant le Bundestag,
20 janvier 1983
* La force nucléaire française est et demeurera indépendante. Cette indépendance, avec tout ce qui en découle, n’est pas seulement un principe essentiel de notre souveraineté… elle accroît également l’incertitude pour un agresseur éventuel et seulement pour lui. Elle rend du coup plus effective la dissuasion et par là même assure l’impossibilité de la guerre. C’est pour ces raisons précises et sérieuses que j’affirme que les forces françaises ne peuvent être prises en compte dans les négociations de Genève par les deux puissances surarmées.
Président Mitterrand, Ibidem.
* Le gouvernement de la RFA partage la conception du président français selon laquelle l’équilibre militaire et l’étroite imbrication de la défense de l’Europe occidentale et des États-Unis sont des conditions indispensables à la paix et à notre liberté.
Chancelier Helmut Kohl, Bonn,
21 janvier 1983
* La France ne vise pas à attaquer qui que ce soit et sa politique se veut exclusivement dissuasive. Elle n’a donc pas besoin d’un nombre sans cesse croissant d’armes nucléaires. Il suffit que ses moyens permettent d’atteindre le seuil dissuasif : c’est la règle de la suffisance crédible.
M. Charles Hernu, au plateau d’Albion,
le 28 janvier 1983
* Les Soviétiques exigent en permanence la supériorité nucléaire stratégique. Plus ils surarment, plus ils disent qu’ils veulent la paix et en Europe cette propagande a l’air de prendre sur certains peuples.
M. Charles Hernu, Washington,
le 18 janvier 1983
* Les États-membres du Pacte de Varsovie proposent aux pays de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord de conclure un accord réciproque de non-recours à la force militaire et de sauvegarde des relations pacifiques. Le point central de l’accord serait l’engagement réciproque des États-membres des deux alliances de ne pas utiliser les premiers les armes nucléaires ou conventionnelles entre eux et donc de n’utiliser aucune force militaire en premier… Il serait juste d’inclure dans l’accord une clause concernant un engagement similaire de non-utilisation de la force par les États-membres des deux alliances à rencontre de pays tiers…
Déclaration des 7 pays du Pacte de Varsovie,
Prague, le 5 janvier 1983
* La même déclaration propose en outre : une élimination de toutes les armes nucléaires d’Europe. La création de zones dénucléarisées en Europe du nord et dans les Balkans. La liquidation des bases à l’étranger.
* Nos alliés peuvent être assurés que les États-Unis défendront l’Europe à tout prix et que nous ne négligerons aucun effort pour arriver à un accord loyal et raisonnable qui atténuera la menace soviétique. C’est dans cet esprit que j’ai demandé au vice-président Bush de faire la proposition suivante au secrétaire général soviétique Andropov : que lui et moi nous nous rencontrions, où et quand il le voudra, pour signer un accord qui garantisse que toutes les armes nucléaires de moyenne portée, américaines et soviétiques, basées au sol, disparaissent de cette planète.
Ronald Reagan : lettre ouverte aux Européens,
le 31 janvier 1983
* Il ne peut être question pour l’Ouest de concéder aux Soviétiques un monopole permanent des missiles nucléaires à portée intermédiaire sans permettre à l’Otan de déployer des systèmes comparables pour dissuader la menace.
Vice-président George Bush à Berlin-Ouest,
le 31 janvier 1983
* Du moment que le président des États-Unis pose comme condition d’une rencontre l’acceptation par l’Union soviétique d’une solution au problème des armements nucléaires en Europe a priori inacceptable, cela ne témoigne pas, tant s’en faut, d’une approche sérieuse de ce problème de la part de la direction américaine. On ne peut que le regretter. Il n’y a rien de nouveau dans la proposition de M. Reagan. Les États-Unis ne veulent pas rechercher une entente mutuellement acceptable avec l’Union soviétique et vouent, par là même les négociations de Genève à l’échec… L’Union soviétique n’acceptera pas un désarmement unilatéral et si l’on va jusqu’à déployer de nouveaux missiles américains en Europe, nous y répondrons de manière appropriée.
Youri Andropov, à la Pravda,
le 2 février 1983
* Moscou ne peut pas ignorer le fait que la RFA est le seul État européen où le déploiement des fusées Pershing II est prévu. Si l’option zéro était mise en application, l’Alliance atlantique aurait deux fois plus de vecteurs et trois fois plus de têtes atomiques que l’URSS… Nous ne demandons pas la réduction des forces de frappe nucléaires française et britannique : toutefois, elles existent, et on ne peut pas les ignorer parce que la France et la Grande-Bretagne font partie de l’Alliance occidentale.
Andreï Gromyko, Bonn,
le 18 janvier 1983
* En cas d’échec à Genève l’équilibre entre les deux organisations militaires sera garanti de toute façon mais à un niveau plus élevé que maintenant.
Andreï Gromyko, Ibidem.
* Le Japon tout entier devrait être comme un porte-avions insubmersible constituant un barrage contre l’infiltration des bombardiers Backfire. Le Japon doit assurer un contrôle complet des détroits qui séparent les îles de l’archipel. Enfin, notre désir est d’assurer la défense des routes maritimes entre Guam et Tokyo et entre le détroit de Taïwan et Osaka.
Le Premier ministre nippon,
Yasuhiro Nakasone,
à Washington, le 19 janvier 1983