Institutions internationales - Nouvelles inquiétudes en Méditerranée orientale - L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en quête d'une nouvelle stratégie - L'incertitude pétrolière
Aucun événement nouveau n’a marqué le mois de février 1983, et pourtant la situation a évolué sérieusement dans certains des secteurs où les tensions demeurent préoccupantes. On savait que la commission d’enquête israélienne sur les massacres de Chabra et Chatila (septembre 1982) serait sévère pour certaines personnalités : M. Menahem Begin a tenu compte des conclusions de son rapport, mais si le général Ariel Sharon a dû renoncer à son poste de ministre de la Défense, il n’a pas quitté le gouvernement, et il demeure étroitement associé à la politique de sécurité.
Pendant ce temps, lors de son séjour à Amman, M. Claude Cheysson rappelait qu’un accord sur l’évacuation du Liban demeure prioritaire. Mais cette évacuation reste aléatoire tant qu’Israël s’estime menacé et que la Syrie maintient certaines de ses troupes dans la Bekaa (où seraient revenus plusieurs groupes armés de l’OLP). Entre une OLP (Organisation de libération de la Palestine) qui n’accepte pas d’évoluer au nom du refus de « concessions unilatérales » et un Israël qui ne veut pas renoncer à ce qu’il considère comme les exigences élémentaires de sa sécurité, on voit mal sur quelle base le dialogue pourrait s’engager. La réunion à Alger du Conseil national palestinien n’a pas vraiment ouvert de perspectives nouvelles : certes, l’OLP proclame qu’elle ne se propose pas de détruire « un État de la région », mais elle ne modifie pas sa charte, qui prévoit l’élimination de l’État d’Israël. Pendant ce temps encore, la guerre irano-irakienne se poursuit, l’URSS ne manifeste pas son intention de mettre fin à son intervention en Afghanistan, des millions d’étrangers sont expulsés du Nigeria, la guérilla se poursuit en Amérique centrale, des milliers d’hommes sont assassinés en Assam, les communiqués officiels ne dissipent pas certaines interprétations des conditions dans lesquelles est mort le général Ahmed Dlimi, etc. Les discussions se poursuivaient à propos des euromissiles, et après le voyage du vice-président américain George Herbert W. Bush en Europe, les positions paraissaient figées, l’URSS s’obstinant à vouloir inclure les forces nucléaires britanniques et françaises dans les négociations. Le 8 février 1983 on apprenait que l’URSS pourrait, dans un avenir pas très lointain, déployer un missile de croisière d’une portée de 3 000 km, alors que dans le protocole de SALT II (Strategic Arms limitation Talks), elle s’opposait à ceux de ces engins d’une portée supérieure à 600 km. Le 15 février 1983, le Pentagone a annoncé la prochaine mise en chantier d’un nouveau missile de croisière « invisible », c’est-à-dire échappant aux systèmes de détection, qui remplacerait les missiles actuels. Ceci ne peut que compliquer les négociations dont les résultats conditionnent la décision à propos des euromissiles.
Nouvelles inquiétudes en Méditerranée orientale
Le séjour à Athènes, du 21 au 25 février 1983, du Premier ministre soviétique, M. Nikolaï Tikhonov, est considéré dans les milieux diplomatiques occidentaux comme annonçant une relance de la coopération entre les deux pays, ce qui pose une nouvelle fois le problème des Détroits. Tirant argument de la crise économique qui affecte la Grèce, le gouvernement soviétique propose l’ouverture du marché russe à certains produits grecs, notamment ceux de l’agriculture et de l’industrie vestimentaire, ainsi que le financement d’importants travaux dans l’industrie lourde, plus particulièrement dans l’armement naval. Mais le voyage de M. Tikhonov a été avant tout politique. On avait déjà remarqué que M. Andréas Papandreou avait refusé de s’associer aux autres membres de la CEE (Communauté économique européenne) lorsque ceux-ci avaient critiqué le rôle de l’URSS dans la crise polonaise, et qu’il avait été le seul dirigeant d’un pays membre de l’Alliance atlantique à accueillir favorablement la proposition d’un « pacte de non-agression » présentée par le Pacte de Varsovie. En fait, Athènes attend de l’URSS un appui plus affirmé dans l’affaire de Chypre (depuis l’invasion turque de juillet 1974) et dans le problème de ses relations avec la Turquie. Le 6 février 1983, dans une lettre au président Reagan, M. Papandreou s’inquiétait d’un possible déséquilibre des forces en faveur de la Turquie. Le gouvernement d’Athènes pose deux conditions à cet équilibre : d’une part la reconnaissance de l’aide économique américaine sur la base de sept pour la Grèce et de dix pour la Turquie, d’autre part des fonds pour ses forces militaires et une aide militaire fournie gratuitement. Or la Grèce devrait, en 1984, recevoir 280 millions de dollars, alors que la Turquie en recevrait plus d’un milliard.
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